Le procès de la dame K. Keïta, hier, devant le juge pénal pour défaut de carnet sanitaire, a courroucé plus d'un dans le public qui avait pris place au Tribunal des flagrants délits. Et pour cause, les débats d'audience, sanctionnés par une absence de preuves à charge, ont fini par révéler «que la prévenue avait été arrêtée à tort», comme l'a du reste confirmé son avocat, Me Etienne Ndione. Et dire qu'elle n'avait pas été ménagée par le juge, ses assesseurs et le substitut du procureur, qui l'ont assaillie de questions pour lui tirer les vers du nez, en vain. La dame K. Keïta est restée constante en réitérant ses propos servis depuis l'enquête préliminaire.
Son avocat dénonce les abus des policiers dans le cas d’espèce
Divorcée et mère de deux enfants qu'elle entretient en tenant un commerce de «tangana» au rond-point de Bel-Air, elle a expliqué au juge que le jour de son arrestation, elle s'était rendue vers 22 heures, à Colobane, chez son oncle qui devait lui remettre de l'argent afin qu'elle puisse se rendre au Magal de Touba. Poursuivant, elle a soutenu que, travaillant le jour, ce n'est que la nuit qu'elle a pu se libérer.
Ainsi, elle précise que c'est sur le chemin du retour qu'elle a été appréhendée par une patrouille de police. «Ils m'ont dit que c'est la police, avant de me réclamer ma carte nationale d'identité, que j'ai remise. À ma grande surprise, ils m'ont réclamé une carte sanitaire. Je leur ai dit que je n'en possédais pas et que j'ai aucune raison d'en avoir», a-t-elle raconté. Néanmoins, elle soutient que les policiers l'ont embarquée dans leur véhicule et conduite à la police. Visiblement gênée et irritée d'avoir été traduite à la barre, pour ce fait qui inéluctablement jette l'opprobre sur sa personne au niveau de son quartier, elle a martelé au juge, ««dara jaraluma may jaay sama yaram», (Ndlr : je ne m'adonnerais pour rien au monde à la prostitution).
À la suite du parquet qui s'est rapporté à la sagesse du tribunal, Me Étienne Ndione a qualifié le comportement des policiers de «violation des droits de la femme». L'avocat a dénoncé «les abus des policiers» qui, selon lui, ont tendance à assimiler systématiquement à des prostituées les dames qu'ils appréhendent à une certaine heure et à certains endroits». C'est dire, soutient-il, «qu'elles n'ont pas le droit de vaquer librement à leurs besoins une fois la nuit tombée». Mieux, Me Ndione s'est offusqué que sa cliente soit embarquée, bien que détentrice d'une carte d'identité nationale qu'elle a remise aux limiers.
Toutes choses qui lui font dire que «c'est comme si le carnet sanitaire a plus de valeur que la carte d'identité nationale». En l'absence d'éléments de preuve à charge, le juge a relaxé K. Keïta au bénéfice du doute.
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