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Politique

Amath DANSOKHO : ‘La grande transhumance vers Idrissa Seck va démarrer en décembre’

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Amath DANSOKHO : ‘La grande transhumance vers Idrissa Seck va démarrer en décembre’

Le secrétaire général du Pit n'est nullement ébranlé par la récente sortie d'Idrissa Seck. Amath Dansokho qui a rencontré le maire de Thiès deux jours auparavant, soutient qu'en cas de deuxième tour entre Wade et un candidat de l'opposition, l'ex-numéro deux du Pds fera voter pour ce dernier. Dansokho annonce, en outre, dans l'entretien qu'il nous a accordé, une grande transhumance vers Idrissa Seck à partir de décembre. Le leader du Pit est également revenu sur sa préférence pour une candidature unique de la Cpa. C'est, dit-il, pour éviter l'affrontement verbal entre ses camarades au premier tour.

Wal Fadjri : Idrissa Seck semble avoir ignoré la Cpa dans son récent discours.

Amath Dansokho : Non, on n'en est pas encore là. Il n'y a jamais eu de coopération entre Idrissa Seck et nous. Il y a eu juste une conjonction de forces pour le faire libérer et à l'époque, c'était d'ailleurs avec le Cpc. Nous avions reçu ses amis plusieurs fois pour nous concerter sur des initiatives concrètes. Et jusqu'à présent, on (Cpa, Ndlr) ne s'est pas assis avec Idrissa Seck pour discuter de politique.

Wal Fadjri : A travers son discours on sent une volonté de se positionner comme le leader de l'opposition.

Amath Dansokho : Non, il n'a pas dit ça. C'est clair que ses ambitions ont été déclarées. Et dans sa première déclaration, il invitait même l'opposition à le rejoindre. Après, ça a été le mutisme et maintenant il revient. Mais je ne vois rien de grave dans ce qu'il fait. Il est candidat et sa candidature doit être éclairée par un programme qu'il a quelque peu décliné. Maintenant, sera-t-il possible d'explorer avec lui des plages de coopération ? C'est ça l'interrogation. J'ai discuté avec lui avant-hier (lundi, Ndlr) et je sais qu'il est animé d'une volonté de se battre pour mettre fin le plus rapidement possible à la situation actuelle. Et ça, il me l'a dit très clairement. Au nom de la grande espérance de l'alternance, il veut que les gens reprennent la lutte pour remettre le pays sur les rails.

Wal Fadjri : L'opposition réunie autour de la Cpa avait déjà un programme. Ne risque-t-elle pas d'être doublée par Idrissa Seck ?

Amath Dansokho : Non, parce que ce programme, nous y travaillons depuis longtemps. C'est un programme de fond et il est très avancé. Normalement, si tout se passe bien, il sera rendu public au plus tard le 15 novembre. Je ne crois pas que ce soit la même chose avec celui d'Idrissa Seck, car nous insistons sur les institutions, sur l'architecture institutionnelle de la nouvelle République qui va nous sortir pour toujours de ce système despotique et responsable des errements du pouvoir. C'est pourquoi je n'ai pas voulu voter la Constitution. Cette Constitution lui a donné des pouvoirs despotiques. Même le roi du Maroc obéit aujourd'hui à des règles constitutionnelles beaucoup plus contraignantes pour lui qu'Abdoulaye Wade avec la Constitution sénégalaise. Il a tous les pouvoirs. La seule chose qu'il n'a pas, c'est qu'il ne peut pas nous exécuter.

Wal Fadjri : Idrissa Seck parle aussi de rééquilibrage des pouvoirs. Ne s'agit-il pas là d'un appel du pied ?

Amath Dansokho : Idrissa Seck ne s'oppose pas à nous. Il n'est pas dans une dynamique de lutte contre l'opposition. Ça, il nous l'a dit clairement. Par contre - il l'a dit - il va être candidat et cette candidature là, il ne la considère pas du tout comme une candidature contre l'opposition. Et il s'inscrit parfaitement - il ne me l'a pas dit explicitement - dans la perspective d'un second tour où le candidat de l'opposition arrivé en meilleure position aura le soutien de tous les autres. Idy est totalement dans l'opposition et même je crois si Wade était en ballotage avec un candidat de l'opposition, Idrissa Seck se rangerait derrière nous. Il y a eu certes des tentatives de négociations pour le faire revenir au Pds, mais tout cela a échoué.

Wal Fadjri : L'opposition a-t-il la possibilité de s'opposer au vote du projet de loi portant suppression du quart bloquant par l'Assemblée nationale ?

Amath Dansokho : Mais l'Assemblée nationale n'existe plus. Allez-y voir. Personne n'est à l'Assemblée nationale actuellement. Les gens du Pds sont eux-mêmes convaincus que le président de l'Assemblée nationale, c'est Abdoulaye Wade. S'il n'a pas besoin de l'Assemblée nationale, elle ne travaille pas. Il amènera peut-être certains d'entre eux à voter cette loi. Puisque ce n'est pas sûr. D'ailleurs, la défection des députés a commencé avec Mama Dabo de Ziguinchor. Attendez ! Au mois de décembre, la grande transhumance vers Idy va démarrer. Et il y aura même des minitres là-dans. Absolument. Il a beaucoup de partisans et pas des moindres. Je suis convaincu que pour le vote de cette loi, l'Assemblée nationale sortira encore de l'argent. Parce qu'à chaque vote, ils sortent 15 ou 20 millions. Tous les votes décisifs à l'Assemblée nationale, surtout celui contre Idrissa Seck, on les a payés. Ce sont des députés pratiquement dans la posture de mercenaires. On les achète. Cela, ils ne s'en cachent même pas.

Wal Fadjri : Idrissa Seck peut-il faire mal à Wade ?

Amath Dansokho : Pourquoi pas. Il n'a jamais fait mystère de son souhait de devenir président du Sénégal. Et puisque l'autre ne veut pas partir... Il avait dit qu'il ne serait pas candidat si Wade est candidat. Maintenant c'est fini puisqu'il a pris son indépendance totale. Maintenant, c'est la bataille frontale et espérons que ça ne dégénère pas parce que le Pds est un parti de violence. Ils ont dit qu'ils vont dissoudre les milices. Je ne pense pas seulement aux milices à sensibilité religieuse qui n'ont pas d'ailleurs fait de trouble, sauf une fois. Nous pensons surtout à la dissolution des calots bleus. Mais on l'a obligé à revenir en arrière et on l'a vu célébrer l'anniversaire des calots bleus. C'était pour dire qu'il renonçait à leur dissolution. Mais je sais qu'il y a d'autres intiatives en cours tendant à créer une autre forme de milices.

Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas que Wade gagne ces élections ?

Amath Dansokho : Pas si Wade passe par des élections normales parce qu'il ne peut pas gagner les élections par des procédures régulières. Si l'opposition est unie, il n'y a aucune chance pour Wade. Ni en campagne ni en ville.

Wal Fadjri : Ne seriez-vous donc pas favorable à la candidature triangulaire de la Cpa thérorisée par Moustapha Fall ‘Ché’ ?

Amath Dansokho : Ça, ce sont des hypothèses d'école. Nous sommes en Afrique et ‘Che’, je le connais très bien, c'est un ami à moi. Nous ne sommes pas en Europe. Nous n'allons pas cicatriser les blessures anciennes. Les séparations qui ont eu lieu (au sein du Ps dont l'Afp est une excroissance, Ndlr) ne sont pas encore complètement cicatrisées. On va en campagne où les gens s'affrontent parce qu'une campagne électorale, c'est l'affrontement. Et si les candidats de la Cpa s'affrontent au premier tour, se discréditent, au deuxième tour, je vous assure que même si nous crions : ‘Allez voter pour tel’, les gens n'obéiront pas, ils préféreront voter pour Abdoulaye Wade plutôt que de laisser le leader de notre coalition gagner. Nous sommes en Afrique. Et puis, Diouf a connu ça. Sa déconfiture au deuxième tour, c'est le résultat de propos qu'il a tenus et dont beaucoup de dirigeants Ps ne voulaient pas. Et dès le premier tour, ils ont commencé à faire campagne pour Wade et ils ont été récompensés d'ailleurs. S'il y a une unité à faire, il faut la faire avant la bagarre. S'il y a la bagarre, c'est terminé et au deuxième tour, les gens vont voter pour Wade puisqu'ils vont se dire que si leur candidat est tombé, c'est à cause d'un tel qui s'opposait à lui. Nous sommes dans une situation d'urgence. Le Sénégal est en danger et ce sont de simples gens qui le disent. Tout le monde est sur le qui-vive. Il y a une grande peur qui traverse le Sénégal aujourd'hui. Les gens ont vu ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire. Et dans les milieux diplomatiques, on vous dit que les éléments qui se rassemblent, ressemblent à ceux qui ont conduit la Côte d'Ivoire dans l'impasse. Heureusement qu'ici, nous n'avons pas de problèmes ethniques, confessionnels, mais nous sommes des sous-développés commes les autres. On peut sombrer dans la barbarie d'une minute à l'autre. Parce que, dans les pays sous-développés, la crise aiguise toutes les tensions.

Wal Fadjri : Dans la crise de l'énergie, l'Etat est en train de mener le bras de fer avec les sociétés pétrolières...

Amath Dansokho : C'est du Don quichottisme. Je n'ai rien à voir avec ces multinationales mais, dans cette situation, il faut dire que c'est l'Etat qui a aggravé la situation. D'abord, pour la Senelec, il y avait un programme de réhabilitation et même de renouvellement des machines. Il y avait un contrat en bonne et due forme dans ce sens. Peut-être qu'il y a eu quelques lenteurs. Mais il (Wade, Ndlr) se lève un bon matin et vient en Conseil des ministres pour dire que c'est fini, il casse le contrat Hydro-Québec, avec l'illusion que tout le monde convoitait la Senelec. Alors, on s'est tourné vers Vivendi, puis Bouygues - d'ailleurs il disait toujours mon ami Bouygues parce qu'il croit toujours qu'il a une personnalité particulière au point que tout lui est ouvert. Mais Bouygues est venu, a regardé et a dit qu'il n'était pas intéressé. Il se tourne vers une société américaine, celle-là est presque en faillite. A cause de cette rupture de contrat, nous avons perdu au total 127 milliards dans l'affaire par leur fait. Et ça continue parce qu'avec Ama, c'est la même chose. Parce que les commissions jouent un très grand rôle dans ce qu'ils font. Tout est comme ça chez eux, ils ne peuvent pas prendre de décisions. Samuel Sarr est là bas et y restera. Que tout le Sénégal souffre de son incompétence, ce n'est pas leur problème. Il appartient au Pds, ça suffit.

Wal Fadjri : Pourquoi, malgré tout, l'opposition reste-t-elle amorphe ?

Amath Dansokho : C'est la façon de travailler de cette opposition. Nous sommes d'un avis différent, mais nous n'avons qu'une voix. Ils considèrent que c'est comme ça. Mais il faut voir le parcours des gens aussi, ça pèse beaucoup. Je dis souvent que la bataille sans les masses populaires, je ne vois pas comment on va la gagner parce qu'eux, ils sont déterminés. Wade n'ose même pas dire qu'il veut quitter le pouvoir. L'année dernière, il a fait un lapsus en disant que peut-être que l'année prochaine il ne sera plus là. On lui a dit de rectifier et de dire : ‘Je vais bien et je serai candidat’. Les gars sont déterminés à la bataille. Ils sont en train de monter de nouveaux trucs appelés comités de résistance locaux avec un état- major incroyable. Il y a des civils et des gens de l'armée et de la gendarmerie qu'ils mènent dans ces activités. De toute façon, l'opposition devra se battre puisqu'il n'est écrit nullement dans le Coran que c'est nous qui devons remplacer impérativement Wade. Je sais qu'Idrissa Seck, lui, se battra. D'ailleurs, ils se connaissent, ce sont les mêmes. Et je n'exclus pas que les violences viennent de leurs affrontements.



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