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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Editorial : La comédie Sow ( Par Alioune Ndiaye )

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Editorial : La comédie Sow ( Par Alioune Ndiaye )

Le docteur Aliou Show est un promoteur de spectacles peu inventif. Le  ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales perpétue une tradition politique coloniale. C’était à la fin des temps infâmes de l’indigénat. Quand le sujet français accéda par la magie de la loi Lamine Guèye à la citoyenneté française. Rompus aux jeux d’amalgame, des leaders des quatre communes et les nouveaux collabos de la puissance coloniale nouèrent une sainte alliance. Cette société de connivence tacite vit, depuis, de manœuvres et d’apparences. Elle a flatté nos vices et étouffé nos vertus. Elle a inventé le clientélisme et la démocratie par procuration des grands électeurs. Pour semer les esprits, la tribu des élites politico-affairistes organise régulièrement des shows médiatiques. Des coups d’éclat pour dissimuler un état d’esprit et un esprit d’Etat. L’avoir est au centre de leur jeu de pouvoir. L’argent fait leur sang. Ce n’est plus le nerf de la guerre, c’est le corps du délit. Les tunes sont de puissants revolvers équipés de silencieux. C’est l’arme fatale pour forcer les portes et les caisses, vivre en palace et vêtir ses maîtresses. Empêcher un socialiste de disposer d’un trésor de guerre pour 2012, voilà les raisons véritables de l’initiative du président de la République contre les délibérations de la mairie de Dakar. C’est une mise en joue en bonne et due forme : haut les mains, que personne ne bouge !

Wade avait inauguré la méthode depuis bien longtemps. En janvier 2009, à l’approche des élections locales, il avait testé la formule sur son ancien Premier ministre. Et la politique de harcèlement n’avait pas prêté à conséquence. Macky Sall avait été accusé de blanchiment d’argent en complicité avec un chef d’Etat étranger. Le Sopi avait poussé jusqu’aux frontières de l’outrecuidance. Le défunt président gabonais Omar Bongo avait été désigné du doigt. La manœuvre avait fait long feu et ajouté à l’exaspération des Dakarois. Aux élections locales de mars 2009, le vote de défoulement avait eu raison des Wade jusque dans leurs propres bureaux de vote. Mais  les obsessions  sont parfois incurables. Le secrétaire général du Pds s’est fait une religion sur le caractère marchand des convictions des Sénégalais. Ici, semble nous dire Wade, tout se vend et tout s’achète. C’est pourquoi il peut supporter le débat sur son bilan et les accusations de malversation ou de banqueroute frauduleuse. Il ne peut, cependant, souffrir de voir un concurrent s’enrichir. Il avait ameuté toute la République et ses moyens pour une simple demande de sponsoring. Voir 15 milliards de Fcfa sortir des caisses de la mairie de Dakar sans tomber entre des mains libérales paraît pour lui bien insupportable. Idrissa Seck l’avait compris. Bien tard, il est vrai.

Le 29 janvier 2005, le maire de Thiès, emprisonné, avait paraphé le document d’achat de sa liberté. Surnommé Protocole de Rebeuss, cette entente scandaleuse avait été brandie par le chef de l’Etat lui-même au lendemain de sa réélection en 2007. Me Wade expliqua avoir obtenu de son ancien sherpa le versement de 7 milliards de Fcfa de rançon avant la présidentielle. Mieux, Idrissa Seck se serait engagé à verser le reliquat pour financer la campagne de la présidentielle de 2012. Aveux ne peuvent être plus circonstanciés. Idrissa Seck avait quelque part raison. Il avait été bien emprisonné jusqu’à ce qu’il accepte de partager le butin. Dans son langage verdoyant, il qualifia la manœuvre de prise d’otage accompagnée d’une demande de rançon. Avec la mairie de Dakar, le scénario est tout autre. Là, on est confronté à une sorte de guerre des gangs à l’américaine. Enjeu : le contrôle de l’argent, terre et  trottoirs de toutes les contrebandes.

Les arguments avancés lors du dernier conseil des ministres ne tiennent pas la route. Dans la forme, la démarche est ridicule et insensée. Un gouvernement ne peut ouvrir une information judiciaire contre les délibérations d’un Conseil municipal. Dans le fond, aucun argument de droit ne justifie cette sortie intempestive. Le prétexte de la sauvegarde des intérêts du peuple est une insulte à l’intelligence des Sénégalais. L’affaire des terres de l’aéroport Léopold Sédar Senghor et celle des villas présidentielles du sommet de l’Oci ont précédé ce vacarme. Dans le dernier cas, le livre d’Abdoulatif Coulibaly nous refroidit. Plus de 24 milliards du contribuable ont été dégagés sans qu’on ne voie sur le site une seule de ces villas fantômes. Aliou Show et son patron doivent arrêter la comédie. Il y a suffisamment de discernement dans ce pays pour déjouer la feinte. La cupidité des Sénégalais n’est pas une vérité absolue. En 2000, Wade a marché jusqu’au Palais sans un sou vaillant. Certes, en 2007, l’argent avait joué un rôle décisif dans la réélection du candidat du Sopi. Mais la vérité de janvier n’est pas celle de septembre. Et à la chandelle, la chèvre semble demoiselle.



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