ASSISES A DAKAR - A cause d’un porte-monnaie de 7 500 francs Cfa : Le meurtrier de l’apprenti chauffeur condamné aux travaux forcés à perpétuité

Pour cause de meurtre et de vol sur la personne de l’apprenti chauffeur Mor Diop, l’accusé Babacar Diop dit «Mbaye» a été condamné aux travaux forcés à perpétuité, hier. M. Diop, qui a déjà purgé 11 ans de prison, risque de finir sa vie en taule.

Babacar Diop dit «Mbaye», né le 20 mai 1974, à Pikine, qui a déjà purgé 11 ans de prison, risque de finir sa vie en taule. Il a été condamné, en effet, hier, par la Cour d’Assises de Dakar. Ce verdict est la conséquence du jugement par ladite juridiction de l’affaire du meurtre de l’apprenti chauffeur, Mor Diop, commis par l’accusé Babacar Diop.

Les faits se sont déroulés le 6 juillet 1995 aux environs de 21 heures, à l’arrêt des cars rapides sis en face de la pharmacie Darou Salam à Thiaroye. L’apprenti chauffeur Mor Diop s’est vu arraché son porte-monnaie contenant la recette journalière de 7 500 francs Cfa. Le malfaiteur lui a administré un coup de couteau avant de s‘enfuir. Mor Diop succombe à ses blessures, lors de son évacuation, l’agresseur n’ayant pas été arrête sur le champ, ni identifié.

Les investigations menées ont abouti à un certain Babacar Diop, délinquant notoire, qui a abandonné le domicile de ses parents. Et, c’est le 11 janvier 1996 qu’un informateur a signalé à la gendarmerie sa présence sur les lieux du crime.

Interpellé par le président de la Cour d’Assises sur les faits, il déclare : «Je me rendais à Biafra pour voir des copains. En traversant le marché de Thiaroye, j’ai ramassé un couteau et l’esprit m’est venu de le donner à ma mère, dès que je rentre à la maison. Prenant de la drogue à Biafra, je n’étais plus très conscient. Sur le chemin du retour, j’ai repéré un jeune apprenti chauffeur dont le porte-monnaie était dans la poche arrière de son pantalon, je m’en suis emparé et vu qu’il résistait et criait au voleur, j’ai sorti mon couteau et lui ai porté deux coups. Et puis, je suis allé acheter des chaussures avec l’argent du vol.»

Par contre, lors de sa déclaration à la gendarmerie, il avait dit que le couteau avec lequel il a poignardé la victime vient de la cuisine de sa mère, qu’il le porte souvent sur lui pour se défendre. Mais, après son forfait, il le jetait sur un dépôt d’ordure.

L’Avocat général avait axé son réquisitoire sur le fait que l’accusé, en quittant chez lui, avait prémédité son crime, dans la mesure où, précise l’Avocat général, «en partant de son domicile, l’accusé avait l’intention de faire ses larcins habituels avec possibilité d’utiliser la force». D’où le couteau au cas échéant et, poursuit-il : «L’homicide volontaire ne fait pas de doute. Et, c’est ce qui explique sa condamnation, en 2000, à la perpétuité et au travail forcé par la Cour d’Assises. Et, je réitère cette condamnation. Car, les faits sont constants, il a tué un être humain pour 7 500 francs Cfa et c’est scandaleux.»

La défense était assurée par Me Camara et Me Hooda, qui ont axé leur plaidoirie sur l’incohérence du procès-verbal, dans la mesure où, explique Me Camara, «le nombre de coups n’a pas était élucidé». Car, «le certificat de genre de mort de Mor Diop, versé au dossier, fait état de plaie cardiaque. Donc, c’est dans le résumé fait par la gendarmerie qu’on a mentionné deux coups.»

Cependant, Me Hooda a insisté sur le fait que son client devrait bénéficier de circonstances atténuantes, dans la mesure où le contexte social de l’accusé devrait être pris en compte par les juges. Car, il vivait dans l’extrême pauvreté. Ce qui pourrait expliquer ses larcins et la malheureuse circonstance du crime.

Après délibération, la Cour d’Assises a condamné l’accusé à la perpétuité et aux travaux forces et 5 millions de francs Cfa à verser au père du défunt, en guise de dommages et intérêts.