Bien qu'il ait avoué avoir détourné des fonds politiques : Pourquoi Idrissa Seck n'est pas inquiété

L'on s'interroge encore sur le silence des autorités après les aveux d'Idrissa Seck. La réponse se trouve dans le fait que le maire de Thiès est protégé par le caractère occulte, mais admis, qui entoure la gestion des fonds politiques.

Idrissa Seck est allé à confesse sur l'origine de sa richesse subite. Il a avoué avoir puisé, à souhait, dans les fonds politiques dont la gestion lui a été confiée par le président de la République qui en a la responsabilité discrétionnaire. Mais, selon des sources judiciaires, en dépit de cet aveu circonstancié qui heurte la morale et l'éthique (deux principes dont Idrissa Seck se veut l'incarnation en gavant les Sénégalais de sourates et de versets coraniques), le maire de Thiès ne sera pas inquiété. De par la matière surtout.

En effet, rappellent nos sources, ‘il est admis qu'on ne peut pas ouvrir une enquête sur les fonds politiques’. L'arrêt n°4 de la commission d'instruction près la Haute Cour de justice l'a d'ailleurs clairement précisé : ‘Aucune investigation ne saurait être envisagée sur le sort (des) crédits spéciaux qui échappent aux règles du droit commun de la comptabilité publique au même titre que les dépenses effectuées en matière militaire’. En l'espèce, la gestion de ces fonds par Idrissa Seck, quoique controversée, ne peut en aucun cas faire l'objet d'une enquête. Et, dès lors, le maire de Thiès peut dormir tranquille pour ce qui concerne ce dossier, bien qu'il ne bénéficie que d'un ‘non-lieu partiel sur les faits d'usurpation de titre et de détournement de deniers publics relatifs à la gestion des fonds politiques’. En effet, il y a une dichotomie entre le non-lieu partiel accordé à Idrissa Seck par la commission dinstruction et le constat fait par cette dernière sur l'impossibilité de mener des investigations sur les fonds spéciaux. Si l'ancien Premier ministre ne peut pas être poursuivi sur ce dossier, pourquoi ne lui a-t-on pas, tout bonnement, accordé un non-lieu total ?

Pour sa part, Idrissa Seck ne semble pas se faire du mauvais sang sur le sujet. Il l'aborde non sans aise. Sachant déjà qu'il ne peut être inquité sur ce dossier. C'est, d'ailleurs, ce qui est à l'origine du silence des autorités qui n'ont pas réagi après les déclarations d'Idrissa Seck. A part quelques réparties sporadiques de la part d'adversaires politiques du maire de Thiès comme Abdou Fall, c'est le calme plat. Mais, pouvait-il en être autrement, eu égard à ce qui est dit supra ? L'idée de clouer au pilori Idrissa Seck à partir de sa gestion des fonds politiques a été mal inspirée. Mais se sachant couvert par le caractère occulte qui entoure la gestion des fonds politiques, Idrissa Seck ne s'est pas gardé d'aborder la question, en se payant même le luxe d'avouer publiquement qu'il s'en est servi pour se remplir les poches.

Qu'est-ce qui motive alors cette sortie d'Idrissa Seck, lorsque l'on sait que l'aveu qu'il vient de faire porte un sérieux coup à l'image d'homme intègre qu'il cherche à renvoyer à ses compatriotes et à l'opinion internationale.