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Economie

UNIVERS DES TAXIS : Un secteur miné par l'anarchie

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UNIVERS DES TAXIS : Un secteur miné par l'anarchie
Aujourd'hui, des taxis, on en voit à tout bout de champs. Ils sont nombreux dans les rues. Résultats, ceux qui en ont fait leur gagne-pain se plaignent parce qu'ils peinent à assurer la dépense quotidienne du fait de la saturation du secteur, de l'absence d'une réglementation et de la concurrence déloyale des clandestins dit clandos. Incursion dans l'univers des taximens. Faut-il assainir le secteur?. Patte d'oie, il est 10 h passées de quelques minutes, en ce mercredi 19 Mai 2010. Il fait un temps clément. Dans le parking qui fait office de garage, plus d'une dizaine de taxis sont stationnés. Des laveurs s'activent à rendre éclatant les véhicules. Sur un banc, quatre (4) hommes et une femme sont assis, devisant tranquillement. 

 

L'un des hommes tient un petit bout de papier et un stylo à la main.C'est lui le « coxeur »  du garage. enguèdji (Rufisque).« Bi moye dème », dit -il, désignant un taxi jaune noir stationné dans le sens du départ. Dommage, nous ne sommes pas des clients et il s'en aperçoit très vite. Une fois informé de l'objet de notre visite, il nous conduit gentiment vers les responsables du garage.

 

 Ces derniers sont installés sous une tente, qui assis sur une natte jouant aux cartes, qui assis sur un banc, conversant à haute voix. Avant toute chose, ils s'enquièrent de l'objet de notre présence sur les lieux. À cœur joie, ils acceptent de nous entretenir des difficultés auxquelles ils sont confrontés quotidiennement.

 

Désordre notoire

Les taxis qui jadis étaient un luxe sont banalisés. Il en existe beaucoup dans Dakar et ses environs. Résultat, c'est l'anarchie totale et les chauffeurs vivent difficilement. Baba Sall est le président du garage. Depuis 1960, dit-il, il est dans le secteur. Selon lui :  «le secteur n'a jamais été aussi difficile. 

 

Nous n'avons jamais vécu de telles difficultés». L'air nostalgique du bon vieux temps, il raconte : «Avec les taxis compteurs, nous parvenions à payer le carburant, assurer le versement quotidien et réserver une somme pour la maison. Maintenant, c'est la période des vaches maigres. Les chauffeurs de taxi peinent pour s'en sortir. Si l'on parvient à assurer le versement et le carburant, c'est un miracle». 

 

Ses collègues confirment ses propos. Toutes ces difficultés sont dues en partie à l'anarchie qui règne dans ce secteur qui autrefois était bien réglementé. «Pour prétendre faire du taxi, il fallait détenir neuf (9) pièces, aucun manquement n'était toléré. Et en 1977, l'Etat a organisé le secteur de sorte que la couleur du véhicule était obligatoirement le jaune et le noir.

 

 Maintenant, il y a des taxis jaunes, des taxis bleus et même des particuliers qui font du taxi. Des minicars, même des 4 x 4 sont transformés en taxi. Le secteur est en désordre», renseignent nos interlocuteurs. En plus, il y a un surnombre de taxis. «Vous voyez tous ces chauffeurs assis là  à attendre  les clients ; ce n'est pas normal. Les chauffeurs  restent toute une journée sans bouger, il y a pénurie de clients ». 

 

Dit le président. À côté de la prolifération des taxis, la cherté du carburant pose aussi problème «avant la hausse du carburant avec 5000f, l'on pouvait avoir 10 litres de gas-oil ; maintenant ce n'est plus possible». Rappelle le président. Ces mêmes difficultés hantent tous les taximens.Ceux basés à l'aéroport Léopold Sédar Senghor, par exemple, vivent le même calvaire que ceux de la Patte-d'Oie. 

 

Ici aussi, les clients viennent à compte-goutte. Assis sur un banc, les chauffeurs attendent patiemment. Daouda Ngom est membre du garage. Selon lui, les difficultés tournent autour de la cherté du carburant et la somme élevée à verser à la banque chaque mois, pour rembourser le prix des véhicules. En plus, les taxes à payer sont nombreuses.  Il y a le droit de stationnement, la patente, vignette entre autres. 

 

La prolifération des taxis pose aussi problème. «Maintenant, on voit même des particuliers transformer leurs véhicules en taxis». «Moi j'ai vu des bureaucrates, une fois à leur service, ils remettent la voiture, qu'ils ont peinte en jaune, à un chauffeur qui va faire du taxi jusqu'à l'heure de la descente » confie un chauffeur la mort dans l'âme. 

 

Concurrence déloyale

Outre la saturation du secteur, les chauffeurs de taxi subissent une concurrence déloyale. Et les clandestins dit taxi clandos sont au devant de la scène. «Autrefois, les jaunes-noirs avaient leur clientèle. Maintenant, les clandos ont tout raflé. Nous avons des tarifs fixes. Mais les clandos proposent deux fois moins cher. 

 

Ils ne paient aucune taxe. Les particuliers aussi sont entrés dans la danse. «Beaucoup de travailleurs véhiculés font du taxi pour payer le carburant et assurer la dépense quotidienne. En allant au bureau, ils prennent des clients et ils acceptent n'importe quel prix et à la descente. Ils n'hésitent pas à faire des allers-retours avant de rentrer chez eux. Tout le monde est taximan maintenant», se lamente M. Seck.

 

Les taximens indexent  l'Etat qui ne fait rien pour arranger les choses. Au contraire, favorise la concurrence déloyale car avec les taxi jaune et bleu, la clientèle a changé de camps, selon les chauffeurs, ils les préfèrent parce qu'ils sont plus luxueux et climatisés en plus et ne paient pas les mêmes taxes que les jaunes-noirs. Les mini bus TATA sont également venus rendre les choses plus compliquées.

 

Pour s'en sortir, les chauffeurs de taxi sont obligés de faire du «clando» eux aussi. Au garage de la Patte d'Oie, les chauffeurs n'attendent plus les clients qui paient la course. L'astuce, c'est de prendre 4 personnes qui partagent le taxi, le prix revient beaucoup moins cher.

 

«C'est la conjoncture, les gens ne peuvent plus se permettre de dépenser 5000 FCFA par jour pour le transport», indique un chauffeur. Pour résoudre les problèmes, les taximens interpellent l'État. Ce qu'ils demandent, c'est une réglementation du secteur et surtout une réduction du prix du carburant et des taxes.



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