ABDOU LATIF COULIBALY SUR LES DERIVES DE LA RTS: « Mohamed Gassama est comme n’importe quel griot... »

Après deux jours de colloque sur « L’application des normes internationales de la liberté d’expression au Sénégal », les professionnels de la presse ont diagnostiqué leur profession et son secteur. Ils ont parcouru plusieurs points notamment la liberté d’expression au Sénégal, l’aide à la presse, mais aussi les dérives constatées au sein de la corporation. Une occasion saisie par le grand reporter Abdou Latif Coulibaly pour demander l’exclusion de Mohamed Gassama de la Rts accusé de faire du griotisme.

Source : Walf Grand-Place

« La profession de journaliste est investie par des gens encouragés par les pouvoirs publics. C’est une volonté de l’Etat de décrédibiliser le métier en créant des journaux pour insulter les gens. En tout cas moi, je n’ai pas honte de me proclamer journaliste  ». Tel est le cri de cœur du directeur de l’Issic, Abdou Latif Coulibaly qui a interpellé mardi dernier le Syndicat des professionnels de l’information de la communication du Sénégal (Synpics) sur les dérives de certains journalistes. Le prétexte a été la clôture du colloque sur « L’application des normes internationales de la liberté d’expression au Sénégal » conjointement organisé du 31 juillet au 1er août au Cesti par l’Ong de défense et promotion de liberté de presse Article XIX, l’Ecole doctorale de Sceinces po de l’Ucad, le Cesti et l’Issic. Une rencontre de deux jours qui a permis aux professionnels de la presse de diagnostiquer leur secteur. « Les journalistes qui insultent les gens, c’est le gouvernement qui les a créés », déclare le journaliste et essayiste Abdou Latif Coulibaly. De son avis, le Synpics doit prendre ses responsabilités pour sanctionner certaines dérives notées dans la presse. Tout en interpellant la nouvelle secrétaire générale Diatou Cissé, Latif Coulibaly martèle : « Pourquoi le Synpics ne peut-il pas traduire en justice Mohamed Gassama qui est au même titre que n’importe quel griot  ? On doit l’exclure puisqu’il est aussi nuisible que les journalistes de ces journaux du gouvernement ». Sans mettre de gants, M. Coulibaly poursuit que c’est la même procédure que le syndicat doit enclencher pour le cas du directeur de publication du journal Il est midi, Ndiogou Wack Seck. Il suggère même que Seck soit frappé d’« interdiction d’exercer la profession ». Même son de cloche chez le responsable de l’Ong Transparency Aid, Jacques Habib Sy, journaliste et chercheur, ancien du Cesti. « Il faut exclure ces gens de la profession », fulmine M. Sy. « Nos confrères de la Rts violent tous les soirs les principes d’éthique et de déontologie, il faut que le Synpics ait le courage de les mettre au ban ». Par ailleurs, les journalistes sont revenus sur l’aide à la presse. D’aucuns jugent que ce projet est inutile. « S’il y a un service que l’Etat doit rendre à la presse, c’est d’abroger la loi sur l’aide à la presse, afin qu’elle obtienne sa liberté », tonne Abdou Latif Coulibaly. L’ancien directeur du Soleil El Hadji Kassé embouche la même trompette pour dire : «  cela ne leur sert à rien, car leur statut économique n’a pas évolué sinon empiré. » Concernant cette aide du gouvernement, le directeur d’Océan Fm, Souleymane Niang informe que lors de leur réunion de prise de contact avec le gouvernement, l’on a compté cent organes dont plusieurs qui ne fonctionnent plus depuis des années. D’où l’urgence, selon M. Niang, d’assainir la presse. Une préoccupation prise en compte par la toute nouvelle secrétaire générale du Synpics, Diatou Cissé Badiane. « L’Etat cultive la propension de créer ses propres journaux d’informations générales qui font que l’opinion met tout le monde dans le même sac. Et notre défi est de faire en sorte que le Conseil pour le respect de l’éthique et de la déontologie (Cred) soit un organe de pouvoir, de dénonciation et de sanction. Son rôle ne doit plus être de sermonner », fait remarquer le successeur d’Alpha Sall.