La cour d’Assises de Kaolack a jugé et condamné, samedi, Aïssatou Ngom dite Ayou à deux ans de travaux forcés pour tentative d’infanticide, a constaté le correspondant de l’Aps. Cette décision jugée « clémente » a été rendue en présence de l’enfant aujourd’hui âgé de 28 mois. Sa mère, qui prétend qu’il était mort-né, l’avait jeté la nuit dans un puits tari de 30 mètres de profondeur et abandonné, avant qu’il ne soit découvert et repêché vivant cinq jours après.
Cette cinquième affaire d’infanticide était la dernière inscrite au rôle de la première session 2006 à Kaolack. Les faits remontent au 27 mars 2004 à Guinguinéo. Ayant accouché seule à domicile, dans les toilettes vers 20 heures, Ayou avait précipitamment enveloppé dans un pagne son nouveau-né, l’avait ensuite caché sous son lit jusqu’à 23 heures, avant d’aller le jeter dans un puits abandonné d’une concession voisine. C’est le 31 mars que des marchands de bétail entendront les cris d’un bébé provenant du puits. Il sera repêché vivant par les Sapeurs pompiers alertés par les gendarmes de la localité. L’accusée, qui a consommé, dès l’âge de 18 ans, deux mariages malheureux desquels elle aura cinq enfants, était tombée enceinte des œuvres de son ex-amant, Pape Ndiaye, alors que son mari, Mamadou Lamine Diop, était en détention à Gossas pour trafic de chanvre indien. C’est d’ailleurs dans ses tractations pour subvenir aux besoins de sa famille et pour obtenir le transfert de son époux de la Maison d’arrêt et de correction de Fatick à celle de Gossas, qu’elle est tombée enceinte, a-t-elle raconté à la cour. Elle a aussi reconnu les faits, mais soutient que l’enfant n’avait ni crié ni bougé à sa naissance.
Ce que l’Avocat général, Salobé Gningue, a naturellement récusé du fait même que l’enfant était retrouvé vivant. Il a estimé que l’intention de l’accusée était arrêtée dès qu’elle s’est précipitée à la naissance à l’envelopper après avoir caché la grossesse. Et que le nouveau-né n’a dû son salut qu’à la volonté divine. Pour l’Avocat général, il existe donc un ensemble d’éléments permettant de condamner l’accusée. Il a requis sept ans de travaux forcés. La défense, dans ce dossier, a simplement plaidé coupable et demandé la clémence de la cour. Mais Me Ndiogou Ndiaye rendra d’abord hommage aux auxiliaires de justice et aux forces de sécurité. L’enfant miraculé Medoune, du nom du commandant de brigade de Guinguinéo, a été sauvé du puits grâce à la perspicacité du gendarme Medoune Sèye qui l’a recueilli, baptisé et entretenu avant de le rendre à ses parents.
L’avocat a estimé que 7 ans de travaux forcés ne serviraient à rien et que l’accusée mérite compassion et de larges circonstances atténuantes. La condamner c’est encore s’en prendre au petit Medoune, a-t-il poursuivi. Il en a appelé à la mansuétude de la cour pour lui permettre de retrouver sa maman qui a déjà tant souffert. La cour, dans son verdict, fera preuve de clémence en condamnant Aïssatou Diop dite Ayou à deux ans de travaux forcés. En détention depuis le 6 avril 2004, Ayou, tout en pleurs durant l’interrogatoire du président Pape Makayré Ndiaye, recouvre la liberté. Elle retrouve Medoune et son mari pour une « re-socialisation » que son avocat a souhaitée de tous ses vœux.
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Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:37 PM)Participer à la Discussion