Le démarrage des assises initiées par le Front Siggil Senegaal, c’est demain. Mais au rythme où vont les choses, l’on ne peut jurer de rien quant au succès ou non de celles-ci. Si, du côté du pouvoir l’on multiplie les actes pour faire échouer l’initiative du Fss, Bathily et compagnie affichent, déjà le satisfécit, au regard du nombre de participants. Ainsi, au moment où le Conseil national du patronat se retire, l’on apprend que le Khalife général des Mourides se fera représenter à ces assises.
Les manœuvres du pouvoir tendant à saper le moral de ceux qui ont décidé de prendre part aux assises ‘nationales’ sont-elles entrain de porter leurs fruits ? En tout cas un gros poisson vient de mordre à l’hameçon du responsable chargé de la mobilisation du Parti démocratique sénégalais (Pds). Le Président du Conseil national du patronat (Cnp) s’est, en effet, fait rayer, hier, de la liste des participants aux assises nationales initiées par le Front Siggil Senegaal (Fss). Les raisons invoquées pour justifier le revirement de Baïdy Agne sont d’ordre personnelle. A en croire le Président du Cnp, joint au téléphone, son organisation s’était engagée à prendre part à l’initiative du Front Siggil Senegaal sur la base de deux conditions. Le Cnp avait exigé de recevoir les termes de référence clairement définis. Il avait, par ailleurs, souhaité que ces assises soient inclusives. Et dans sa volonté de montrer son ouverture et son intérêt à tout ce qui touche à la vie de la nation, précise Agne, le Cnp a eu à participer à des réunions préliminaires relatives à ces assises. C’est ainsi que, confie-t-il, le Conseil national du patronat a envoyé au Comité national de pilotage des assises un document intitulé ‘Pacte de bonne gouvernance générateur de croissance et d’emplois productifs’ et que lui-même devait présider une des commissions mises sur pied. Mais au final, se désole le patron du Cnp, les initiateurs des assises n’ont pas pris en charge la dernière condition posée ayant trait à la participation de tous les segments de la nation dont les institutions de la République. Suffisant pour que le Cnp se déclare non partant.
Alors, pourquoi attendre tout le temps écoulé, sachant que sa structure figurait en bonne place sur la liste des partants avant de donner sa position ? Et comment expliquer la curieuse coïncidence entre la réponse du Cnp au Fss et la sortie de Farba Senghor menaçant des foudres du pouvoir toute organisation qui s’allierait avec Bathily et compagnie dont l’initiative est, aux yeux du pouvoir, ‘un complot contre la démocratie’ ? D’après Baïdy Agne, la réponse servie par le Cnp n’a aucun lien avec les menaces du chargé de la propagande du Pds puisque, selon lui, le bureau exécutif de son organisation qui en a décidé ainsi, ‘s’était réuni hier (avant-hier, jeudi, le même jour où Farba Senghor tenait son point de presse, Ndlr) avant même que lui (Farba) ne fasse sa déclaration’. Pourtant, dans le communiqué justificatif de ce qui pourrait être assimilé à de la dérobade du Cnp, il est indiqué que l’organisation patronale s’est réunie depuis mardi dernier. Auquel cas, cette précision ne résisterait guère à l’analyse puisqu’entre la date de prise de décision par le bureau exécutif du Cnp et le jour de la publication de celle-ci (ce vendredi), il s’est écoulé, tout de même, soixante douze heures. Alors doit-on considérer qu’après avoir déjà pris sa décision, le Cnp, s’apprêtait à surseoir à celle-ci au cas où le président Wade se déciderait à rejoindre le Fss dans son projet ?
Même si son président avoue n’être point gêné de s’approprier, plus tard, les recommandations qui seront issues des assises parce que faisant ‘partie des acteurs de la société’, une chose est claire : le Cnp a choisi son camp, celui qui a décidé de préserver ses intérêts en évitant de fâcher les tenants du pouvoir.
Mais au moment où Agne et compagnie se débinaient, l’on apprend, de source sûre, que Touba aura son plénipotentiaire aux assises de dimanche. Le Khalife général des Mourides a, selon une source proche des leaders du Fss, donné une suite favorable aux organisateurs des assises en acceptant de se faire représenter par un de ses fils à l’ouverture des travaux. Cette décision de l’autorité suprême de Touba en dit long sur sa volonté de rester conforme à ses convictions. De l’avis de certains proches du guide religieux, Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké tient, en effet, à être équidistant de tous les fils du pays et ne veut être l’otage de personne.
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