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Politique

ANNIVERSAIRE - Un an après la disparition de Diamacoune Senghor : Le Mfdc toujours en lambeaux

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ANNIVERSAIRE - Un an après la disparition de Diamacoune Senghor : Le Mfdc toujours en lambeaux

13 janvier 2008. Un an après le décès de la figure historique de l’indépendantisme casamançais, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance a célébré son anniversaire par une veillée de prières et une messe ce dimanche, pour le repos de son âme. Mais il reste que le mouvement est plus divisé que jamais, sans un véritable chef.

Le Mfdc a célébré ce dimanche 13 janvier le 1er anniversaire du décès de son ancien leader charismatique, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor. Le mouvement a demandé une messe-anniversaire pour le repos de son âme à la cathédrale de Ziguinchor.

Dans la nuit du samedi au dimanche, une veillée de prières a été célébrée à Mangacrow, un quartier de la banlieue de la capitale situé entre les quartiers de Soupepapaye et Lyndiane. Responsables de différentes sections sous-sections du Mfdc venus de Bignona, Sindian, Sédhiou, Ziguinchor, de certains villages, ainsi que des combattants ont pris part à la veillée de prières qui s’est prolongée jusqu’au petit matin de dimanche. Ensuite, cap a été mis sur la cathédrale pour la messe dite à 9h 30 pour le repos de son âme. «Nous sommes en deuil. C’est la raison pour laquelle nous avons célébré cette veillée de prières. Musulmans, catholiques et animistes ont prié et communié ensemble pour commémorer ce 1er anniversaire de l’ancien secrétaire général, abbé Augustin Diamacoune Senghor qui nous a quittés le 13 janvier 2007 à Paris», a indiqué Abdou Elinkine Diatta, le porte-parole du Mouvement des forces démocratiques de Casamance. Le 20 janvier prochain, une délégation de son mouvement ira se recueillir sur sa tombe. On rappelle que l’abbé a été enterré le 20 janvier 2007 au cimetière des prêtres, situé au grand séminaire de Brin.

Pour sa part, Bertrand Diamacoune, frère cadet de l’illustre disparu, a également demandé une messe pour ce lundi 14 janvier.

Un an après, le Mfdc s’est enfoncé dans des querelles intestines. Le mouvement est en lambeaux et chaque responsable se considère comme l’héritier légitime du prélat. D’où une démultiplication des centres de décision qui rend la tâche difficile à tous les acteurs intervenant dans le dossier, même s’il est vrai que du vivant de l’abbé, la division était déjà de rigueur. Si certains responsable passaient outre, souvent, les positions exprimées par abbé Diamacoune, c’était moins l’expression d’un manque de reconnaissance de son autorité qu’une manière de montrer que toutes les décisions qu’il prenait ne provenaient pas de lui.

L’ancien patron du Mfdc était considéré, en effet, comme un «otage» en résidence surveillée aux mains du pouvoir central à Dakar, «ennemi» de la ligne originelle défendue par les indépendantistes. A un moment donné, des responsables étaient convaincus que le chef charismatique était sous l’emprise de son frère, Bertrand. Une posture qui les a conduits à penser que le mouvement était même dans une dérive familialiste, n’englobant plus alors «tous les fils de la Casamance». C’est une des raisons qui explique la contestation par le maquis et par l’aile politique de nombre de décisions prises par l’abbé, note un observateur de la crise.

Cependant, le prélat n’a jamais cessé d’être le leader charismatique et unique interlocuteur reconnu par toutes les factions, de l’aile politique à la branche combattante appelée «Atika». Mais aujourd’hui, aucun responsable ne peut se prévaloir d’un titre quelconque pour convoquer une assise ou un conclave du Mfdc. La désunion est la chose la mieux partagée dans le mouvement.

Un mouvement plus divise que jamais

Jean Marie Biagui avait certes convoqué des assises internes, qui devaient se dérouler du 11 au 14 janvier. Ce fut l’échec, car toutes les factions du mouvement ont refusé d’y prendre part, sauf celles qui lui sont proches. C’est que Biagui ne jouit plus de cette légitimité qu’il avait acquise aux assises de Banjul, lorsque le mouvement a été réorganisé. A cette occasion, aux côtés du président d’honneur élu qu’était Augustin Diamacoune Senghor, il avait élu secrétaire général, avec feu Sidy Badji comme secrétaire à l’aile militaire, Abdoulaye Diédhiou pour l’aile intérieure, et Alexandre Djiba comme porte-parole. C’est à la survenue de la brouille ayant opposé le prélat à Sidi Badji par factions interposées, que Jean-Marie Biagui a cru devoir démissionner pour «mettre à l’aise» le grand chef en lui rendant tout le pouvoir. Malheureusement, ce geste politique a été considéré comme une défiance, un manque de respect à l’endroit du mouvement qui l’avait élu. Certains responsables du camp de Sidy Badji et Alexandre Djiba avaient considéré que le titre de président d’honneur dévolu à l’abbé n’avait aucune substance car, tous les pouvoirs étaient justement concentrés entre les mains de Biagui. Celui-ci, en démissionnant, perdait du coup toute légalité et légitimité. Profitant de ce vide, Sidi Badji s’autoproclame secrétaire général par intérim du Mfdc, alors qu’il fallait peut-être retourner à l’orthodoxie par la convocation de nouvelles assises pour redistribuer les rôles. Malheureusement, celles-ci n’auront pas lieu, chaque camp s’arc-boutant sur ses positions. Jean-Marie François Biagui voit non seulement sa nomination comme secrétaire général du Mfdc rejetée par les autres tendances, mais une brouille allait naître entre lui et le prélat. L’abbé Diamacoune qui l’avait pratiquement «élu» le limoge, ce qu’il n’accepte pas. Voulant contourner le pouvoir d’Augustin Diamacoune, il va convoquer des «assises» avec sa tendance, à l’issue desquelles il est réhabilité par ses proches dans ses fonctions de «secrétaire général»., confinant ainsi l’abbé dans son rôle de président d’honneur avec résidence et prise en charge. Aujourd’hui encore, il se considère comme tel.

Selon un observateur de la crise casamançaise basé à Ziguinchor depuis 25 ans, le prélat et Biagui ont, malgré eux, renforcé la confusion avec l’usage qu’ils ont fait du pouvoir de nomination. Ainsi, Ansoumana Badji et Krumah Sané n’ont jamais reconnu Biagui comme étant le secrétaire général du Mfdc. Il est vrai que depuis qu’il avait été porté à la tête du secrétariat général du Mfdc, Badji avait entamé un travail très important en effectuant des missions dans le maquis. Son problème, c’est qu’il était considéré comme un poulain de l’Etat, d’où le refus de sa reconnaissance par la tendance favorable à Abdoulaye Diédhiou.

C’est dans cette situation très confuse que l’abbé Diamacoune Senghor est décédé le 13 janvier 2007 à Paris. C’est pourquoi, rien n’a vraiment changé car la Casamance se retrouve actuellement dans une situation de ni paix ni guerre, qui continue de plonger la région naturelle dans une insécurité totale malgré la libre circulation des personnes. Un sous-préfet, le président du conseil régional de Ziguinchor, Mamadou Lamine Badji et récemment, le chargé du dossier de la Casamance à la présidence, Samsidine Néma Aïdara ont été assassinés durant cette période.

Malgré tout, Abdou Elinkine Diatta, le porte-parole du Mfdc, indique que «les choses sont mieux organisées, structurées qu’avant la mort de Diamacoune». «A l’époque, rappelle-t-il, il n’y avait rien. Aujourd’hui, nous avons réussi à mettre en place des comités, sous-sections et sections départementales.» Selon lui, Mamadou Krumah Sané «était et est toujours le secrétaire général adjoint parce qu’abbé Diamacoune était le président, secrétaire général du Mfdc. Personne ne peut pas se lever et s’autoproclamer secrétaire général. C’est à la suite des assises inter Mfdc que nous élirons par consensus le secrétaire général».

Pour sa part, Bertrand Diamacoune, le secrétaire à l’organisation du mouvement, soutient que juste après l’enterrement de son frère défunt, tous les responsables des différentes tendances se sont retrouvés pour enterrer la hache de guerre ; ce qui fait que maintenant le mouvement est très uni. «Il n’y a aucun problème maintenant. Nous avons décidé de nous unir pour pouvoir aller à la table des négociations avec le gouvernement afin que la Casamance retrouve une paix définitive», a-t-il déclaré.

 



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