Calendar icon
Monday 01 September, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

La fragilité émotionnelle et physiologique comme principales causes (sociologue)

Auteur: Paul FAYE Correspondant seneweb-Sédhiou

image

La fragilité émotionnelle et physiologique comme principales causes (sociologue)

En dehors des grèves d'élèves et d'enseignants, le système éducatif Sédhiouois fait face à d'autres facteurs bloquants. Ce sont les crises d'hystérie collective, une réalité ancrée dans bon nombre d'établissements. Au collège Mamadou Mane Ba, ancien Cem 3 situé dans la commune de Sédhiou, l'administration envisage de demander aux parents de retenir à la maison leurs enfants fréquemment en crise. Une décision qui en dit long sur la gravité de la situation qui a atteint des proportions inquiétantes.  Quasiment à toutes les heures de récréation, les classes vaquent à cause des chutes spectaculaires en séries constatées d'une classe à l'autre. Ce qui n'est pas sans affecter le quantum horaire déjà en souffrance avec les grèves des enseignants qui s'opposent au report des élections et à la nouvelle pondération des zones périphériques.

LES CAUSES DU PHÉNOMÈNE

De l'avis du sociologue, Abdoulaye Diallo en service au centre académique d'orientation scolaire et professionnel ( CAOSP), les causes ne sont point métaphysiques comme le prétendent certains observateurs qui parlent de ''djinné maïmouna''. Pour le sociologue, les facteurs aggravants sont d'ordre social. Il  soutient que la vulnérabilité et la pauvreté entrent en jeu notamment dans cet établissement où la majorité des élèves proviennent des zones rurales. Après plusieurs kilomètres de marche sans prendre le petit déjeuner, ces potaches arrivent à l'école épuisés, fatigués, éreintés et affamés. Cet état de fragilité physiologique, dit-il, renforce la faiblesse émotionnelle et psychologique et fait que les élèves sont quasiment tous dans une situation tendue.

Alors que pour le sociologue, dès qu'il y a un seul cas, il y a un effet d'entraînement à cause de la peur et de la fébrilité des âmes.

La seconde cause, selon toujours Abdoulaye Diallo, c'est l'absence de supplémentation en fer qui provoque une instabilité émotionnelle. Or, la campagne de supplémentation en fer a connu des échecs retentissants avec l'idée véhiculée par des détracteurs qui y voyaient une façon de lutter contre la fertilité des jeunes filles africaines. Pour étayer cet argument, le sociologue explique que les établissements où la supplémentation s'est faite de façon régulière, les cas d'hystérie collective ont drastiquement chuté.

LES CONSÉQUENCES

Hattab Sané, le principal du collège d'enseignement moyen ( Cem) Mamadou Mane Ba parle surtout de conséquences au niveau pédagogique. Des cours ratés, des évaluations annulées, des  devoirs manqués à cause des absences créent non seulement un retard dans l'exécution des programmes mais cela entraîne aussi une classe à plusieurs niveaux. En entrant dans l'enceinte de l'établissement, les élèves ont un état psychologique fragile songeant à une éventuelle chute qui pourrait être fatale. Souvent un simple bruit de table créé généralement la panique dans une classe tellement la peur est en bandoulière. 

DES PISTES DE SOLUTIONS

Pour Abdoulaye Diallo, des solutions existent puisque les causes sont d'ordre scientifique et social. Pour le premier cas de figure, il suffit de se supplémenter en fer régulièrement entre 10 et 14 ans. Au plan social, il est, dit-il, recommandé d'améliorer la qualité et la quantité des repas.  Pour ce faire, faudrait-il que les parents aient les moyens d'assurer à leurs progénitures une nourriture suffisante de qualité.

L'autre solution psychologique, c'est de procéder à la déconstruction de l'imaginaire des élèves. Là, soutient notre interlocuteur, il suffit de sensibiliser les apprenants qu'il n'y a point de lieux hantés dans l'établissement, qu'il n'y a point de ''djinné maïmouna'' que cela est une fabrication issue de la mentalité de ceux qui n'ont pas cherché les causes. Les apprenants doivent aussi être informés que ces crises d'hystérie ne sont point liées à des maladies neurologiques mais sont plutôt fondées sur la peur et la fragilité physiologiques et émotionnelles. C'est pourquoi, il suggère d'éviter les effets de foule autour d'une victime dont les cris stridents peuvent secouer les âmes faibles et émotives. 

Mme Coly, professeur de mathématiques au collège précité rapporte que sa classe est souvent épargnée du fait que dès qu'elle entend les cris d'une victime, elle demande aux élèves de se coucher sur les tables, de fermer les yeux, de se concentrer pendant un certain temps. Ne pas s'approcher des personnes déjà atteintes et ne pas le voir se torturer peut éviter d'autres chutes a-t-elle expliqué.

Auteur: Paul FAYE Correspondant seneweb-Sédhiou

Commentaires (0)

Participer à la Discussion