2STV - Caractère politique dans l’affaire Idy ; invitation par le khalife général des Mourides : Quand le ministre de la Justice passe aux aveux

Nos confères du quotidien L’As ne sont pas trompés en annonçant dans leur livraison du jeudi dernier que, dans l’affaire des chantiers de Thiès, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, «Me Madické Niang reconnaît des dessous politiques». Hier, à l’émission de 2Stv, Pile ou Face, effectivement, il a reconnu que l’affaire des Chantiers de Thiès a un caractère politique à côté de son versant judiciaire. Et qui plus est, Me Madické Niang a avoué avoir dit au Khalife général des Mourides, de ne pas inviter des gens pour qu’ils parlent de politique à Touba.

L’intérêt des populations pour l’affaire des Chantiers de Thiès ne fait pas de doute. Hier, au cours de l’émission Pile ou Face animée par notre confrère Pape Allé Niang qui recevait le ministre de la Justice, Me Madické Niang, pour la séquence du micro-trottoir, la plupart des intervenants ont évoqué l’affaire des Chantiers de Thiès pour s’interroger sur la longueur de la durée du traitement de ce dossier, mais aussi pour réclamer, enfin, la lumière. Toutefois, l’intervention du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, sur cette question, a encore confirmé que l’affaire des Chantiers de Thiès est à la lisière du politique et du judiciaire. Evoquant les vieilles relations ayant existé entre le président de la République, Abdoulaye Wade, et son ancien Premier ministre Idrissa Seck, Me Madické Niang conçoit que cette affaire soulève beaucoup de bruits, compte tenu des liens personnels entre les deux hommes. Mais, le ministre de la Justice a fait un aveu de taille en reconnaissant, «qu’il y a eu de la politique dans le dossier». Face à notre confrère qui insistait sur la manipulation de la justice dans cette affaire, en se fondant sur les relations faites par la presse du dernier face-à-face entre Idrissa Seck et les juges de la Commission d’instruction, le ministre Me Madické Niang lui a rétorqué : «Je ne te regarderai jamais les yeux dans les yeux pour te dire qu’il n’y a pas un problème politique.» Pour lui, il y a eu une part de la politique et pour une autre, du judiciaire dans l’affaire Idrissa Seck. Il a lié l’évocation du Président Wade de cette affaire par les interventions intempestives de gens qui ont voulu jouer les bons offices entre ce dernier et l’un de ses plus anciens collaborateurs. Le ministre de la Justice a même justifié les négociations, plus précisément ce qu’il est convenu d’appeler le Protocole de Rebeuss, par le fait que l’affaire des chantiers de Thiès est «un dossier aux relents politiques». Il y a eu négociations entre Wade et son ancien Premier ministre, parce que, dit-il, «c’est la nature même d’un dossier politique» et a fait référence à son cas lorsqu’il faisait la médiation à l’époque entre Me Wade et son prédécesseur au palais Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf. Pour le reste, par rapport à cette affaire, le ministre a appelé les Sénégalais à garder patience, parce que la justice s’en occupe et «il y a des questions qui viennent d’arriver». Me Niang assure que la Commission d’instruction fera son travail, non sans relever, que «Idrissa Seck est présumé innocent», jusqu’à preuve du contraire. Au passage, il a failli, dit-il, convoquer tous ceux parmi la presse qui ont fait état du contenu de l’audition de Idrissa Seck devant les juges, car «ils ont violé le secret de l’instruction».

Sur sa fameuse visite à Touba, après que l’ancien Pm Idrissa Seck a été reçu par le Khalife général des Mourides, Serigne Bara Mbacké, le ministre de la Justice a décrié le traitement qu’en a fait la presse. Pourtant, il confirme des informations que celle-ci avait livrées et selon lesquelles, il s’est rendu à la ville religieuse à bord d’un hélicoptère et que les discussions avec le guide des Mourides ont, effectivement, porté sur les déclarations de Idrissa Seck. D’ailleurs, l’aveu de taille ici se trouve dans le propos de Me Madické Niang, qui déclare avoir fait remarquer au Khalife général, de ne pas dire qu’il a invité. Par là, même il reconnaît qu’il y avait eu une invitation et que Idrissa Seck a le droit d’aller à Touba. Le ministre tentera de nuancer après son propos pour soutenir que lui n’est pas invité par le khalife général, mais que ce dernier l’appelle sous la forme d’un ndigël. Me Madické Niang trouve que ce que Idrissa Seck a déclaré à Touba est faux et que c’est le Khalife général des Mourides qui a désigné Serigne Moustapha pour faire des clarifications. Par ailleurs, Me Madické Niang a soutenu que «personne ne doit aller à Touba pour y faire des déclarations politiques».