Quand le budget dit que Me Wade perçoit moins de 600 000 francs Cfa par mois, c’est le formalisme budgétaire dans le fonctionnement de l’Etat qui est décliné. En réalité, on sait que les moyens financiers du chef de l’Etat restent quasi illimités, et ce n’est pas demain qu’il rejoindra le camp des Goorgoorlou (débrouillards).
Travailler au palais de la République n’est pas ipso facto une sinécure au plan salarial car, il est aisé de s’apercevoir qu’il y a beaucoup mieux ailleurs. Mais le symbole qu’il représente, l’attractivité qu’il offre, les réseaux d’influence qu’il permet de tisser ici ou ailleurs, sans oublier les petits émoluments qu’il est loisible d’attendre des «fonds secrets» ou «spéciaux», pèsent plus lourd que tout pour les hommes politiques, notamment. Par exemple, le budget attribue une rémunération annuelle de 6 820 000 francs Cfa au président de la République. Cela équivaut à un salaire mensuel de 568 000 francs Cfa. C’est de pure forme car, on sait que les moyens financiers de ce dernier sont presque illimités. Pour comparaison, les anciens présidents (Diouf et Senghor) gagnent trois fois moins (170 000 francs environ).
Plus bas, les collaborateurs du chef de l’Etat ne sont pas logés à la même enseigne. Le seul ministre d’Etat auprès du Président gagne légèrement plus que son patron (572 000 francs mensuels), l’unique ministre chef de cabinet empoche 290 000 francs, de même que le directeur de cabinet. Ces trois piliers du cabinet perçoivent cependant moins qu’un ministre-conseiller (412 000 francs mensuels), qu’un conseiller technique (458 000 francs) ou qu’un conseiller spécial (495 000 francs). Un assistant peut ne pas se suffire de ses 23 000 francs s’il lorgne du côté d’un chargé de mission (337 000) ou du conseiller coutumier du palais (495 000 francs par mois). Il est à peine mieux servi que la secrétaire sténodactylographe (175 000 francs), qu’un chauffeur (160 000 francs) et qu’un gardien de la paix (120 000 francs mensuels).
Le secrétaire général de la présidence, avec son salaire de 430 000 francs Cfa, peut combler ses besoins avec le million de francs mensuel qu’il dit tirer d’une autre casquette : secrétaire exécutif de l’Anoci. Trois fois plus que le commis d’administration (124 000 francs de salaire) et l’électricien auto du service (103 000 francs), une fois et demi plus que le pâtissier de l’Intendance des palais… Des salaires très formels pour certains tant l’Etat et la République, à l’abri des curieux, savent s’occuper bien de ceux qui les servent.
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