DÉVOLUTION MONARCHIQUE DU POUVOIR : L'aveu d'une Ministre de Wade

« Nous allons élire Me Abdoulaye Wade qui, après cette élection, va passer le pouvoir à cet homme qui est là devant vous, Karim Meïssa Wade ». Cette déclaration du ministre Awa Ndiaye a été faite à Washington devant un parterre de libéraux qui ont applaudi selon le correspondant de la Rfm sur place.

Un aveu de taille qui est en porte-à-faux avec les déclarations des deux concernés. Des déclarations tout aussi récentes de Wade-père et de Wade-fils qui, tous les deux, devant des médias étrangers, ont nié toute velléité de dévolution monarchique du pouvoir.

« Le pouvoir ne s'hérite pas, il se mérite », avait dit Karim avant d'ajouter : « Il n'est pas dans l'intention du président de la République, ni dans mon intention, de procéder à une dévolution monarchique du pouvoir », assure-t-il.

Le président Wade lui-même, interrogé par nos confrères de radio Europe 1, l’avait déclaré : « Je n'ai pas l'intention de mettre mon fils à ma place avant de partir ». A l'en croire, « Il a le droit de faire de la politique.

Mais, c'est même une injure au peuple sénégalais de dire que les Sénégalais vont accepter que quelqu'un qu'ils aiment bien, le président Abdoulaye Wade, dise : Maintenant vous prenez mon fils ! Ça n'existe pas. Nous votons depuis plus d'un siècle ».

Pape Diop, le président du Sénat, a enfourché la même trompette : « Une dévolution monarchique du pouvoir est impossible au Sénégal, personne ne pourra accéder à la magistrature suprême sans passer par les urnes ».

Alors, pourquoi la ministre d'Etat Awa Ndiaye a pris le contre-pied de telles déclarations devant Karim lui-même. Parce que ce qu'elle a dit, reflète une certaine vérité en vogue dans le parti libéral au pouvoir.

La dévolution monarchique est un projet qui ne date pas d'aujourd'hui. L'existence de la Génération du concret, la nomination  de Karim à un super ministère et la mutation du Pds en Pds/L sont là pour en témoigner.

Il s'y ajoute le fait que la ministre Awa Ndiaye n'est pas la seule dans cette dynamique. D'autres responsables libéraux avaient eux aussi fait des déclarations similaires.

Ces déclarations sonnent alors comme un aveu, la maîtresse des preuves. Car, les déclarations du président Wade à Europe 1 étaient une sorte d'appel aux Sénégalais, pour qu'il lui accorde le bénéfice du doute, une présomption d'innocence.

Or, ce que le président oublie, c'est que nous sommes en politique, le jeu des réalités, des rapports de force. Et en politique, point de place pour la fiction comme en droit où l'on peut parler de la présomption d'innocence et mettre en prison ceux qui sont sensés en bénéficier.

Manifestement, les Sénégalais n'ont pas accordé à Wade et à son fils le bénéfice du doute. La preuve, nombres intellectuels avaient fait des sorties pour montrer que « personne n'est dupe ».

Aujourd'hui, Mme Awa Ndiaye a crevé l'abcès. Qu'on ne vienne pas nous dire qu'elle s'est trompée. Elle, cette partisane de toujours de la Génération du concret. Elle a pesé ses mots et elle sait ce qu'elle dit. Comme la plupart des Sénégalais du reste.