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Politique

ENTRETIEN AVEC … Landing SAVANE, Secrétaire général de And-Jëf/Pads : «Je ne suis pas contre l’idée d’entrer dans un gouvernement…»

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ENTRETIEN AVEC … Landing SAVANE, Secrétaire général de And-Jëf/Pads : «Je ne suis pas contre l’idée d’entrer dans un gouvernement…»

Le flou enveloppe la plupart des Sénégalais quant aux considérations qui ont poussé And-Jëf/Parti pour africain pour le socialisme et la démocratie (Aj/Pads) à adopter certaines positions politiques. Une dualité au sommet de ce parti bruit depuis quelque temps. Et c’est son secrétaire général, Landing Savané, qui livre ses vérités. Dans un langage à la fois codé et méfiant, il lève(?) certaines équivoques et trace le nouveau périmètre des relations avec Me Wade, l’homme aux «qualités».

Après 11 jours de campagne électorale, quelle est l’évaluation que vous en faites ?

La campagne se déroule. Nous sommes à mi-parcours. Pour l’essentiel, tout le monde a constaté que cette campagne a beaucoup d’intensité. En ce qui nous concerne, nous sommes sur le terrain depuis le début, nous parcourons l’ensemble du pays, de porte-à-porte, de commune en commune, pour informer les populations. Il y a une bonne compréhension de notre discours. Les populations comprennent, après le revers de l’ensemble des partis après la présidentielle, il est légitime de se remettre au travail et d’être présents à ces élections législatives. Nous espérons que cette compréhension se traduira par un gain politique à la suite du scrutin du 3 juin.

Est-ce que l’accueil des populations a été le même pour cette campagne que celle de la présidentielle ?

La première différence est la conception que nous avons eue de la campagne au niveau de notre coalition. Lors de la présidentielle, comme tout le monde, nous nous sommes embarqués dans des meetings monstres qui, à la fin, ne nous ont pas donnés les résultats attendus. C’est pourquoi, pour les législatives, nous avons développé une campagne de proximité, afin qu’il ait plus d’interaction entre les électeurs et nous. Au final, nous en avons plus de satisfaction parce que c’est moins spectaculaire et c’est beaucoup plus profond comme relation. Et, nous en attendons des résultats beaucoup plus probants.

Avez-vous fait une lecture très sérieuse des résultats de la présidentielle avant de vous engager dans les législatives.

Pas encore ! Nous avons, seulement, commencé à tirer quelques leçons et je pense que nous les approfondirons après les législatives, d’autant que celles-ci s’ajouteront à la lecture. Ce qui permettra d’avoir une perception plus pointue des réalités socio-politiques de notre pays et l’état d’esprit des populations par rapport à la politique.

Compte tenu du score relativement faible que votre coalition a enregistré lors de l’élection présidentielle, n’est-il pas risqué, pour vous, d’aller aux législatives ?

Oh ! Je pense qu’en politique, il faut toujours prendre des risques. Car, l’adage dit : «Qui ne risque rien n’a rien.» Nous sommes dans ces législatives parce que nous croyons qu’en démocratie, un parti qui a de l’ambition doit être présent aux échéances majeures. C’est une question politique plus qu’autre chose. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup de risque à être dans ces élections parce que, cette fois-ci, en plus, les principaux partis d’opposition ont décidé de boycotter. Ce que nous n’avions pas prévu, nous avions décidé d’y être quel que soit alfa. Donc, le contexte présent peut offrir des opportunités que nous allons saisir. Si nous pouvons faire voter les militants de ces partis à notre faveur, cela ne peut que nous satisfaire. Et il faudra essayer de les convaincre.

Et quelle est la lecture que vous avez faite du boycott ?

Je suis dans une logique de participation à ces élections. Donc, je ne suis pas sur la même longueur d’ondes que l’opposition. Elle a ses droits et elle les assume.

On a l’impression que, pour vous, l’essentiel c’est de participer aux élections. N’est-ce pas un manque d’ambition si l’on se rappelle qu’en 1988, vous déclariez être un candidat sans illusion. Le discours semble bien changer entre temps.

Le discours a, radicalement, changé. En 1988, j’étais un candidat sans illusion et aujourd’hui, je suis un candidat aux ambitions affirmées. L’essentiel, c’est de participer parce qu’il faut être réaliste. On ne peut pas avoir le score que nous avons fait à la présidentiel et trois mois après, croire qu’on va gagner les élections. L’essentiel, pour nous, est de faire un bon score, d’avoir une bonne présence à l’Assemblée nationale et nous préparer pour les autres échéances à venir. C’est cela le réalisme politique.

M. le secrétaire, au plan interne, il bruissait au sein de votre parti des relations heurtées entre vous et votre second, Mamadou Diop Decroix. Qu’est-ce qui a été à l’origine de ces bisbilles ?

Il n’y a pas de bisbilles entre Mamadou Diop et moi. Nous travaillons en bonne intelligence dans le bureau politique. Cela n’exclut pas dans les débats, que les uns et les autres aient des points de vue. Je crois que les gens confondent la liberté de ton et de discussion qui existent à And-Jef et les considérations de direction en tant qu’activité collective. Celle-ci se fait correctement, il n’y a pas de problème. Maintenant, sur des questions d’actualité, chacun à sa position. Moi, jusqu’à présent, je n’ai pas annoncé de position sur des questions qui sont débattues. Donc, Decroix préside les directoires de campagne.

Vous dites qu’il n’y a aucun problème mais, récemment, vous aviez fait une sortie pour en clamant être le numéro un du parti. Aviez-vous vraiment besoin de le rappeler ?

J’ai fait un communiqué pour dire que je prenais un peu de recul par rapport à la direction pratique du parti. La presse, vos collègues, se sont empressés d’interpréter en disant que je démissionne du parti. Cela a été dit sur toutes les radios et cela a suscité beaucoup d’inquiétudes chez les militants et les sympathisants. Et vous savez qu’il est plus facile de répandre une rumeur que de rétablir la vérité. Donc, il a fallu, en un moment donné, dire clairement que je suis le patron du parti pour rassurer ceux qu’on continue d’intoxiquer. Mais, cette mise au point procède, aussi, d’une volonté de couper l’herbe sous les pieds des personnes qui veulent prendre votre place. Comme Decroix…

La place de Landing Savané, ce n’est pas au réveil que cela se prend. Il y a un congrès extraordinaire qui se prépare. Je souhaite, franchement, que d’autres camarades du parti ait l’ambition de diriger le parti. Et si les militants sont d’accord, je n’aurai pas d’objection à faire. Mais, pour le moment, je suis le secrétaire général du parti, je ne suis pas inamovible.

Cette situation vient de la contribution que Decroix avait publiée au lendemain de la présidentielle. Avez-vous partagé les idées qu’il avait émises ?

Il y a des idées intéressantes dans la contribution. Il y a des points sur lesquels chacun a son interprétation personnelle. Mais, il a soulevé des questions intéressantes. Moi, je suis un homme du centre qui considère que dans toute chose, il y a du bon et du mauvais. L’article de Mamadou Diop a insisté sur les insuffisances de la «Gauche». Mais, il y a aussi des qualités de la «Gauche». Chaque article a ses objectifs. Et le débat continue.

Outre le procès de la Gauche, il y a aussi, dans le texte, une sorte d’appel masqué du pied à Me Wade…

Oh, l’appel du pied, c’est l’interprétation qui accompagne la contribution. Je pense qu’il a dit des choses positives du Président Wade. Me Wade a des qualités, il ne faut pas le nier. Par contre, il a des défauts ; c’est un homme comme nous tous.

Peut-on s’attendre à ce que vous soyez, de nouveau, dans un gouvernement de Me Wade. Je ne peux le dire. Car, je n’aime pas faire de la prospective. En tout cas, nous sommes dans un même pays et, on discute des problèmes de ce pays. Il serait difficile que je dise ce que l’avenir va nous réserver. Je ne suis pas contre l’idée d’être au gouvernement avec d’autres forces politiques. A l’époque du Parti socialiste déjà, je n’étais pas contre. Mais, il faut que cela soit autour d’un programme. Avec l’Alternance, cela était sur la base d’un programme. Aujourd’hui, il n’y a plus de programme mais, les partis sont là. Nous avions annoncé qu’il fallait un large gouvernement d’union nationale. Tout est possible sur le plan de la gouvernance. Pour le moment, je ne suis pas demandeur.

Avez-vous rencontré ou parlé au Président après votre sortie du gouvernement ?

Je l’ai eu au téléphone au lendemain de sa victoire à la présidentielle. Je l’ai appelé deux ou trois fois. Le temps étant limité, on ne s’est pas rencontré depuis lors ; chacun a ses priorités. Mais, il est clair qu’à l’avenir, je le rencontrerai comme je compte rencontrer tous les leaders politiques de ce pays au lendemain des législatives. Il va falloir discuter des problèmes de ce pays et trouver des solutions.

Et les solutions, on les trouve en étant dans un gouvernement…

Je n’ai pas dit ça. En tout cas, les solutions, on les trouve dans les discussions. Et une discussion peut aboutir à tout. Mais, ma priorité n’est pas le gouvernement. Ma priorité est le dialogue politique et qu’il débouche sur les résultats qui permettent au pays d’aller de l’avant. Cette distance qui existe entre vous et le président de la République n’est-elle pas la conséquence de votre refus de soutenir sa candidature à la présidentielle ?

(Il minimise) Le président a connu des problèmes plus importants que cela. Il y a des élections et, chacun de nous se mobilise pour ces échéances. Après cela, chacun de nous aura plus de temps pour parler aux autres acteurs. C’est comme ça que je l’interprète.

N’avez-vous pas l’impression qu’il vous minimise ?

Absolument pas. Je pense qu’il est très occupé. Et il n’y a pas d’urgence à se rencontrer. Il y a des échéances à préparer et il faut aller jusqu’au bout. Je n’ai pas demandé d’audience ; donc, je ne vois pas de problèmes.

Vous avez évoqué les qualités de Me Wade. Après l’avoir pratiqué, quels sont les qualités et les défauts que vous avez décelés en lui ?

Je préfère, actuellement, ne pas en parler. Nous sommes dans une période où toute parole est interprétée d’une manière ou d’une autre. On pourrait le dire de tout homme, car chacun a des qualités et des défauts. Je ne veux pas l’évoquer parce que cela va susciter des spéculations et ce n’est pas le moment.

Vous avez parlé plus haut du manque d’engouement noté dans la campagne électorale. Est-ce, selon vous, un des effets du boycott ?

Je ne le crois pas, mais chacun peut avoir son avis sur cette question. Après une élection qui a tenu en haleine et fatigué ses acteurs, il est normal que les législatives soient moins intenses. Maintenant, chacun a son appréciation.

La crise scolaire perdure et les positions se radicalisent. Quelles sont les solutions que vous préconisez ?

Il faut dialoguer. Et c’est le cas de l’école. C’est une situation dramatique. Voilà un secteur où l’on consacre 40% du budget national et qui est en crise quasi endémique. Les enseignants ne s’entendent pas entre eux. Ils ne sont pas d’accord avec le gouvernement. Les élèves et étudiants vivent dans le désarroi. Cela ne peut pas continuer. Est-ce que l’Etat peut imposer ses conditions aux enseignants ? C’est impossible. Il faut réorganiser les Etats généraux de l’éducation ou trouver une formule qui remette tout à plat et s’entendre sur une feuille de route qui engage tous les acteurs. Sans cela, nous allons vivre une tragédie sénégalaise.

A côté de l’école, les prix flambent et les populations trinquent. Disposez-vous d’un remède ?

Nous n’avons pas remède miracle. Les prix, dans un contexte libéré, ne sont plus administrés pour l’essentiel. Donc, nous voyons qu’il faut revenir sur une autre gestion des prix. Dans un pays où le pouvoir d’achat est très bas et où les Sénégalais sont encore plus fatigués, les hausses de prix sont très difficiles à supporter surtout pour les couches les plus défavorisées. Il faudra, donc, qu’on rediscute de la politique économique et des prix et cela ne peut se faire sans examiner l’ensemble des éléments de l’économie de façon à atténuer l’impact des hausses. On évoque, comme motif des hausses, l’évolution des cours dans les marchés mondiaux mais, il faut trouver des mécanismes pour les amortir sur les plans intérieurs.



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