Dernier jour de la visite de Mohammed VI : Des actes symboliques pour boucler la visite

SM le Roi Mohammed VI a prié vendredi en début d’après-midi à la Grande mosquée de Dakar, avec notamment à ses côtés le président de l’Assemblée nationale, maire de Dakar, Pape Diop, et le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Me Ousmane Ngom, avant de se rendre peu après à l’hôpital des enfants Albert Royer où un important don de matériel et d’équipements d’une valeur de 200 millions de Fcfa a été octroyé par le souverain marocain.

Prière à la grande mosquée de Dakar

En se rendant hier à la grande mosquée de Dakar où il a accompli la prière du vendredi, SM Mohammed VI n’était pas en terrain inconnu, non seulement pour avoir auparavant mis à profit ses trois premières visites officielles (2001, 2004 et 2005) pour s’y rendre, mais il était dans un haut lieu de culte dont son pays grâce à la bonne volonté de son père feu Hassan II, a grandement contribué à la construction. Et 42 ans après l’inauguration de la Grande mosquée de Dakar-elle a eu lieu le 27 mars 1964- les esprits restent encore stigmatisés par l’image respectueuse de Hassan II, rehaussant de sa personne la cérémonie. Toutefois, que de chemins parcourus et d’actes posés avant de voir se dresser dans le ciel de Dakar le beau minaret de 67 mètres du plus grand lieu de culte de la capitale sénégalaise ! L’initiative de sa construction revient à l’ex-député du Sénégal feu Ngalandou Diouf, décédé à Cannes le 6 août 1941 et enterré à Saint-Louis en 1950, après avoir siégé à l’Assemblée nationale française de 1934 à 1940. Ayant eu vent d’un tel projet, le Gouverneur français de l’époque, Marcel de Coppet, s’en saisit et en fait part à son supérieur, le ministre des Colonies.
Dans sa lettre datée du 2 mars 1887, le Gouverneur de Coppet écrivait ceci : « il me paraît être du devoir de l’administration tutrice des indigènes de prendre sous son patronage et son contrôle cette entreprise et de lui donner toutes les facilités possibles. C’est dans ce sens que je compte agir ». Faut-il le préciser, Ngalandou Diouf qui était soutenu dans son projet initial par le maire de Dakar, Alfred Goux, et d’un autre collègue député du nom de Perrin, rêvait d’une mosquée comprenant une medersa, un caravansérail et d’autres installations. Quoi qu’il en soit, le Gouverneur de Coppet se montre convaincant et arrache l’accord du ministre des Colonies. Et le 20 février 1938, il choisit l’enceinte d’un cimetière désaffecté pour y procéder à la pose de la première pierre de la Grande mosquée de Dakar. La cérémonie fut rehaussée par la présence de Cheikh Alwaly Cheikh Sidya, petit-fils de Cheikh Sadibou, de Moustapha Gaye, président du Conseil colonial, d’Alfred Goux, maire de Dakar, de son adjoint, Wagane Diouf, d’Alpha Diop, Serigne de Dakar, d’El Hadj Moustapha Diop, Imam de Dakar, d’Abdel Kader Diagne, président de la Fraternité musulmane. Un millier de musulmans a assisté également à la cérémonie qui donne au Gouverneur, Marcel de Coppet, l’occasion d’affirmer « la sympathie » que nourrit la France métropolitaine à l’égard de l’Islam.

Toutefois, le projet restera en l’état des années durant, jusqu’à l’indépendance, en 1960. Déterminées à le faire aboutir, plusieurs personnes se retrouvent pour former dans ce sens une association dirigée par Amadou Lamine Diène, lors d’une assemblée générale tenue à l’ex-Maison des jeunes et de la culture (actuel mausolée de Seydou Nourou Tall). L’association parvient à remettre sur les rails la construction de la Grande mosquée, et le 15 juin 1960, le chef du Gouvernement de la Fédération du Mali, Modibo Keita, pose une deuxième pierre, en présence du président Senghor, de Mamadou Dia, président du Conseil et de Lamine Guèye. A partir de là, tout va aller vite, car le premier coup de pioche marquant le début réel des travaux est donné le 3 mai 1961 devant plusieurs personnalités, dont le marabout Seydou Nourou Tall, et Badou Mecki, inspecteur général du culte du Maroc, envoyé du Souverain chérifien. Une société sénégalaise dénommée « UNESCAPVERT » procède aux travaux, là où une société marocaine « Habdallah Ben Omar », forte de 135 ouvriers, s’occupe de la décoration du lieu de culte. Implantée sur un quadrilatère de 130 mètres sur 80 mètres, la Grande mosquée de Dakar dont le minaret culmine à 67 mètres sera officiellement ouverte à la prière le 27 mars 1964, lors d’un office dirigé par le défunt Khalife général des Tidianes El Hadj Abdoul Aziz Sy « Dabakh ». Parmi les fidèles rangés derrière lui, il y avait notamment Hassan II. Le Souverain chérifien, père de Mohammed VI, qui a marché sur ses pas hier, était accompagné de son hôte de l’époque, Léopold Sedar Senghor.

SM au chevet de l’hôpital «Albert Royer»

Le Roi Mohammed VI, accompagné du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, a visité hier après-midi l’hôpital d’enfants « Albert Royer » de Fann à Dakar, où le Souverain a procédé à la remise d’un important don de médicaments et d’équipements d’une valeur de 200 millions de Fcfa. A son arrivée à l’hôpital, richement pavoisé aux couleurs nationales des deux pays, SM Mohammed VI a été accueilli par les ministres marocain et sénégalais de la Santé, ainsi que par le directeur et le staff médical de cet établissement. Après avoir effectué une tournée dans les différents pavillons de l’hôpital, le Souverain a procédé à la remise d’un don de 704 colis, sous forme de la contribution du Maroc à la prise en charge conséquente et de longue durée des enfants admis à cet établissement hospitalier. Le don est composé de 3,8 tonnes de médicaments, destinés à soigner certaines pathologies comme le paludisme et les maladies cardio-vasculaires et des poumons (anti-rétroviraux, antalgiques contre la douleur, anti-diarrhéiques, anti-hypertension). «Ces médicaments offerts par le Roi du Maroc, et qui concernent l’ensemble des pathologies, sont de première qualité et sont très utiles aux malades», a dit Pape Birama Ndiaye, directeur de la Pharmacie nationale d’approvisionnement.

M. Ndiaye, qui a assuré que l’hôpital « Albert Royer » bénéficiera de l’essentiel des médicaments destinés aux enfants, a souhaité que le geste du Roi soit renouvelé pour assurer aux hôpitaux sénégalais une autosuffisance en médicaments. L’hôpital «Albert Royer» est une structure nationale qui accueille les enfants malades des 11 régions du sénégal. Cet acte de haute portée sociale consacre la fin de la visite officielle de quatre jours que le souverain marocain vient d’effectuer au Sénégal