BARTHELEMY DIAS :"Abdoulaye Wade ne dialoguera que si la rue est activée"

Pensez-vous réellement que le plan d’action que le « Front Siggil » est en train de dérouler est efficace face à Me Wade ? Je respecte les propositions des uns et des autres. Mais, je reste convaincu que seule la rue fera reculer Abdoulaye Wade. Personne, je dis bien personne ne me fera croire autre chose. Il faut combattre cette dictature et cette monarchie rampantes en investissant la rue. Je pense que ce n’est pas par des journées de réflexion et des meetings que nous allons combattre Abdoulaye Wade et son régime.

L’opposition boycotteuse ne cesse d’exprimer sa volonté de renouer le dialogue avec le chef de l’Etat. Mais l’on se rend compte que ce dernier continue de faire la sourde oreille…

Abdoulaye Wade ne fait pas la sourde oreille. Il est conscient de tout ce qui se passe. Une fois de plus, seule la rue peut faire reculer Wade ou le faire dialoguer. Seul Dieu sait de quoi demain sera fait. Mais, ce qui est constant, c’est que Wade a un comportement puéril, parce qu’il n’a rien en face de lui. Ça, il faut avoir le courage de le dire. Je ne pense pas que c’est en continuant à se réunir chez le président Amath Dansokho que Abdoulaye Wade va dialoguer. Il y a d’autres façons de combattre Wade et de le pousser à dialoguer. Le dialogue, ce n’est du « s’il te plaît », Wade doit dialoguer pour l’intérêt du Sénégal. Il doit dialoguer, parce qu’aujourd’hui le pays est par terre, les caisses de l’Etat sont vides, le train de vie de l’Etat est inacceptable. Wade se comporte comme un monarque, il donne des voitures aux députés, il en fait de même pour les ministres qu’il a limogés, l’avion de commandement, on ne sait même pas ce qu’il est devenu, aujourd’hui, les scandales financiers, il y en a tellement qu’on ne sait même pas par où commencer. Je préfère ne pas entrer dans les détails. Mais, une chose est claire, Abdoulaye Wade ne dialoguera que si la rue est activée. Et il n’y a que les politiques qui peuvent activer la rue. Parce que les syndicats, force est de reconnaître que sous Abdou Diouf, ils ont empoisonné l’existence au régime socialiste, et qu’aujourd’hui sous Wade, on vit dans une porcherie à ciel ouvert, et aucun d’entre eux ne bronche. Je pense que là-bas (ndlr : chez les syndicalistes), ça sent la corruption à cent kilomètres à la ronde. Il n’y a que les politiques qui peuvent faire aujourd’hui quelque chose pour le peuple sénégalais. Parce que même quand Wade s’amuse à demander aux syndicats de ne pas broncher pendant trois ans et il n’y a même pas de déclaration émanant des syndicats, je pense qu’ils sont assez décrédibilisés. J’estime qu’il est temps que les Sénégalais ouvrent les yeux pour regarder la réalité en face. Le peuple sénégalais n’a pas le choix. Il va combattre Abdoulaye Wade ou il sera enterré vivant, parce que ce dernier n’a aucune considération pour le Sénégal.

Quid de l’intention que l’on prête à Me Wade de vouloir se faire succéder par son fils ? Karim Wade a le droit d’être président de la République. Il est Sénégalais. Mais, moi, tout ce que je dis, encore une fois, il ne faut pas essayer de nous l’imposer. Si on nous l’impose, le pays va tout droit à la guerre civile. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Moi, mon grand-père n’était pas un esclave, mon père n’est pas un mouton de panurge. Je n’accepterai pas d’être la marionnette de qui que ce soit. Maintenant, si au Pds, il y a des gens assez irresponsables, des gens peu ambitieux, à la limite sans envergure, qui veulent accepter de se faire diriger par Karim Wade et qu’ils le propulsent à la tête de leur parti, ça, c’est leur problème. Je préfère affronter Karim Wade que d’affronter Macky Sall. Je pense que Karim Wade, le seul moyen qu’il a aujourd’hui pour arriver au pouvoir, c’est que son père se base sur le « matey » (ndlr : je m’en-foutisme) pour l’imposer. Si les responsables du Pds sont jetés à la poubelle pour mettre à leur place le prince, mais il n’y a pas de problème, car le prince sera combattu. J’attire l’attention sur le fait qu’au Tchad, on a essayé d’imposer le fils de Déby et on l’a retrouvé mort dans un parking à Paris. Il ne faut pas pousser les gens à bout. Pour l’instant, personne ne sait qui a tué le fils de Déby, mais les gens avançaient son nom pour qu’il remplace son père. Nous avons tous des ambitions pour le Sénégal, mais il y a une voie démocratique à suivre. Pendant la campagne électorale pour l’élection présidentielle, j’attirais l’attention de certains leaders politiques sur le fait que Wade n’avait que le premier tour pour pouvoir légaliser sa mascarade électorale. Et aucun leader politique ne m’a écouté. Ils étaient tous convaincus que quel que soit alpha, il y aurait un deuxième tour. Résultats des courses : Wade a fait un forcing au premier tour et personne n’a bronché. Donc, il ne faut pas prendre Karim Wade à la légère. Karim Wade est un nobody, c’est un fils à papa, ni plus, ni moins. Malheureusement, son père est au pouvoir et il a prouvé qu’il n’a aucune considération, ni pour la République, ni pour les institutions, ni pour l’Etat, ni pour le peuple.

On remarque que depuis quelque temps, c’est Dubaï qui rafle les projets les plus importants du gouvernement, au détriment des pays occidentaux et des Etats-Unis…Cette « Génération du concret », on ne peut pas ne pas en parler. Qu’on le veuille ou non, c’est elle qui tire aujourd’hui les ficelles. C’est la raison pour laquelle je l’ai baptisée la génération des commissions. Ni plus, ni moins. Aujourd’hui, tout ce qui se passe, il n’y a aucune logique économique et politique là-dedans. Je pense que certains qui sont dans les couloirs du Palais ont de bonnes relations dans le monde arabe. Ils donnent des marchés de gré à gré. Je suis désolé de le dire, mais je ne vois que des intérêts personnels là-dedans. On ne peut pas avoir le groupe Bolloré qui propose au Sénégal 200 milliards de plus que les Arabes et qu’on décide de donner le projet à ces derniers. Au nom de quoi ? On a qu’à nous l’expliquer. Si on est incapable de nous l’expliquer, je n’y vois, ni plus, ni moins, que du vol. Vous prenez la Plateforme de Diamniadio, les Américains sont prêts à vous donner 600 milliards, c’est un don. 600 milliards, c’était le budget du Sénégal quand Abdou Diouf quittait le pouvoir. Aujourd’hui, on préfère un prêt que de prendre un don. La vérité, c’est qu’on ne peut pas manger de commissions dans un don. On me parle de la « Génération du concret ». Mais, quand vous passez vers chez Senghor, sur la corniche, on dirait que vous vous trouvez dans un circuit de voitures nintendo. Ce n’est pas du travail, il n’y a rien de concret ici. De plus, on ne peut pas avoir plus de 100 milliards de drogue qui dorment tranquillement au Port et que ça se retrouve tout d’un coup sur les côtes de Mbour. Une chose est claire, des responsables dans le pays sont impliqués. Tôt ou tard, toutes ces histoires seront éclairées.

Votre formation politique est en pleins renouvellements. Peut-on savoir comment vous concevez le nouveau Parti socialiste ? Il ne faut jamais se réjouir des départs en politique. Mais, force est de reconnaître qu’aujourd’hui, je me réjouis de certains départs. Parce que ces départs ont quelque part levé un certain handicap dans le parti. Ce qui a pu nous permettre de nous diriger vers des renouvellements plus ou moins apaisés et éventuellement voir le nouvel élan que le Premier secrétaire a incarné lors de la dernière présidentielle voir le jour. Et les renouvellements se déroulent normalement aussi bien au niveau des comités, que des sections, des coordinations. Comme tout grand parti politique, on ne peut pas avoir tout sur un plateau d’argent. Mais, pour l’instant, les choses se passent plus ou moins bien. Le nouveau Parti socialiste, je crois que c’est un parti où les uns et les autres doivent faire preuve de dépassement. Un parti où on doit reconnaître la valeur des gens et où les gens doivent êtres mis à leur place. Je pense que le Premier secrétaire a déjà annoncé sa candidature. Je le répète encore une fois, Ousmane Tanor Dieng est le candidat de Barthélemy Dias, et le candidat de la Convergence socialiste. Je pense aussi que les femmes sauront trouver le candidat de leur choix et que les jeunes en feront de même. Et qu’au niveau des unions régionales et départementales, les gens puissent mettre les responsables à leur place. Cela est plus important que de vouloir plaisir faire à certains ou de vouloir mettre les bâtons dans les roues des autres au nom de la méchanceté gratuite.

Est-ce que vous comptez briguer le poste de Secrétaire général du Mouvement des jeunesses socialistes ? Ecoutez, le moment venu, je présenterai ma candidature. Une chose est claire, c’est que j’ai une vision pour la jeunesse sénégalaise, plus particulièrement la jeunesse socialiste. J’ai des ambitions pour le Parti socialiste et je compte accompagner le Premier secrétaire Ousmane Tanor Dieng jusqu’au Palais. Et si mes camarades pensent que ce serait plus facile pour moi de le faire à la tête du Mouvement des jeunes, pourquoi pas ? Le moment venu, la base va se prononcer.