Thiaroye Hamdalaye : Le père de l'enfant tué était un gendarme

Poursuivie pour infanticide, la dame Ndiouck Faye est âgée aujourd'hui de 42 ans. Mère de six enfants avec son ancien mari, cette dame, divorcée, ne pouvait accepter que ses enfants, devenus grands, sachent qu'elle venait de contracter deux grossesses, de pères différents. L'un des enfants, né hors mariage, a pour père, le gendarme Alioune Ciss, qui soutient que la maman l'a tué pour éviter la honte. Car elle ne voulait pas que ses grands enfants sachent que ce dernier était un enfant naturel. L'avocat général Cheikh Tidiane Ndour, a requis 5 ans de travaux forcés. La cour l'a suivi, et l'a condamnée à 5 ans de travaux forcés. Il lui reste moins de 3 ans de prison.

Ndiouck Faye est née à Diané, dans l'arrondissement de Tataguine. L'enquête de personnalité a démontré qu'elle a perdu très tôt sa maman, et a été élevée par ses différentes tantes. Ndiouck Faye a très tôt trouvé mari. Avec son époux, elle n'avait pratiquement pas de problèmes, ils ont eu six enfants avant le divorce. Divorcée depuis plusieurs années, Ndiouck s'activait dans le petit commerce au marché Sindika de Pikine, et entourée de ses six enfants, elle vivait d'expédients. Mais ses petites activités n'arrivaient pas à lui permettre de régler ses problèmes sociaux. Ndiouck Faye a eu un premier enfant naturel avec un taximan, auprès de qui elle avait contracté une dette ; le paiement de cet argent s'est terminé au lit... Entretenant des relations sexuelles avec ce dernier, Ndiouck met au monde un enfant de sexe féminin, âgée aujourd'hui de neuf ans. C'est au moment de trouver une solution à ce problème, à la brigade de Thiaroye gare, qu'elle a fait la connaissance du gendarme chargé du dossier, le nommé Alioune Ciss. Selon ses dires, elle a eu trois fois des rapports sexuels avec ce dernier. Elle reconnaît avoir caché cette grossesse, non seulement à ses voisins, mais également à ses grands enfants dont elle ne voulait pas qu'ils sachent qu'elle était enceinte d'un enfant hors du mariage. Installée au quartier Thiaroye Hamdalaye, elle a accouché de ce dernier enfant au domicile d'une matrone du nom de Fatou Laye Mbaye, le 19 juin 2005. L'accouchement s'est passé dans de bonnes conditions, l'enfant était vivant, et cette version a été confirmée par cette matrone à la barre de la cour ; elle précisera même que c'est elle qui l'a aidée, et l'a accompagnée jusque chez elle. A l'interrogatoire, l'accusée est passée aux aveux, en expliquant à la cour, qu'une fois rentrée chez elle, elle a enveloppé l'enfant dans un lourd tissu, et a mis dessus son écharpe, pour l'empêcher de crier. « D'ailleurs, quand ma fille est revenue de l'école et a trouvé l'enfant couvert sur le lit, elle m'a demandé ce que c'était, et je lui ai répondu que c'était le cri d'un poulet », dit-elle. Mais le bébé criait, criait… Peu après, elle soutient avoir constaté qu'il était inerte. « C'est alors que je l'ai introduit dans un sac plastique, pour aller le déposer dans un bâtiment inachevé », ajoute-t-elle. Le lendemain, le corps de l'enfant a été découvert sans vie, la matrone informée de cette découverte, a expliqué à la gendarmerie de Thiaroye gare, qu'elle avait accueilli une dame du nom de Ndiouck Faye, le samedi précédent. L'enquête s'est alors terminée par l'arrestation de l'accusée. L'avocat Général Cheikh Tidiane Ndour, dans son réquisitoire, a déclaré que la dame Ndiouck Faye ne voulait pas se remarier à nouveau, et a préféré jouer avec ses copains. « Elle est coupable d'infanticide. Elle voulait éviter que ses enfants sachent qu'elle avait mis au monde un enfant hors mariage… », précise-t-il. Et d'asséner 5 ans de travaux forcés à l'accusée. Les conseils de cette dernière, Mes Sadio Diaw et ses confrères, ont plaidé l'acquittement, « car elle n'avait pas l'intention de tuer cet enfant ». Me Diaw insistera d'ailleurs sur l'absence de certificat de décès. Au délibéré, la cour l'a trouvée coupable des faits à elle reprochés, et l'a condamnée à 5 ans de travaux forcés. Elle a trois ans pour recouvrer sa liberté.