DESAVEU - L’Union régionale de Dakar : Mamadou Diop face à la colère des militants

Le vendredi dernier, l’Union régionale de Dakar du Parti socialiste (Ps) a tenu une réunion dans une salle de la Maison Léopold Sédar Senghor. Les coordinations de Dakar voulaient contraindre Mamadou Diop à renoncer à l’inititive de créer un courant au sein du Ps, en lui faisant signer une résolution.

La réunion a débuté à 18 heures et s’est prolongée jusqu’à de 1 heures 30 minutes de la nuit, dans la maison du Parti socialiste. Mamadou Diop, un des initiateurs du courant «Démocratie et solidarité» et secrétaire général de l’Union régionale de Dakar, avait été contraint par ses camarades pour répondre de sa participation dans ce courant qui secoue la vie du Ps, depuis plus d’une semaine. La séance fut houleuse et les propos fermes et durs envers l’ancien maire de Dakar.

Les militants, qui sont restés au-dehors, dans la cour qui sépare les bureaux de la Maison Léopold Sédar Senghor et le bâtiment qui abrite la salle du Bureau politique, donnent le ton et la tonalité des conversations qui se poursuivent dans la salle. Les formules d’usage consacrées à la période, «bonne année et bonne santé», sont vite dépassées. Ici, la priorité, c’est de donner son avis ou plutôt sa position sur le courant. Et courant et contre-courant, le débat est ouvert. A les suivre, l’on se rend compte que les «anti-courantistes» sont les plus nombreux ; en tout cas, ils sont les plus fougueux à expliquer «l’inopportunité» de cette initiative. Ceux qui pensent le contraire, taisent leur position, préférant se remémorer les époques glorieuses de Mamadou Diop quand il gagnait les joutes électorales à Dakar. Ou encore, défendre en aparté, que «Ousmana Tanor Dieng doit s’expliquer sur sa gestion des fonds du parti et de ce qu’il fait des subventions de l’Internationale socialiste». D’ailleurs, d’après les murmures recueillis sur place, il semble que les initiateurs du courant «Démocratie et solidarité» n’ont nullement l’intention de quitter la maison-mère. Seulement, ces militants, qui sont composés pour la plupart par la vieille garde du parti de Senghor, ne cherchent qu’à amener le Premier secrétaire à s’expliquer sur sa gestion «des ressources financières laissées par Abdou Diouf, au lendemain de l’alternance».

Toutefois, il semble que la majorité ne voit pas les événements de la même manière. Parmi les 33 coordinations qui composent l’Union régionale de Dakar, 28 s’inscrivent en porte-à-faux à la démarche des initiateurs du courant. Les échos de la longue réunion le confirment. Aïssatou Fall, présidente des Jeunesses féminines de la région, explique au sortir de la rencontre : «On a été très ferme avec M. Diop ; nous lui avons demandé de se retirer du courant et de présenter ses excuses à l’Union».

FIASCO

Quand les militants sont sortis de la salle, il y a eu un réchauffement de l’atmosphère. C’est à peine si certains d’entre eux n’ont pas injurié l’ancien maire de Dakar, qui feint de ne pas entendre pour avancer doucement vers sa voiture. Une dame, visiblement très remontée contre Mamadou Diop, le poursuit en proférant des insanités. Cette militante socialiste reproche à son secrétaire le fait de n’avoir pas tenu compte de la position de la majorité. D’après les informations reçues sur les lieux, les coordinations voulaient imposer à M. Diop de signer une résolution qui dénonce l’initiative du courant et l’oblige à s’y retirer. Toutefois, après que tous les responsables se sont prononcés pour convaincre le maire, ce dernier a déclaré que son «engagement dans le courant est une affaire personnelle qui ne concerne que lui». Une réponde qui a soulevé une vive réaction de l’assistance. Et dans la salle, un supporter de Mamadou Diop tape bruyamment sur la table. S’ensuit un véritable remue-ménage et la réunion se termine en queue-de-poisson. Finalement, la résolution n’a pas été adoptée. Mamadou Diop, accroché en fin de séance déclare : «L’union n’a rien à décider ; nous sommes en instance démocratique, et chacun a pu exprimer son opinion.»

Cependant, les commentaires vont bon train. Les uns marquent leur surprise tandis que d’autres menacent de sanctionner leur secrétaire général.

A ce moment, l’horloge affiche 1h 45 mn. La fraîcheur de la nuit impose sa loi. Les militants rejoignent, l’un après l’autre, les véhicules. Et le débat sur l’opportunité du courant «Démocratie et solidarité» se suspend à la maison Léopold Sédar Senghor, en attendant que les lueurs d’un autre jour en disent plus.