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ME BOUCOUNTA DIALLO SIGNE UN OUVRAGE SUR LA CASAMANCE : Comment l'Etat a fabriqué le Maquis

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ME BOUCOUNTA DIALLO SIGNE UN OUVRAGE SUR LA CASAMANCE : Comment l'Etat a fabriqué le Maquis

«La crise casamançaise : problématique et voies de solution», c’est le titre de l’ouvrage de Me Boucounta Diallo, avocat à la cour, édité par l’Harmattan. L’ouvrage n’est pas encore dans les kiosques au Sénégal, mais risque de faire grand bruit, tant les thèses qui y sont soulevées, sortent de l’ordinaire.  

L’Abbé Diamacoune Senghor est présenté comme une figure centrale de la rébellion casamançaise. L’est-il autant que cela ? La question se pose au regard des révélations faites par l’avocat Me Boucounta Diallo qui vient de publier un ouvrage sur cette crise qui secoue le Sénégal depuis un tiers de siècle. «La crise casamançaise : problématique et voies de solution», ouvrage bien documenté, revient sur le rôle des différents acteurs de la crise. «Ironie de l’histoire, l’Abbé Diamacoune Senghor deviendra par la volonté des autorités (Ndlr, du Sénégal), leur premier interlocuteur désigné. Il fut donc pour les chefs militaires du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), Sidy Badji et Léopold Sagna, ce que Guillaume Soro fut pour les chefs militaires de la rébellion ivoirienne, Tuo Fozié et Chérif Ousmane».

A la page 113 de son ouvrage, Me Diallo évoque les rencontres de Cap Skiring les 6 et 7 juillet 1991, alors que la rébellion casamançaise n’avait pas encore acquis ses lettres de noblesse et sa capacité de nuisance. «Le fait marquant de ces rencontres du Cap Skiring sera la présence parmi les membres invités de la Société civile d’un certain Abbé Diamacoune Senghor, animateur d’émission culturelle sur la chaîne locale de la Radio nationale sénégalaise de 1967 et 1980, convié séance tenante à servir d’interprète à l’assistance du fait de sa maîtrise des différentes langues parlées en Casamance. L’histoire n’aurait pas relevé ce détail important si, pour donner du crédit aux accords qui allaient être signés entre le gouvernement du Sénégal et les chefs militaires du mouvement irrédentiste sans direction politique et sans statut juridique reconnus constitutionnellement, nos autorités et l’assistance n’avaient pas demandé à l’interprète de circonstance, l’Abbé Diamacoune Senghor, d’accepter au nom d’une fiction juridique de parapher les accords de cessez-le-feu, en qualité de Président du Mfdc ».

Facteur culturel

Au-delà de cette révélation, la crise casamançaise a des racines cachées que l’avocat Me Boucounta Diallo s’évertue à révéler. Parmi ces causes, il y a les erreurs commises en amont par l’Etat du Sénégal qui a occulté le facteur culturel dans son approche de la crise casamançaise, bien vrai qu’il existe d’autres causes comme celle économique.

Le référent culturel est en effet omniprésent dans l’ouvrage de Me Diallo : «en état de cause, l’impact des croyances populaires animistes se reflète dans les actes les plus anodins et dans la prise des grandes décisions engageants le mouvement Mfdc ou les combattants sur le terrain», écrit l’avocat. Qui estime que le fait d’avoir occulté le facteur culturel dans la prise de décision de l’Etat a beaucoup contribué à l’aggravation de la crise. Sans verser dans le paradigme de l’ethnicisme primaire, Me Diallo démontre que la non-prise en compte de la solution locale, avec toutes les croyances que cela intègre, a beaucoup aggravé la crise. L’Etat avait choisi la voie de répression. A tort…

«Les limites de la solution judiciaire et policière souvent adoptée par les autorités sénégalaises se font également ressentir dans la déclaration sur Pv de l’instituteur Sanoune Bodian (…) : «le 23 décembre 1982, vers 13 heures, j’ai été arrêté par la Police chez moi-même au quartier Boucotte Sud. Conduit au commissariat, j’ai véhémentement clamé mon innocence sans être écouté. C’est ainsi que j’ai été transféré à la prison centrale pour y purger une peine de trois ans ferme. Durant mon séjour carcéral, j’ai reçu une notification de mon ministère de tutelle qui me signifiait ma suspension de la fonction publique».

Le personnage, icône du Mfdc, révèle avoir rejoint le maquis parce qu’à sa sortie de prison, le 31 décembre 1985, il ne pouvait plus approcher ses parents et ses amis. «La scolarité de mes enfants était dangereusement perturbée. (…) Lorsque j’ai remarqué que j’étais soumis à la mort à petit feu, me sentant seul dans la société sans aucun droit, j’ai pris la décision d’adhérer au Mfdc en 1986 ». Témoignage qui renseigne sur l’échec de la solution juridico-militaire.

L’ouvrage insiste sur les efforts initiés avant 2000 pour signifier que malgré les rendez-vous ratés, il existe une véritable lame de fond qui, investi, peut déboucher sur les solutions heureuses. Avec une bonne incursion dans la psychologie, la sociologie et l’histoire de la Casamance. A lire… 



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