L’arrêté déjà pris par le préfet de Nevers.: Un jeune et brillant étudiant sénégalais à la Sorbonne sur le point d’être expulsé de France

Du Centre de rétention où il se trouve encore, à l’aéroport Saint Exupery de Lyon, il ne lui reste que son téléphone portable. Le jeune garçon que nous avons joint au téléphone, n’arrive toujours pas à s’expliquer comment il s’est retrouvé dans cette situation, en passe de rater son année de licence d’histoire à la Sorbonne où il est régulièrement inscrit. Et dire qu’il devait même présenter un exposé quand son chemin a croisé une patrouille de police à Nevers où Pape Alé s’était rendu pour rencontrer le conseiller clientèle de banque de son beau-frère, sur recommandation de ce dernier. Son seul tort, c’est de n’avoir pas pu présenter à la patrouille de police un titre de séjour justifiant de sa présence en France. Quand il est arrivé en France en octobre 2005 avec une bourse de l’Etat du Sénégal, il est admis dans l’une des meilleures écoles préparatoires aux grandes écoles françaises. Il est admis en internat et réussit à se faire admettre cette année (soit après une année d’étude seulement), en licence d’histoire à la très prestigieuse Faculté des Sciences humaines de la Sorbonne. Comme beaucoup de Sénégalais et d’étudiants étrangers qui arrivent en France, Pape Alé Niang est pris dans les tracasseries administratives, accentuées par 2 faits : la perte de ses affaires, notamment son ordinateur portable dans un sac contenant outre son PC, tous ses documents administratifs. Ensuite, le jeune étudiant était pris dans la nasse des formalités administratives d’un changement de domicile, parce qu’entre temps, il avait quitté son internat en Seine et Marne pour habiter chez sa sœur à Evry dans l’Essonne. Pape alé Niang a pourtant déjà introduit son dossier de renouvellement de son titre de séjour. La police n’en a cure. Dans son expression au téléphone, l’étudiant est encore choqué par toutes les moqueries qu’il a entendues au commissariat de police à l’endroit d’un « petit génie noire», ressortissant d’un pays dont le commissaire de police lui-même dans une ultime poussée d’humour, pense devoir demander au clandestin «si c’est Pape Diouf, le président de l’olympique de Marseille, qui en était le Président». Pape Alé Niang n’a plus grand espoir de rester en France, même si son avocat veut le convaincre du contraire en lui faisant croire que le juge va annuler l’arrêté de reconduite à la frontière décidée par le préfecture administrative de Nevers. L’ultime convocation au tribunal est prévue ce lundi 11 décembre à 10h au tribunal de grande instance de Lyon. Pape Alé Niang a déjà fait 24h de garde-à-vue, sans aucune possibilité de communication avec ses parents ; 96h, soit 4 jours de détention au Centre de rétention de l’aéroport Saint Exupery de Lyon, le brillant garçon n’est d’ailleurs pas loin de craquer pour préférer tout abandonner en France et rentrer chez lui au Sénégal sans ses diplômes, plutôt que de devoir voir l’humiliation se prolonger encore. A ce jour, aucune autorité sénégalaise n’avait encore réagi pour s’enquérir de son cas. Seul réconfort dont le garçon apprécie la justesse : les soutiens de l’association sénégalaise IACD (initiatives et actions citoyennes pour la démocratie et le développement de Sékou Diabaté), qui fait diffuser l’appel à la mobilisation sur son site Internet et sur son mail-list, de même que l’association des étudiants sénégalais de la Sorbonne. Combien de personnes ont déjà été expulsées de France par erreur administrative ? On ne les compte plus. En revanche, on en connaît aussi beaucoup qui ont été sauvées de justesse de la machine administrative de reconduite à la frontière. Mais dans ces cas, c’est la mobilisation des associations de défense des immigrés, des associations de droits de l’Homme, ainsi que les associations de défense à l’Education pour tous, qui a été le dernier rempart. Ce qui semble tant manquer à Pape lé Niang. Avant que son appel au secours soit entendu, il sera peut-être trop tard !