Elimane Racine Sy de l'Urd/Fal accuse :« C'est l'argent qui fait courir Saleh »

« Personne ne peut vendre l'Union pour le renouveau démocratique/Front pour l'alternance ». Telle fut la réplique de Mahmoud Saleh à l'actuel ministre et néo-libéral Aziz Sow. C'était quand celui-ci s'apprêtait à descendre dans le pavillon du parti au pouvoir. Aujourd'hui, c'est Elimane Racine Sy, délégué national de l'Urd/Fal, qui retourne l'assassine et accusatrice phrase à son auteur, par ailleurs leur délégué national à l'orientation. Pour M. Sy, membre fondateur de l'Urd, ce sont des billets de banque qui sont à l'origine du « coup d'état politique » que M. Saleh aurait enclenché depuis sa proclamation du Nouveau parti, à la place de L'Urd/Fal.

« L'Urd/Fal ne peut pas mourir. Ses membres fondateurs autant que ses militants ne veulent pas à sa place d'un Nouveau parti, qui ressemble bien à une apologie wadienne par Saleh ». La déclaration est de Elimane Racine Sy, un des délégués nationaux de l'Union pour le renouveau démocratique/Front pour l'alternance (Urd/Fal), dont M. Saleh a déclaré dimanche dernier la fin « historique ». Les « idéologies étant mortes », Saleh tient désormais au « Nouveau parti », à la place de l'Urd/Fal.
Derrière la déchirure : l'argent 
Mais pour M. Sy, son camarade (jusqu'au dimanche dernier ?) n'a pas tout dit. Car, rappelle-t-il, au sortir de son audience avec le président de la République et chef du parti au pouvoir, M. Saleh «a réussi on ne sait comment », à financer les assises de leur réunion houleuse du dimanche dernier jusqu'à hauteur de 1 500 000 Fcfa. Il aurait aussi décaissé, « sur fonds propres », pour la convention de l'Urd de Mbour, 500 000 Fcfa. Pour celle de Thiès, ce sont 900 000 Fcfa qui auraient été décaissés. Soit donc un total près de trois millions de nos francs, en moins de deux semaines ! Pourtant souligne M. Sy, « à ce que je sache, M. Saleh n'est pas si liquide. D'ailleurs, ses soucis étaient ailleurs. Car, suite à son emprisonnement, nous nous sommes bagarrés quatre mois durant pour qu'il obtienne un non-lieu. Il a par la suite suspendu ses activités politiques pendant deux mois. Dernièrement, il avait mis sa démission sur la table de notre président Doudou Sarr. C'est moi qui suis intervenu pour le raisonner de revenir sur sa décision ». S'y ajoute, selon un autre de leurs militants, qui tient à garder l'anonymat, que M. Saleh devait même un prêt à une banque de la place, « non encore pleinement remboursé ». Une façon de dire que derrière la « volte-face » de leur délégué national, se cache l'argent ? « Tout l'indique, mais tout sera clair les prochains jours », se contente d'annoncer M. Sy dans notre salle de rédaction.
A l'en croire aussi, l'Urd n'a pas été demandeuse de l'audience, accordée à leur camarade par Me Wade. Leur organisation politique aurait même été mise devant le fait accompli. C'est par les médias « que la plupart des militants ont appris la nomination de Saleh, comme ministre-conseiller auprès du chef de l'Etat » ! Une manière d'insinuer qu'il y a anguille sous roche. Surtout que M. Saleh leur aurait assuré dimanche dernier qu'il allait décrocher pour le « Nouveau parti », et dans les quotas du Parti démocratique sénégalais (Pds), dix députés, des véhicules 4x4 et suffisamment de carburant (des milliers de litres ). « Seul le petit doigt est sorti, il reste beaucoup », avait déclaré à l'assemblée du dimanche dernier M. Saleh.
Saleh a rencontré Me Wade en solo
Pourtant, souligne M. Sy, leur parti n'a donné à M. Saleh « aucune carte blanche pour négocier avec Me Wade à son nom ». Il n'en aurait même pas la compétence ; Doudou Sarr étant le président de l'Urd/Fal ; donc, son « responsable moral ». M. Sy ne comprend pas que son camarade se permette de négocier « en solo », et qu'il ne tienne pas à ce que leur parti rencontre le secrétaire général du Pds, pour discuter avec lui des modalités pour le soutenir à la prochaine élection présidentielle ; « si telle était la volonté de l'écrasante majorité de nos militants ».
C'était pour dire que les décisions prises à l'occasion de leur réunion du dimanche dernier sont « nulles et non avenues ». Parce que, M. Saleh avait convoqué les uns et les autres au nom de leur délégation exécutive ; mais qu'il n'avait pas la compétence de transformer la rencontre en une instance qui puisse prendre des « décisions radicales du genre : qui soutenir, quel nouveau nom pour le parti ». M. Sy, catégorique, d'ajouter : « seul le président Doudou Sarr est habilité à convoquer une telle rencontre ». D'ailleurs, souligne-t-il, selon les dispositions du Code des obligations civiles et commerciales, en son article 33, le récépissé de leur parti est « inaliénable ». Car, pour changer le nom de leur formation, il fallait la présence des 2/3 des délégués élus, et que la décision enterrant l'Urd/Fal, pour le Np, soit votée par une majorité absolue. Or, soutient M. Sy, le dimanche dernier, tous les délégués de leur parti n'étaient pas présents. M. Saleh aurait fait voter ses « intentions » par des « militants acquis à sa cause ; mais qui ne sont pas des délégués. Ils constituaient les 80 % des présents à la réunion de dimanche dernier », s'offusque-t-il. M. Sy d'avancer que 17 délégués sur les 30, que compte l'Urd/Fal, seraient du même avis et du même camp que lui.
Saleh aurait fait dans le népotisme
Un point non moins important : M. Saleh aurait fait dimanche dernier « du népotisme ». Car, développe M. Sy, celui qu'il a imposé comme porte-parole du jour, Pape Ndao, serait son demi-frère. Ceci, « pendant que l'Urd regorge de compétences et de voix plus avisées ». Qu'est-ce que lui et ses partisans feront pour contrer M. Saleh ? M. Sy de lâcher : « mais l'exclure de l'Urd, s'il persiste. Il sera libre de créer, après, son NP ; mais ce sera sans nous. L'Urd/Fal demeurera ». De sources proches de leur président, nous apprenons que Doudou Sarr va convoquer le secrétariat exécutif de leur parti vendredi prochain. Aux fins d'arrondir les angles ? Pour sanctionner M. Saleh ou le confirmer ? Ce sera la rencontre «de toutes les possibilités », se contentent de déclarer nos sources. Le clash pourra-t-il être évité ? La rupture consommée : ce serait une répétition de l'histoire dans l'Urd/Fal ; en moins de six ans. Car la première césure dans cette formation pour le moins turbulente, est intervenue entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2000 : Djibo Kâ qui présidait à ses destinées ira vers le candidat socialiste Abdou Diouf ; l'aile trotskiste dirigée par Doudou Sarr et Mahmoud Saleh, vers Me Wade. Deuxième césure : Samba Diouldé Thiam et son ami Kalidou Diallo largueront les amarres, pour fonder le Prc. Troisième césure : Ndiaye Diodjo, le responsable du parti à Diourbel, mettra les voiles pour créer son propre parti. Quatrième césure, sans envergure celle-là : Abdou Aziz Sow les quittera à son tour pour adhérer au Pds. Jamais quatre sans cinq ? L'avenir édifiera l'opinion…