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SENEGAL-ECONOMIE: Le secteur du tourisme en chute libre

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SENEGAL-ECONOMIE: Le secteur du tourisme en chute libre

DAKAR , 20 août (IPS) - Après un essor considérable dans le passé, le tourisme au Sénégal est en chute libre. Selon les statistiques, ce pays qui accueillait à lui seul neuf millions de touristes par an, dans les années 1970, n’en reçoit plus que 450.000 aujourd’hui.

«Depuis plus de huit ans, les touristes ne viennent plus au Sénégal», déclare Thierno Benjamin Gueye, le responsable de l'auberge "L'Africain" à Saly où IPS s’est rendu, à environ 60 kilomètres de Dakar. Presque tous les touristes et gérants d’hôtels rencontrés dans cette petite ville touristique communément appelée "la petite côte", ont reconnu que le tourisme au Sénégal est en régression.

En été 2000, Gueye avait dans son auberge 58 lits pour 56 chambres, et le tout était occupé (de juin à octobre). Son chiffre d’affaire s’élevait à plus de 750 millions de francs CFA. Mais en en été 2009, il n'a pas encore fait une recette de cinq millions FCFA. Entre 2000 et 2009, le nombre de visiteurs enregistrés au Sénégal est descendu de plus d’un million à 800.000; et les prévisions pour 2009 sont très mauvaises.

Cette baisse de performance inquiète certains acteurs qui en recherchent les causes. Le secteur est frappé par une mauvaise gouvernance et la déperdition des valeurs culturelles, dénonce le Syndicat patronal de l’industrie hôtelière du Sénégal (SPIHS).

Le coût de vie élevé dans les lieux attractifs du tourisme sénégalais contribuerait aussi à la chute. "Rien ne marche plus comme avant. Les touristes fuient le Sénégal, tout est trop cher", déclare Gueye.

«Imaginez-vous qu’une chambre d’hôtel soit louée jusqu’à 500.000 francs CFA par mois, qu’un paquet de cigarette soit vendu à 1.000 FCFA et une tasse de café à 2.000 FCFA. Comment un touriste peut-il s’en sortir avec la conjoncture actuelle que nous vivons», confie Charles Gertel, un touriste logeant dans l’auberge Hacienda.

Gertel estime que la destination Sénégal coûte trop cher aux touristes qui préfèrent donc aller dans les pays comme le Bénin où le billet d’avion et les hôtels sont moins chers. Pour lui, la concurrence est rude sur le marché du tourisme et pour une grande partie des touristes, elle se joue sur le prix.

Selon Sy, président du SPIHS, le gouvernement fait tout pour augmenter le prix de cette destination en faisant grimper les taxes de l’aéroport à 80 euros. «Quel est le touriste qui acceptera de payer autant pour venir plonger les pieds dans l’eau, sous un soleil qui brille aussi bien à Casablanca au Maroc, ou à Monastir en Tunisie pour beaucoup moins?», se demande-t-il.

«Continuer à maintenir vos taxes sur les billets d’avion», renchérit Gertel, en ironisant.

Avec la baisse de la TVA, la destination Sénégal devrait être moins coûteuse. Un projet de réduction de la TVA de 18 pour cent à 10 pour cent est prévu pour répondre au problème du secteur du tourisme mais il n’est pas encore mis en œuvre. Racine Sy, ne comprend pas pourquoi. «Je pense que ce projet dort dans les tiroirs du gouvernement comme d’autres visant à développer les activités du tourisme».

Abdoulaye Kane, guide touristique pense que si le secteur touristique n’est plus productif, c’est parce que le Sénégal n’a plus de culture à faire valoir. «Chaque année, c’est la même chose; sur le plan culturel, on n’innove pas; c’est toujours le tambour Djembé qu’on joue; on visite la même chose; rien n’attire plus ici à Saly. Notre pays n’a plus rien à faire valoir dans le domaine de la culture».

Selon Abdoulaye Deme, marketeur en économie touristique, les causes du déclin du tourisme au Sénégal sont profondes. Selon lui, la majeure partie du territoire n’est pas accessible; or les séjours touristiques sont courts, de l’ordre d’une semaine, ce qui déjà élimine quelques régions potentiellement touristiques.

«Il faut des heures de route interminables pour sortir de Dakar. A cela s’ajoute l’insécurité urbaine en hausse constante et l’insécurité économique. Le tourisme ne peut se développer dans ce désordre», explique-t-il un peu énervé.

Deme ajoute que le tourisme avait entraîné en 2000, la création de 12.000 emplois directs et 18.000 indirects, mais suite au coût élevé des taxes et au non professionnalisme du ministère de tutelle, la perte d’emploi touristique entre 2001 et 2007 dépasse 50 pour cent.

«Le secteur artisanal est hypertrophié chez les opérateurs dans l’offre d’hébergement. Un déficit en matière de formation, de connaissance des marchés, une utilisation d’une stratégie d’offre plus qu’une mise en œuvre d’un logique marketing et une concentration saisonnière des activités plombent le secteur touristique», dit-il, concluant son diagnostic.

Dans un contexte aussi structuré, recommande Deme, il faudrait que les autorités prennent plus au sérieux l’industrie du tourisme qui s’appuie nécessairement sur les privés pour son développement. Car pour le moment, affirme Gueye, «le gouvernement n'a pas une bonne politique, une bonne stratégie de communication pour développer le secteur».

Au ministère du Tourisme où IPS s’est rendu, les personnes approchées n’ont pas voulu se prononcer sur la question. Un cadre, ayant requis l’anonymat, a toutefois reconnu que le tourisme traverse une période difficile, mais que le gouvernement fait aussi des efforts pour redorer le blason du secteur.

Selon lui, le gouvernement a dégagé, pour cette année, un budget de 12 milliards de FCFA afin de promouvoir la destination Sénégal. Pour SY, ce budget est insuffisant. Mais, le cadre du ministère est optimiste. En association avec les professionnels du tourisme, révèle-t-il, le gouvernement a adopté une cible de 1,5 million de touristes en 2010. (FIN/2009)

Source: IPS



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