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Politique

ENQUETE SUR LE BILAN DE L'ANOCI : LATIF ACCABLE KARIM ET BALDE

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ENQUETE SUR LE BILAN DE L'ANOCI : LATIF ACCABLE KARIM ET BALDE

Un peu plus d’un mois après le bilan présenté par les responsables de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci), Karim Wade et Abdoulaye Baldé, le journaliste d’investigation sort un contre-bilan accablant. Basé sur les documents officiels de l’Agence elle-même, Abdou Latif Coulibaly sort un «document d’enquêtes» où il note que beaucoup plus d’argent a été dépensé sur fond de «gaspillage et d’extravagances». 

«Un faux bilan». Voilà ce que les dirigeants de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci) ont présenté à l’opinion nationale et internationale le 16 juin 2009 lors de la dernière session du Conseil de surveillance de la structure. Ce constat accablant a été fait par le journaliste d’investigation Abdoul Latif Coulibaly qui en fait l’économie dans un ouvrage d’environ 215 pages au titre ironique et assez provocateur : «Contes et mécomptes de l’Anoci» (Editions Sentinelles). L’auteur a présenté son travail ce dimanche au cours d’une conférence de presse en présence de nombreuses personnes issues de la société civile, du milieu politique, etc. Les conclusions de son «document d’enquêtes» et «brûlot ou pamphlet», précise M. Coulibaly, sont exposés dès l’entame en des termes tranchants, sans ambiguïtés possibles. Contrairement à ce qu’ont annoncé le président et le directeur exécutif de l’Agence, respectivement Karim Wade et Abdoulaye Baldé, «l’Anoci a dépensé pour l’organisation de la conférence islamique (Ndlr : tenue les 13 et 14 mars 2008, à Dakar) une somme totale de 205 milliards 211 millions FCfa». Or, MM. Wade et Baldé ont dit avoir dépensé 72 milliards FCfa pour les travaux réalisés dans Dakar, rappelle le journaliste. De même, les responsables de l’Anoci se sont réjouis d’avoir pu mobiliser 432 milliards FCfa, M. Coulibaly relève : «Le décompte que nous avons pu établir à partir de leurs documents (ceux des dirigeants de l’Anoci) indique qu’une somme globale de 172 milliards FCfa a été effectivement mobilisée (emprunt divers, dons et autres)». Et encore, «les montants annoncés ont été en fait mobilisés par le biais de la coopération financière internationale qui, sous l’impulsion du ministère de l’Economie et des Finances, a utilisé les réseaux classiques et traditionnels de la coopération mise en route depuis l’aube des indépendances».

«3 projets réalisés sur 9 chantiers identifiés»

Pour comprendre ces écarts entre les déclarations du duo à la tête de l’Anoci, le journaliste d’investigation est allé dans le diable des détails. Il les a débusqués dans des documents officiels de l’Anoci dont il a obtenu copie, à savoir le rapport de contrôle de gestion de l’agence et celui donné par son directeur exécutif lors de la clôture de l’exercice 2006, le budget de l’exercice 2008 tel qu’adopté par le conseil de surveillance en octobre 2007, ainsi que le rapport 2006 du commissaire aux comptes de l’agence (Cagec Suarl) présenté en décembre 2006. Dans son enquête menée sur une durée de 7 mois à un an, Abdou Latif Coulibaly retient que seulement trois (3) projets ont été réalisés sur neuf chantiers identifiés au départ, soit 1/3 de ce qui avait été arrêté. Ces réalisations effectives sont : la corniche ouest, la route de la Mosquée de la Divinité, Vdn. Signe particulier relevé par le journaliste, ces trois travaux ont tous connu des dépassements budgétaires (par le truchement de dépenses additionnelles). La corniche ouest est à ce titre emblématique. «Au départ, le marché de la corniche ouest, qui était fixé à l’origine à 22 milliards FCfa, a été réalisé pour un coût global de 40 milliards de FCfa», soit un surplus de plus de 95%. Pour M. Coulibaly, «le laxisme et le laisser-faire de l’autorité de régulation des marchés publics dans ce cas d’espèce et dans le cas de tous les autres marché de l’Anoci, ont certainement permis une spoliation à grande échelle du Trésor public».

Extravagances et gaspillages

Le signataire du document d’enquête «Contes et mécomptes de l’Anoci» souligne ainsi que «les auteurs de cette spoliation ont revêtu toutes les apparences de légalités». Dans un point intitulé «Au pays de Cocagne ou Neverland tropical», l’auteur de «Contes et mécomptes de l’Anoci» scrute les différents documents de l’Agence qui détaillent ses dépenses et ses investissements. «On en sort complètement sidéré, sur leur opportunité et sur leur cohérence d’ensemble», commente-t-il. Selon M. Coulibaly, «sans mépris aucun, ni dédain, on peut croire et dire que ce fut comme à la kermesse où l’enfant, accompagné d’un papa-gâteau généreux et magnanime, accorde tout à son fiston et paie, à tous les coups, les demandes de son rejeton ébloui par l’achalandage des stands de jeu». Il indique que le rapport présenté à la fin de l’exercice 2006 par le directeur exécutif de l’Anoci, Abdoulaye Baldé, est illustratif à cet égard. Le journaliste met en épingle plusieurs exemples, dont une lampe (luminaire) facturé à…8 millions FCfa installés dans le bureau de Karim Wade. Il se demande aussi quels sont les appareils de photo qui ont coûté 8 et 9 millions FCfa à l’Anoci. Le journaliste nous apprend également que l’habillement des hôtesses et des autres personnels d’appui a coûté au total…400 millions FCfa.

«Marchés éclatés, virements de crédit…»

Cependant, écrit Abdoul Latif Coulibaly, «le plus choquant de toutes ces dépenses, aura sans conteste été les 750 millions de FCfa consacrés à l’aménagement et l’ameublement des locaux du siège de l’Anoci, les 1er, 2ème et 10ème étages de l’immeuble Tamaro dans le centre-ville de Dakar. L’inventaire des dépenses «extravagantes» est loin d’être exhaustif.   Ainsi, note le journaliste : «Sans pouvoir établir la preuve d’un enrichissement personnel, au bénéfice d’un seul responsable de ce gaspillage d’argent public sans précédent dans notre pays, force est de reconnaître aujourd’hui que les auteurs de ce gaspillage organisé sont tout sauf de bons gestionnaires, soucieux avant tout d’utiliser de façon rationnelle les deniers de la nation confiés à leur garde». Cette dilapidation a pu s’effectuer en utilisant, à en croire Abdou Latif Coulibaly, plusieurs techniques de dépenses dont «les marchés éclatés», les virements de crédit, etc. ; le tout en toute illégalité au regard des textes régissant la bonne gouvernance. Selon le journaliste d’investigation, les travaux de l’Anoci ont été, contrairement à ce qui a été déclaré par les tenants du pouvoir, financés «pour l’essentiel» avec les deniers du contribuable (Trésor public, emprunts, etc.), «ce qui n’était pas le cas pour le sommet de l’Oci de 1991». Il ajoute : «vous verrez dans les semaines à venir qu’on a dépensé beaucoup plus que ce qui est révélé dans ce livre».

Neuf autres milliards dans la balance

Et cela n’a pas du tout tardé. Car les mêmes sources qui ont informé Abdou Latif Coulibaly sont revenues à la charge avec de nouveaux éléments d’informations. Neuf (9) nouveaux milliards viennent s’ajouter, selon le journaliste, à la cascade de liasses. Aussi, informe le journaliste, ces 9 milliards auraient servi à l’extension de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, précisément grâce à la construction d’une aérogare. Le journaliste, qui s’étonne des sommes décaissées à l’aéroport de Dakar, affiche tout son scepticisme quant à la réalité des dépenses annoncées. 400 millions ont été prévus pour l’achat de tentes pour l’accueil des hôtes du Sommet. Un pactole jugé énorme, relativement au coût de ces matériels. Les 9 milliards ont pu être mobilisés, grâce à…un prêt engagé par l’Asecna, dans une banque de la place. Et se poursuivrait le «festival des milliards»…



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