Accueilli par des brassards rouges à Louga : Le président Wade se défausse sur les Socialistes

Jamais visite du président Abdoulaye Wade n’a été aussi mouvementée que celle qu’il a vécue à Louga où des milliers de brassards rouges ont été brandis par des jeunes au sein de la timide masse de militants libéraux, apparemment dépassée par les évènements.

Les Lougatois ont voulu montrer au chef de l’Etat, toute leur frustration et leur rancœur devant le ‘mépris affiché’ par le gouvernement de l’alternance à l’égard de la ville de Louga et de ses fils. En effet, jamais un Lougatois n’a été nommé au poste de ministre depuis l’accession de Abdoulaye Wade au pouvoir. Les responsables libéraux qui devaient servir de courroie de transmission entre les autorités et les populations ne sont même pas coptés au comité directeur du Pds. En plus de cet état de fait, aucune réalisation de grande envergure n’est à ce jour réalisée à Louga. C’est, donc, pour toutes ces raisons que les Lougatois ont manifesté de la manière la plus bruyante leur courroux, au point que les discours successifs du maire adjoint Waly Ndiaye, qui a parlé en l’absence du maire Maniang Faye alité, du président du Conseil régional Moustapha Ndiaye, du président du tribunal régional Djibril Bâ et, même du président Wade ont été noyés dans un flot de huées.

Excédé, le président Wade s’en prendra finalement aux responsables socialistes qui ont à ses yeux ‘monté’ les enfants pour venir saboter son meeting : ‘Dites à vos parents de vous apprendre la démocratie !’. Tout en s’adressant aux manifestants, Wade ajoutera qu’il a été l’instigateur du port des brassards rouges que ‘les Sénégalais ne connaissaient pas avant l’alternance’. C’est pourquoi, dira-t-il, ‘vous êtes aujourd’hui devant moi ! Mais je vous suggère de dire ce qui vous fait mal au micro, au lieu d’empêcher les gens de parler. Ce n’est point démocratique’. Mais, cet appel du président Wade ne sera pas suivi d'effets, car les huées continueront de plus belles, sans retenue.

Finalement, les responsables du Pds, ne pouvant plus supporter cette ambiance électrique, feront appel aux forces de l’ordre pour déguerpir les manifestants. Ainsi, les jeunes porteurs de brassards rouges seront repoussés aussi loin que possible pour permettre à l’hôte du jour, visiblement mal en point, de continuer avec une voix cassée, son discours. Une fois les ‘frustrés’ isolés, le président Wade pouvait, enfin, parler aux populations lougatoises à qui, il demandera de se satisfaire, déjà, de la construction de la grande édifice qu’est le tribunal régional d’un coût de 2 milliards de francs Cfa en attendant la construction prochaine d’un centre de formation féminine et d’un Espace jeunes promise par lui.

Auparavant, le président Abdoulaye Wade avait déjà commencé sa visite dans la région par une série d’inaugurations, à Kébémer, dont le Haras National situé à la sortie de la ville, l’Espace jeunes, le Centre départemental d’assistance et de formation pour les femmes (Cedaf) et le Lycée de la commune. Après ces visites faites au pas de charge, Me Abdoulaye Wade s’est adressé à la population de sa ville d’origine pour leur dire que ‘la deuxième capitale pourrait bien être Kébémer’ si, toutefois les recherches en pétrole entreprises par des firmes étrangères à Lompoul, s’avéreraient concluantes.

Cette promesse de Wade sera, d’ailleurs, suivie d’une salve d’applaudissements.

Répondant à Aminata Mbengue Ndiaye qui soutenait que Wade n’a rien fait dans la région, le président Wade répondra que les fils de Louga ne devaient s’en prendre qu’à leurs anciens dirigeants socialistes qui ont longtemps dirigé le pays sans rien faire dans la zone. Par ailleurs, le candidat à la prochaine présidentielle au Sénégal a, aussi, averti les militants du Pds qui postuleront aux postes de responsabilités politiques ou administratives que seuls les responsables capables de mobiliser à la base, seront pris. Un langage clair aux yeux des observateurs qui voient dans cet avertissement de Me Wade, une invite insistante aux responsables Pds à aller à la base pour légitimer leurs actions futures.

Après Kébémer, le cortège présidentiel s’est dirigé à Louga en passant par Guéoul où les populations étaient déjà debout tout le long de la route pour montrer des bouts de tissu... rouge.