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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

CASAMANCE : Ni paix, ni guerre

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CASAMANCE : Ni paix, ni guerre

Mouvement enrhumé ; processus de paix grippé ; l’argent exacerbe les dissensions. Le conflit armé en Casamance qui dure depuis plus de 25 ans perdure. La situation géographique du département de Bignona et la proximité avec la Gambie, semblent attiser les foyers de tension dans la région méridionale du pays. S’y ajoute le rôle et la part important de l’argent dans la gestion du dossier. Un état de fait qui a fini d’exacerber les ambiguïtés d’un processus de paix à la traîne. Et que le rappel à Dieu du leader historique du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), l’Abbé Diamacoune Senghor n’a pas été pour arranger les choses.

Sindian principal foyer de tension

Quand on évoque aujourd’hui le conflit casamançais, on pense automatiquement au département de Bignona (le plus vaste département de la région de Ziguinchor), un département qui est le plus souvent cité dans la crise depuis quelque temps maintenant. Plusieurs explications en donnent les raisons. Parmi lesquelles, la plupart de ceux qui dirigent actuellement le maquis, sont originaires de ce département de Bignona, dont les plus connus sont Salif Sadio qui est de Kartiak mais également Ismaila Magne Diémé, son principal rival qui est originaire de la même zone.

La végétation très touffue dans la zone pourrait s’adjoindre à la panoplie de raisons qui offrent des facilités de déplacements aux combattants du Mfdc. A cela, il faut ajouter la proximité avec la Gambie qui sert souvent de base arrière aux éléments du mouvement trop proche de la Gambie . Et cette zone se situe principalement dans l’arrondissement de Sindian notamment dans la Communauté rurale de Djibidioneou celle de Oulampane . Au déclenchement du conflit même si la plupart des combattants ont fait leurs premières armes au sud de la région, notamment le long de la frontière avec la Guinée-Bissau, le nord a été la zone de prédilection des bandes armées. ATIKA la branche armée a été fondée par Sidy Badji avant de rejoindre le nord à la faveur de l’accalmie et du cessez-le-feu signé en 1991 à Toubacouta . Le régime socialiste avait à l’époque financé des projet comme l’élevage ou le pain à Ebinako . Des GIE avaient été montés. Cela s’est aussi soldé par l’ouverture de cantonnement à Diakaye dirigé à l’époque par Ismaila Souaibou Diatta allias Kamougué au sud-ouest. La rupture entre Kamougué et Magne Diémé avait contraint le second à se déplacer et à créer des cantonnements dans la zone de Diouloulou . Le problème au sud entre Salif Sadio et Léopold Sagna s’est aussi soldé par l’ouverture de fronts

Si la proximité avec la Gambie reste un élément déterminant à la recrudescence de la violence à Sindian, il faudra certainement ajouter également la « complicité » des populations, ou ce qui passe comme telle, qui ont toléré la présence de ces élément armés favorables à Salif Sadio. Des éléments qui y ont implanté des bases comme à Tambaff, Petit koulay ; Balandir Tendine aux vu et au su des habitants. Certaines des populations qui leur ont méme parfois offert des lopins de terres. Aujourd’hui elles sont les principales victimes de cette situation. La plupart des combattants sont originaires du Blouf qui n’est pas souvent inquiété par ces derniers qui viennent se battre dans le Fogny et plus particulièrement dans le Sindian. Les populations paient durement cette situation avec d’éternels va-et vient entre la Gambie et le Sénégal. Plus de deux mille personnes sont aujourd’hui de l’autre coté de la Gambie

Une gestion à plusieurs facettes d’un dossier

Le conflit fratricide qui divise la Casamance et qui entre dans sa troisième décennie est à l’image d’un thermomètre ou la température ne cesse de monter et de descendre. Tantôt c’est le langage des armes avec son lot de morts, de blessés et de déplacés tantôt c’est le dialogue entre l’Etat et le Mfdc. Quand le conflit a éclaté une série de structures pour gérer le dossier avaient vu le jour sous le régime socialiste. Le clergé s’était même impliqué avec l’abbé é Louis Bass Mais avec l’avènement de l’alternance, le président Abdoulaye Wade gêné par cette kyrielle de structures a centralisé à son niveau le dossier confiant la gestion à qui il voulait . Du général Fall au général Wone qui ont tous piloté ce dossier en passant par Me Mbaye Jacque Diop le dossier Casamance a valsé dans sa gestion. Confié actuellement aux Sages du Fogny ce dossier connaît une nouvelle gestion qui a semblé faire fi des acquis engrangés par les accords signés . Des avancées significatives sont enregistrées par les sages qui ont réussi à convaincre certaines factions du mouvement des retombées des contours d’une paix dans leurs zones . Une entreprise qui semble recueillir ses fruits avec la pacification de la zone de diouloulou .La dernière rencontre à Katak une zone favorable au chef rebelle du front nord Ismaila Magne Diéme confirme l’engagement des populations de cette zone à œuvrer pour la paix. Mais cette lueur d’espoir contraste avec l’afro pessimisme brandi par certains qui voient dans la démarche des sages du Fogny des relents politiques car pour eux les membres de ce comité de sages sont des proches du ministre Farba Senghor. Autre interrogation soulevée pas des moindre est relative au champ d’action restreint. Ces sages parlent-ils au nom de toute la Casamance ou de la famille chérifienne ?

L’argent dans la gestion de la crise : Source de division

L’introduction de l’argent dans la gestion de la crise a suscité beaucoup d’appétits, mais aussi a créé des frustrations entre les combattants. Si aujourd’hui certains chefs rebelles se radicalisent de plus en plus c’est par ce qu’ils estiment que plusieurs sont corrompus par l’Etat. Ceux-là pensent que les moyens envoyés par l’Etat ne sont pas partagés de manière équitable ; certains sont favorisés au détriment des autres. Conséquence la rupture entre faction du Mfdc est d’avantage visible. C’est vrai que sous le régime socialiste l’argent circulait à flot dans le maquis mais le partage ne suscitait pas autant de polémiques ;mais depuis l’alternance l’argent a creusé le fossé entre les différentes structures rivales du Mfdc. Ce qui complique la gestion même du conflit dont l’implication de l’argent aiguise des appétits et a créé la fracture entre certaines factions du mouvement rebelle

Après Diamacoune ; Un mouvement disloqué

Le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance était déjà frappé par les dissensions en son sein, mais la mort de L’abbé Augustin Diamacoune a laissé derrière elle un mouvement plus divisé et méme perdu .Une mort qui a exacerbé les rivalités entre Ansoumana Badji et Jean Marie Biagui qui ne sont plus en odeur de sainteté . Le poste de secrétaire générale fait l’objet de convoitise entre ces deux responsables du mouvement. Aujourd’hui chacun tire le manteau de son coté . Le maquis lui longtemps coupé de l’aile politique est divisé en plusieurs tendances. Aujourd’hui il n’y a personne pour entreprendre le travail de réunification de sorte que c’est une situation de stand-by depuis la mort de Diamacoune . Non seulement entre les factions du Mfdc mais aussi entre l’Etat et le mouvement . L’absence de négociations, de rencontres fait traîner les choses. Chacun regarde l’autre et la nature a horreur du vide le langage des armes a pris la place des négociations. Pas d’initiatives pour mettre les gens autour d’une table. Conséquence depuis quelque temps les affrontements on repris dans le sindian ou les éléments de Salif Sadio et ceux de Magne Diémé ne cessent se livrent à des combats sans merci . Bayi Peul près de la frontière avec la Gambie (a quelques encablures du village de Yaya Jahmeh ) est le théâtre de bataille entre factions du Mfdc. La mort de Diamacoune a ainsi déchiqueté un mouvement en quête d’interlocuteur



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