ENCORE SOUS LE CHOC : L’opposition parle d’achats de conscience

Abdoulaye Bathily, Cheikh Bamba Dièye, la section de l’opposition à Paris… les premières voix qui s’élèvent dans l’opposition après la sortie des premières tendances de la présidentielle qui plébiscitent Wade soutiennent la thèse de l’achat de conscience…

Les représentants des partis vaincus en France, qui n'en reviennent toujours pas, parlent d' "achats de conscience" pour expliquer l'énorme crue réalisée par le président Wade, dimanche. Ce n'est que le "fruit du travail" militant, rétorque t-on dans le camp d'en face.

Avec plus de 53% des suffrages exprimés en région parisienne et 63% en Normandie, Me Wade a largement devancé ses concurrents. Si les résultats provisoires ne sont toujours pas connus, il est cependant évident que le fossé qui sépare le président sortant et ses challengers est énorme. A l'image de ce qui s'est passé sur le territoire national, il a fait cavalier seul partout en France.
En Normandie par exemple, il a obtenu plus de 50 points sur son poursuivant immédiat, Moustapha Niasse, le candidat de la coalition Alternative 2007 (63% contre 7,2%). C'est justement l'énormité de ces écarts qui a donné un coup de semonce aux représentants des partis ou coalitions adverses. Ici, l'incompréhension, mais surtout l'"achat de consciences" sont avancés pour expliquer la raclée.

"Les Sénégalais n'ont pas compris le message qu'on a essayé de faire passer", se désole, fataliste, Bamba Dramé du directoire de campagne de Robert Sagna en France. Qui ajoute: "Ils ont regardé l'argent qu'on leur a donné. On (le Pds) leur a donné trop d'argent pour qu'ils comprennent". L' "achat" des voix, c'est ce qu'avance également, Fatou Sagna, la coordinatrice du directoire de campagne de l'Aj/Pads à Paris. "Pour certains, la politique est une question d'argent. Les dernières réunions du Pds ont tourné sur la question de savoir comment on va distribuer les sous pour amener les gens à voter". Brahim Camara du Ps abonde dans le même sens: "Le Pds avait les moyens pour non seulement acheter les consciences, mais également pour louer des cars et transporter leurs électeurs.
Nous, n'ayant pas les mêmes moyens, la plupart de nos militants sont restés à la maison". Ce dernier avance également le "tapage médiatique" de la RTS qui montre des "routes" pour "tromper" ces "expatriés" qui "ne vont pas souvent au Sénégal". "Ce que je ne comprend pas c'est que les Sénégalais ne puissent pas comprendre que cet argent qu'on leur offre c'est leur propre argent", peste pour sa part Hélène Chaupin de l'Alliance des forces du progrès (Afp).

Dans le camp libéral, on considère que l'opposition joue au mauvais perdant. Pour le coordonnateur du comité électoral du Pds, Mamadou Lamine Thiam, l'écrasante victoire de son candidat est "le fruit d'un travail entamé depuis quatre à cinq ans. Nous rendons visite à nos militants dans les foyers pour les fidéliser". Le coordonnateur de la Cellule Initiatives et stratégies (Cis) indique également l'importance du travail accompli pour mobiliser les jeunes Sénégalais issus de l'immigration. A ses yeux, la participation massive de ces derniers a été déterminante dans l'écrasante victoire de Me Wade.

Mais il n'oublie pas non plus l'apport de leurs alliés de l'Urd et du Pr. "Leur présence à nos côtés a permis de rendre plus éclatante notre victoire", reconnaît Mamadou Lamine Thiam qui salue également l"'excellent travail du député des Sénégalais de l'extérieur (Amadou Ciré Sall) qui est toujours sur le terrain". De son côté, Amadou Sow du mouvement de soutien Arc-en-ciel soutient que l'écart entre Wade et ses concurrents s'explique par le fait que "l'opposition ne maîtrise pas ses militants".