La publication partielle des listes de la coalition Sopi dans la presse du week-end a semé la zizanie dans la formation politique du président de la République. Les responsables et militants laissés en rade ne se contentent pas seulement d’exprimer leur amertume et leur désarroi, mais menacent et s’organisent pour apporter la réplique.
Le ton monte chez les libéraux. Les responsables laissés en rade dans les investitures rouspètent et crient leur ras-le-bol. Les informations ébruitées dans la presse sur la composition des listes de la coalition Sopi ont mis le feu aux poudres. Même si au niveau des régions, les échos de la grogne des militants n’est pas encore perceptible, ici dans la capitale, les mécontents crient sur tous les toits. Craignant les foudres de la direction du Parti démocratique sénégalais (Pds), personne ne veut s’afficher. Mais paradoxalement, ils tiennent quand bien même à exprimer leurs récriminations et protestations. Le dénominateur commun des « frustrés », c’est qu’ils sont pour la plupart des militants ou responsables de la première heure. « Je ne vais pas voter pour le Pds », a fulminé un responsable libéral du département de Dakar. Plein d’amertume, il a martelé : « je ne peux pas comprendre qu’on oublie d’anciens militants qui ont tout fait pour le parti depuis 1974 pour promouvoir des arrivistes ». Le membre du Pds qui a requis l’anonymat est outré par le fait « qu’on ait oublié les gens qui ont trimé dans le parti, que ne les récompense pas et surtout qu’on donne des mandats de député à des gens qui n’ont pas fait leur preuve, qu’on ne connaît même pas dans le parti ». Très en colère, il s’est interrogé : « qu’est ce que ces gens ont fait pour le parti ? Ils ne veulent pas recevoir les gens. Ils snobent tout le monde et s’enrichissent à tout va sur le dos du citoyen au moment des gens éprouvent d’énormes difficultés à acheter des ordonnances où à se nourrir ». Et de clamer : « ils veulent qu’on vote pour eux. Ça suffit, on en a assez ! » Le responsable de la première heure du Pds demeure, pourtant, inféodé à son secrétaire général national, Abdoulaye Wade. Il a tenu à souligner que « s’il s’agit du vieux, on vote pour lui les yeux fermés et il en sera de même autant qu’il le voudra ». Le fan du président de la République de faire dans les menaces en indiquant : « Nous sommes dans cette situation et nous sommes en train de nous organiser. Nous n’allons pas accepter qu’on enterre vivant. On va se battre jusqu’au bout ».
Dans le département de Guédiawaye également, des militants et responsables haussent le ton. Ils fustigent le choix « arbitraire » des personnes sur les listes aussi bien proportionnelle que majoritaires. Des dames ont depuis samedi 14 avril dernier pris leur bâton de pèlerins pour faire adhérer à leur cause un important nombre de membres et sympathisants du parti au pouvoir. Elles n’entendent pas laisser passer ces investitures. Venues vers nous, elles ont déclaré qu’elles n’excluent rien parce que depuis que leur parti est au pouvoir, elles n’ont bénéficié d’aucun privilèges alors qu’elles se battent avec bec et ongle depuis le début l’accession du Pds au pouvoir. A Pikine, le feu couve. Des responsables qui ont, également, requis l’anonymat ont souligné que ceux sont les responsables les plus en vue qui sont laissés en rade dans ces investitures. « C’était inimaginable, impensable qu’on ne retrouve pas sur les listes le nom de Boubacar Ba et d’autres responsables qui depuis belles lurettes oeuvrent pour la victoire d’Abdoulaye Wade ». Ils n’ont pas eu à proférer de menaces, mais ont tenu à exprimer leur colère et leur amertume.
Avec ce climat, qui règne au Parti démocratique sénégalais (Pds) et dans la mouvance présidentielle de façon générale, les élections législatives pourraient être étriquées pour la Coalition Sopi qui a gagné la présidentielle du 25 avril avec 57, 97 % des suffrages valablement exprimés.
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