GUINEE-BISSAU-SENEGAL: 4 500 personnes déplacées par les combats

BISSAU/ZIGUINCHOR, le 21 mars (IRIN) - Les combats qui opposent depuis plusieurs jours les troupes bissau-guinéennes aux séparatistes sénégalais ont contraint plus de 4 500 personnes à fuir leur domicile, ont déclaré des travailleurs humanitaires lundi.

Les troupes bissau-guinéennes bombardent les positions des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) depuis jeudi dans la zone de Sao Domingo, une ville située du côté bissau-guinéen de la frontière et qui a été désertée par ses habitants.

Selon les représentants de l’armée de Guinée-Bissau, des rebelles du MFDC - soupçonnés d’appartenir à une faction dissidente du mouvement dirigé par Salif Sadio, qui représente la ligne dure de la rébellion- ont infesté la zone de mines.

Les habitants des villes et villages de la région frontalière ont déserté les lieux après que des conflits au sein du MFDC se soient transposés en Guinée Bissau, la semaine dernière.

Fuyant les combats, quelque 2 500 personnes se sont dirigées vers le nord, à Ziguinchor, la principale ville de la Casamance, au sud du Sénégal. 1 600 autres se sont pour leur part réfugiées dans les villes bissau-guinéennes de Cacheu et de Ingore, a déclaré lundi à IRIN Henri Fournier, le directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Selon le personnel humanitaire, nombre de ceux qui arrivent à Ziguinchor ont des attaches dans le pays, mais les résidents, qui se remettent difficilement de plusieurs années de troubles en Casamance, auront du mal à les absorber.

Le CICR a également indiqué que 493 autres personnes qui logent actuellement dans un camp de fortune à Bourkadié, à quelques kilomètres de la frontière sénégalaise, dépendent entièrement de l’aide humanitaire.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui fournit une assistance alimentaire d’urgence aux personnes déplacées, craint que les récents mouvements de populations ne grèvent fortement les ressources déjà limitées pour la région. En effet, sur les 18,6 millions de dollars américains sollicités auprès des bailleurs de fonds pour 2005-2006, l’organisation n’a reçu que 25 pour cent de la somme, a indiqué un porte-parole du PAM lundi.

La Casamance est le théâtre d’un conflit armé qui oppose l’armée régulière sénégalaise aux combattants rebelles du MFDC qui revendiquent l’indépendance de cette région luxuriante, séparée du reste du Sénégal par la Gambie.

En décembre 2004, le gouvernement du président Abdoulaye Wade a signé un accord de paix avec le MFDC pour mettre un terme à ce conflit qui durait depuis plus de deux décennies.

Néanmoins, certaines factions du MFDC, dont celle de Salif Sadio, refusent de reconnaître cet accord.