Le président de la République est attendu aujourd’hui à Dakar, de retour de Beijing où il vient de participer au Sommet du Forum sur la coopération sino-africaine. Le chef de l’État était accompagné d’une forte délégation comprenant le ministre d’État, Ministre des Affaires étrangères, le ministre du Commerce, le ministre de la Coopération internationale décentralisée, le ministre de l’Urbanisme, le ministre de la Famille, le ministre des Pme/Pmi, la Directrice générale du Fonds de Promotion économique, le Directeur général de l’Aprosi et de plusieurs conseillers. Le président Wade était aussi accompagné des représentants du patronat sénégalais.
Le sommet de Beijing fera date. Le président chinois, Hu Jintao, a annoncé samedi, lors de la cérémonie d’ouverture du forum sino-africain, de doubler son aide aux pays africains d’ici à 2009. Il a fait cette annonce en présence de 43 chefs d’État africains venus participer au plus grand sommet jamais organisé entre l’Afrique et un autre pays. Le chef d’État chinois a annoncé au total huit mesures destinées à renforcer sensiblement l’appui que son pays apporte à l’Afrique.
Il s’agit, en plus du doublement de l’aide publique au développement, d’accorder aux pays africains, dans les trois prochaines années, des crédits concessionnels jusqu’à hauteur de 3 milliards de dollars et de mettre en place une ligne de crédit destinée aux importateurs d’équipements chinois. En retour, l’exportation africaine vers la Chine sera encouragée par l’admission de 440 produits, au lieu de 190 aujourd’hui, sur la liste des produits dispensés de taxes douanières à l’entrée en Chine. Les entreprises chinoises désireuses d’investir en Afrique, quant à elles, seront appuyées par un Fonds de développement sino-africain qui sera doté d’une ligne de crédit de 5 milliards de dollars.
La Chine a, par ailleurs, décidé d’effacer la dette des pays africains moins avancés et entretenant avec elle des relations diplomatiques, à partir de l’échéance de fin décembre 2006 et de développer trois à cinq zones de coopération économiques, dans les trois prochaines années.
Au plan de la coopération technique, la Chine s’engage à former 15.000 techniciens africains, d’envoyer 100 experts agricoles pour créer une dizaine de centres expérimentaux agricoles, de construire trente hôpitaux et trente centres de traitement du paludisme.
Par ailleurs, le nombre de bourses offertes par la Chine aux étudiants africains va passer à 2000 en 2006
Lors de son discours inaugural, le président Hu Jintao a fait savoir que la Chine partage avec l’Afrique les valeurs de solidarité et de justice dans les relations internationales et qu’à ce titre, elle entend construire un partenariat stratégique avec le continent africain. Dans ce cadre, la Chine va encourager le processus d’intégration africaine en construisant un Centre de conférence pour l’Union africaine.
Au total, c’est une nouvelle forme de solidarité internationale que la Chine entend mettre en œuvre avec l’Afrique, en annonçant ces importantes mesures, avec à la clé un calendrier d’exécution.
Le président Wade, qui a pris la parole au cours d’un forum consacré à la mise en œuvre de la coopération sino-africaine, a souhaité que l’Afrique développe de plus grandes capacités d’absorption des crédits mis à sa disposition et des capacités de management de projets d’envergure. Il a évoqué la lenteur qui caractérise la formulation des projets et les procédures des décaissements des fonds alloués auparavant par de nouveaux partenaires de l’Afrique comme le Japon et l’Inde.
Le président Wade a aussi réitéré que la stabilité entre les différents pays africains était une condition nécessaire au développement du continent. Dans ce cadre, il a mené d’intenses activités diplomatiques auprès de ces pairs africains présents à Pékin pour se pencher sur les derniers développements de la crise du Darfour.
CHINE/SÉNÉGAL : Les privés veulent s’impliquer davantage
Le secteur privé sénégalais veut davantage s’impliquer dans la coopération entre notre pays et la Chine. Les représentants de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), du Conseil national du patronat (Cnp), de l’Unacois, de l’Unacois/Def, de la Fédération des forestiers, ainsi que plusieurs autres chefs d’entreprises sénégalais ont accompagné le chef de l’État pour participer aux travaux du “ Haut dialogue des affaires ” organisé en marge du sommet de Beijing et réunissant, d’une part, des centaines d’hommes d’affaires chinois et africains et, d’autres part, les responsables publiques de la Chine et de l’Afrique. Les femmes et hommes d’affaires sénégalais ont ainsi rencontré de futurs partenaires chinois et certains ont même signé des accords de représentation. Selon M. Bob, Pdg de Sel Sine et vice-président de la Fédération des Chambres de Commerce du Sénégal, “ le sommet a dépassé les attentes en termes d’engagement de la Chine, et les nouvelles opportunités qui nous sont offertes permettront sûrement le développement industriel des entreprises africaines. Il reste aux entreprises africaines de développer des compétences en matière de conception des projets de financement ”.
Les chefs d’entreprises sénégalais ont été reçus par le chef de l’État et lui ont fait part de leur intention de jouer un rôle majeur dans la mise en œuvre de la coopération sino-sénégalaise. Le président de la République leur a proposé d’organiser prochainement une réunion pour que l’État et le secteur privé adoptent, ensemble, une stratégie pour profiter au mieux du partenariat avec la Chine. Le président Wade a aussi reçu plusieurs chefs d’entreprises chinois qui lui ont fait part de leur intention d’investir au Sénégal.
CHINE/AFRIQUE : Le Sénégal en position pilote
“ La reprise des relations diplomatiques entre la Chine et le Sénégal était une bonne décision de ma part ”, a déclaré le président Wade qui répondait aux questions d’un journaliste de China Daily, quotidien chinois édité en anglais. La conviction du président sénégalais doit être bien partagée par les autorités chinoises qui ont loué le rôle majeur du Sénégal dans la réussite du sommet, malgré la longue hibernation qu’a connue l’amitié entre les deux pays. “ La preuve concrète du leadership du Sénégal, nous confie un officiel du ministère chinois du Commerce, est le rôle précurseur que le Sénégal a joué dans la décision de la Chine de délocaliser une bonne partie de son industrie textile en Afrique de l’Ouest ”. C’est lors de la récente visite que le vice-ministre chinois du Commerce a effectué dans notre pays, que le ministre sénégalais du Commerce, M. Mamadou Diop “ Decroix ”, avait formulé une telle proposition”. Les autorités chinoises ont invité ce dernier à développer l’idée d’une mise en commun des productions cotonnières d’Afrique de l’Ouest en vue d’une transformation sur place des productions, devant les ministres du Commerce de la sous-région. La décision a finalement était prise par les autorités chinoises de financer les entreprises qui souhaiteraient délocaliser leurs activités en Afrique de l’Ouest. Les pays de la sous-région devront faire rapidement des propositions pour la mise en œuvre rapide de ce projet.
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