Outré par les attaques du président Abdoulaye Wade dimanche qualifiant les Ong de « détourneurs » de l’aide internationale, Woré Gana Seck, présidente nationale du conseil des organisations non gouvernementales d’appui au développement (CONGAD), a fait savoir qu’il y a des Ong qui font un travail remarquable sur le terrain. Elle indique qu’il incombe à l’Etat de les évaluer pour assurer la transparence.
Mme Seck regrette par ailleurs la dispersion des actions qui a fragilisé la Fao. « L’aide ne peut pas être seulement bilatérale, c’est-à-dire d’Etat à Etat. Il y a la question de l’aide qui doit passer par les Ong et l’aide qui doit passer par l’Etat. Et pourquoi on parle de transparence s’agissant de l’aide qui doit passer par les Ong, il faut qu’on puisse l’évaluer et pour le faire, il y a des règles qui doivent être définies par l’Etat, pas par nous », explique la présidente du Congad. Elle rappelle que les Ong ont vue le jour depuis les années 73 suite à un désengagement de l’Etat et à une crise alimentaire que les Ong.
Concernant la Fao et le Fida, Woré Gana Seck fait observer que « le Fida (Fonds international pour le développement agricole) a été créé par l’Ocde, que le Programme alimentaire mondial (Pam) est sorti également de la Fao ; alors nous pensons que toutes les institutions qui travaillent sur la question alimentaire doivent pouvoir se regrouper ». Elle se demande d’ailleurs pourquoi avoir « fragiliser la Fao en créant le Pam, en créant par exemple l’Omc sur les questions de commerce en fragilisant aussi la Cnuced ? ». Selon elle, ce sont des questions les acteurs des Ong se sont posées et essayent de travailler dans le système des Nations-Unies pour que des réformes soient faites.
Pour l’économiste Sidy Kane, « le président de la République, souvent, intervient en tant qu’intellectuel, mais en tant que chef d’Etat, j’estime que ses propos sont un peu trop sensibles ». L’économiste a salué le rôle des Ong et de la Fao face au désengagement de l’Etat notant que « le problème que rencontre la Fao, c’est que parallèlement à sa fonction, il y a d‘autres structures comme le Fida, le Pam qui jouent aussi un rôle beaucoup plus important mais en utilisant d’autres stratégies qui leur permettent d’être beaucoup plus en phase avec la population ». Cela a poussé, à l’en croire, certains chercheurs et certains intellectuels à se demander s’il est nécessaire de maintenir jusqu’à présent la Fao, certains allant même jusqu’à prôner la suppression. Wade ne ferait donc qu’enfoncer des portes ouvertes par d’autres.
En outre Me Kane estime que la demande de la suppression de la Fao « venant d’un chercheur, d’un universitaire, ce n’est pas grave, mais d’un président de la République, c’est un peu sensible. Moi, j’aurais aimé qu’on pose le problème en termes de coordination de l’ensemble des actions de ces Ong pour une vraie efficacité dans la lutte contre la pauvreté et le soutien aux populations africaines ».
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