Distribution des cartes d’électeur : Mme Abdou Diouf privée de vote

A quelques heures de l’élection présidentielle, les Sénégalais continuent de faire la valse au niveau des différentes commissions de distribution pour retirer leurs cartes. Aux mines joyeuses, s’opposent des visages noirs de colère, furieux de ne pas trouver le précieux sésame du 25 février. Une situation qui s’expliquerait, en partie, par un manque de vérification des listes provisoires. A cet effet, Cheikh Guèye, le directeur général des élections, lève un coin du voile. «Ces électeurs n’ont pas vérifié leur présence sur les listes lors de la publication provisoire du fichier et maintenant l’inscription est rejetée et le fichier est fermé. Pourtant, on a fait une vaste campagne de communication, on pouvait vérifier par sms, numéro vert, etc.» Il faudrait peut-être indiquer que la période contentieuse a été réduite à sa plus simple expression en raison des contraintes de délais inhérentes au retard global enregistré dans la conduite à terme du processus électoral. N’empêche, l’objectif assigné est en phase d’être poursuivi. Le taux de retrait est de 90%, soit près de quatre millions d’électeurs. Aux dernières nouvelles, les premières tendances plébiscitent Dakar avec 91% et Kolda fermait la marche avec ses 65% de retrait. Les autres régions tourneraient autour de 70%. Il faudra encore compter sur le légendaire rush de dernière minute des Sénégalais durant ce week-end pour flirter d’avec les 100%. Mais, Cheikh Guèye prévient: « Ce n’est pas prudent d’attendre le dernier jour pour retirer sa carte, le temps est limité.»

France : L’épouse et le staff de Abdou Diouf privés de vote

Depuis quelque temps, les autorités en charge du processus électoral livrent des discours de satisfaction pour s’enorgueillir du taux très élevé de production et de distribution des cartes d’électeurs. Malgré les chiffres communiqués à la pelle, il reste que des Sénégalais qui s’étaient inscrits depuis longtemps n’arrivent toujours pas à retrouver leurs cartes dans les commissions où ils s’étaient inscrits.

Ces manquements ne sont pas seulement enregistrés dans le pays, car des Sénégalais établis à l’étranger se trouvent dans le même cas. En effet, selon des informations recueillies auprès des concitoyens en service à l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), «les plus proches collaborateurs de l’ancien président de la République du Sénégal, Abdou Diouf, actuellement en service à Paris, n’ont pas encore vu la couleur de leur carte d’électeur malgré leurs maints déplacements auprès de la commission où ils s’étaient fait inscrire, en France». Mais, le cas le plus cocasse, poursuivent nos sources, «reste celui de l’épouse de l’ancien Président, Elizabeth Diouf, qui, pourtant a été inscrite le même jour que son époux». En effet, nos interlocuteurs ne manquent pas de s’étonner que «la carte de Abdou Diouf soit produite et retirée par son propriétaire alors que celle de son épouse n’est pas encore arrivée à Paris». Nos sources sont formelles : jusqu’en milieu de cette semaine-ci, l’ancienne Première dame de la République n’avait pas encore vu la couleur de son document de vote, ni celle de sa carte nationale d’identité numérisée.

Parmi les membres du staff du secrétaire général de l’Oif à n’avoir pu entrer en possession de leur carte d’électeur, figure l’ancien ministre des Sports, Ousmane Paye. Et nos sources d’ajouter les noms de «Tidiane Dioh ou de Christian Valentin». Cette situation est sujette à des inquiétudes au sein du staff de l’ancien chef de l’Etat sénégalais dans la mesure où l’on redoute leur «exclusion de la liste des Sénégalais devant accomplir leur droit civique». Ces inquiétudes sont fondées sur le constat selon lequel «seules 24 heures nous séparent du jour du scrutin et l’on ne pense pas que l’on puisse, en si peu de temps, produire les cartes à Dakar et les acheminer à Paris». Par ailleurs, cette question liée à l’impossibilité pour certains de nos compatriotes de retrouver leur carte d’électeur n’est pas du fait du hasard. Car, nombreux sont les citoyens qui croient que «les autorités font exprès de ne pas produire les cartes dont leurs propriétaires seraient défavorables au régime».