Les ambitions de Karim Wade pour le fauteuil présidentiel se précisent de plus en plus. Dernier acte d'une trame qui n'a pas encore révélé tous ses secrets : la transformation du slogan ‘Génération du concret’ en une association déclarée et légalement reconnue. A n'en pas douter, cette structure sera le principal était sur lequel va s'appuyer Karim Wade pour atteindre les cimes de l'Etat. L'atteindra-t-il ? Il lui faudra inéluctablement ‘marcher sur les cadavres’ de certains caciques du Pds, mais aussi du landernau politique, en général.
La réconciliation, scellée à Diourbel, entre Macky Sall et Aminata Tall n'est pas à circonscrire dans le contexte réducteur de la campagne électorale qui nécessite, certes, une union des forces pour vaincre les adversaires de la ‘coalition Sopi’, mais aussi et surtout pour relever le défi de la participation que l'opposition boycotteuse a lancé au président Abdoulaye Wade. La vérité non avouée que cachent ces retrouvailles, selon une source proche du Pds, ‘c'est que le Premier ministre et le maire de Dioubel veulent barrer la route à Karim Wade dont les ambitions pour le palais sont de plus en plus affirmées’. S'unir ou disparaître, tel semble être l'impératif qui s'impose aux caciques du Pds dont l'idée de se ranger derrière le fils du président de la République n'agrée guère. Pour les autres qui acceptent, d'emblée, de constituer le tapis sur lequel Karim Wade va marcher pour aller vers le sommet de l'Etat, la question ne se pose pas. Le jeune prince compte, d'ailleurs, dans ce dernier lot, beaucoup d'affidés au sein de l'Etat. Et Karim Wade n'en manque pas, non plus, selon nos sources, au niveau de certaines sphères insoupçonnées de l'opposition.
Mais Macky Sall et Aminata Tall devront, dans la dynamique unitaire, élargir l'assiette de leur ‘union sacrée’ à certains responsables libéraux considérés comme des tireurs embusqués et qui n'ont pas encore dit leur... premier mot dans le scénario qui se dessine devant eux. Il s'agit - et la liste est loin d'être exhaustive - de Lamine Bâ, Ousmane Ngom, Ousmane Masseck Ndiaye, Cheikh Tidiane Sy. Ces gens-là, Karim Wade devra marcher sur leurs cadavres pour arriver à la magistrature suprême parce qu'ils ne lui feront pas de quartiers.
Sur son chemin, Karim Wade devra, aussi, en découdre avec les leaders de l'opposition. En premier, l'ex-’fils d'emprunt’ du président Wade, Idrissa Seck. Arrivé deuxième à l'issue de l'élection présidentielle du 25 février dernier, celui-ci s'est taillé une légitimité populaire et s'est, dans le même temps, affranchi de la tutelle de Wade. Etant donné que Karim Wade, même se voyant mis le pied à l'étrier, n'a d'autre choix, vu la Constitution actuelle (sous réserve d'une modifictaion), que de passer par le suffrage universel pour espérer un mandat présidentiel, il devra, dans cette contingence, croiser le fer avec Idrissa Seck.
Que dire de Djibo Kâ qui a déclaré qu'il ne se présentera jamais plus à la présidentielle tant que Wade briguera le suffrage des Sénégalais? Cette déclaration écarte tout soutient à Karim Wade dans la ‘bataille de la succession’ au président Wade. Quid de Robert Sagna qui a décidé, dopé par sa cinquième place à la présidentielle, de ne plus jouer les seconds rôles dans le Ps, un parti qu'il va bientôt quitter? Ousmane Tanor Dieng qui mène un duel à distance contre Idrissa Seck pour le contrôle du titre de leader de l'opposition, avec une courte avance du maire de Thiès sur lui à la suite de la présidentielle, ne se laissera pas compter cette ‘guerre de succession’.
Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily, Landing Savané, malgré un score pas très peu flatteur à la dernière présidentielle, n'ont pas dit leur dernier mot. Et, à défaut de pouvoir occuper le fauteuil présidentiel, leur soutien sera de taille pour tout prétendant en pôle position, lequel ne saurait être Karim Wade.
En attendant, dans l'entourage du président de l'Agence nationale de l'Oci (Anoci), on taille, sans avoir l'air d'y toucher, une cotte de présidentiable à Karim Wade. Le slogan ‘Génération du concret’, estampillé sur des infrastructures publiques faites avec de l'argent public, est éloquent. La propension du président Wade à confier tous les grands chantiers de l'Etat à son fils, entre dans cette logique. Karim Wade déborde, désormais, du cadre de l'organisation du sommet islamique, sa mission initiale, pour embrasser d'autres projets étatiques. Pour sa part, le fils du président Wade multiplie les opérations de charme envers la jeunesse, à qui il a offert un ‘concert de remerciement’ d'un coût estimé à près de 20 millions de francs Cfa. Récemment, il a tenté de séduire l'électorat mouride en participant à hauteur de 50 millions de francs Cfa à la constrution de la mosquée Gouye Mouride de Niary Tally. Et il se susurre qu'il ne serait pas contre l'idée d'intégrer le comité directeur du Pds dès après les élections législatives.
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