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Politique

Difficultés économiques et sociales au Sénégal : L’insoutenable silence de Wade

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Difficultés économiques et sociales au Sénégal : L’insoutenable silence de Wade
Il se passe quelque chose au Sénégal. Quoi précisément ? Il est absolument difficile de répondre à une interrogation interpellant toute une nation désormais en attente. Le maître du jeu lui-même, semble inscrire ses faits et gestes pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en mars 2000, dans une perspective attentiste. Il s’attend à une suite à ses nombreuses initiatives. On peut énumérer quelques exemples sur la longue liste d’actes isolés que rien ne lie pour le moment.

A ce titre, le chef de l’Etat a lancé solennellement la Grande Offensive Agricole pour le Nourriture et l’Abondance. Il entend pourtant mobiliser les fonds nécessaires estimés à plus de 300 milliards. De qui et sous quelle forme ? Personne ne sait pour le moment les termes des prochains accords entre le Sénégal et ses partenaires de développement pour financer les besoins en équipements lourds, en engrais et en investissements pour aménager et exploiter la terre. Il est permis de redouter un retour forcé à la politique d’ajustement que nous avons connu au débat des années 80. Economiquement, tout milite à un diktat des bailleurs de fonds surveillant de près les maigres budgets, les priorités et les dépenses. Tous les opérateurs économiques attendent des éclaircies financières.

Le Président Abdoulaye Wade veut modifier la constitution pour ramener le mandat de son successeur à la case de départ laissée par le premier président de la République, Léopold Sédar Senghor. Les citoyens sénégalais ne savent point quel est l’enjeu de cette initiative constitutionnelle d’un président en exercice qui vient d’être réélu à la tête de tête. Eux et leur président attendent de voir plus clair dans le jeu se dessinant à l’horizon d’une crise sociale, économique de plus en plus pressante. Le président et son peuple attendent également, l’issue de l’épreuve imposée par la flambée des prix des denrées de première nécessité et du renchérissement du coût de la vie dans la capitale économique et à l’intérieur du pays. Le monde rural aussi attend.

Il attend l’hivernage. Il attend un autre coup de main des pouvoirs publics qui ont débloqué une enveloppe de près de 10 milliards. Elle se révèle bien insuffisante pour contenir le malaise social paysan et la dégradation des conditions de vie des populations les plus déshéritées. La famine est déjà déclarée par certains acteurs politiques de l’opposition réclamant ouvertement l’aide de la communauté internationale. Ces adversaires du pouvoir libéral sont eux aussi dans l’attente. Ils ne savent plus quoi faire après les assises nationales devant démarrer au début du mois de juin prochain. Au-delà du procès de l’alternance, du Pds et du régime libéral, quoi faire et avec qui ? Ils attendent l’après assises nationales. Certains tentent à la limite d’anticiper en invitant le gouvernement aux assises pour au moins sauver la face du modèle démocratique au moment où la vague des révoltes alimentaires devient une bombe à retardement dans tout le continent noir.

L’attente est lisible aussi dans les rangs des organisations des travailleurs. Depuis l’ouverture de l’année scolaire, les enseignants sont en grève. Les enseignants du primaire et certaines franges du secondaire ont fini par se radicaliser à force d’attente en vain le petit geste du gouvernement en matière d’indemnité de recherche et de documentation. Les syndicats des travailleurs ont déclenché leur grève générale tant attendue. Ils ont attendu aussi longtemps le geste du patronat en faveur d’une augmentation significative des salaires rudement mis à l’épreuve de la baisse du pouvoir d’achat face à la montée des loyers, du transport et des denrées de premières nécessité. Et les chômeurs. Tout laisse croire que personne ne s’en occupe actuellement.

Le président, son gouvernement, les partis et les syndicats ont du pain sur la planche. Il faut sauver d’abord ceux qui ont la chance de travailler. Dans tous les cas, ceux qui ne travaillent pas, ne se font plus d’illusions. Ils attendent quelque chose non pas des acteurs de la vie politique mais des pays acceptant d’ouvrir leurs frontières aux jeunes Sénégalais et aux Africains à la recherche de solutions de survie. L’attente n’épargne guère les acteurs de la société civile. Cette dernière n’a plus de discours propre. Elle est assommée par les sorties récurrentes du chef de l’Etat. La dernière contre la FAO annonce bien d’autres contre les organisations non gouvernementales les moins avisées sur le terrain miné de la politique.

Cette longue attente va certainement continuer au moins quelques semaines, voire quelques mois. Autrement dit, en attendant quoi…, le Sénégal prête au moins une attention plus attentive à l’écoute de ce qui bouge ici et là au palais et dans la rue. Le réveil pourrait bien être brusque et violent. De ce côté, rien n’est plus à exclure. Le président Abdoulaye Wade est un homme politique. Il a de l’expérience. Les actes qu’il a posés au cours de ces derniers mois auront nécessairement une suite. Ce n’est point un acteur politique qui renonce facilement à ses convictions politiques surtout quant elles sont intimes. Il attend simplement le moment qu’il aura choisi pour avancer au grand jour. En face, le peuple lui sait qu’il n’a rien à perdre à attendre les décisions soit du gouvernement soit de l’opposition. Il choisira tôt ou tard de rompre son silence contenu. Et, la peur de l’attente a, souvent, sécrété des réactions imprévisibles, tant par le pouvoir que par les adversaires de ceux qui gouvernent.

 



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