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Politique

ENTRETIEN AVEC…Talla SYLLA, leader du Jëf-Jël : «L’économie s’effondre pan par pan et certains l’ont fait sciemment» ( 2e Partie)

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ENTRETIEN AVEC…Talla SYLLA, leader du Jëf-Jël : «L’économie s’effondre pan par pan et certains l’ont fait sciemment» ( 2e Partie)

Dans notre livraison du week-end, Talla Sylla, leader de l’Alliance Jëf-Jël, après sa sortie politique, avait défloré, entre autres, les stratégies politiques à mettre en branle dont l’organisation d’une marche nationale par 120 volontaires pour la réhabilitation de la souveraineté nationale. Talla Sylla revient ici sur certaines questions parmi lesquelles le processus électoral, l’organisation de la résistance, son prochain livre, son agression et le nouveau look de sa garde rapprochée.

Sur la situation politique, vous avez semblé manifester un pessimisme quant au processus électoral. Quelles sont les données en votre possession et prouvant que ce processus est plombé ?

Rien de ce qui a été dit avant n’a été respecté. Les Sénégalais ont le droit de douter. Nous avions dit, quand Wade lançait l’idée de cette refonte totale, qu’il fallait abroger la loi sur cette refonte car elle était porteuse de risque d’explosion. Nous avions fait des propositions écrites à l’époque. Dans la situation actuelle, beaucoup d’éléments de la classe politique doutent du processus électoral, mais il nous faut aller au-delà des critiques, et faire des propositions. Au terme des dispositions de l’article 7 de la loi portant refonte totale, il est prévu le recours à l’ancien fichier au cas où la refonte totale s’avérerait impossible à réaliser dans les délais. Donc, ce fichier existe. Au fond, un fichier n’est qu’une liste avec des critères précis. Dans le cas du fichier électoral, c’est une liste regroupant les Sénégalais qui sont en âge de voter, bénéficiant de tous leurs droits civiques et politiques. Nous proposons donc de fusionner l’ancienne liste et la nouvelle et de les auditer, pour en extirper les doublons. Il va certainement y avoir beaucoup de doublures, mais au moins, on pourra y régler le problème des zones où les commissions d’inscriptions n’ont pas pu se présenter et où il y avait déjà des Sénégalais inscrits. Mais, dans ces zones on ne peut plus voter avec des cartes d’électeurs numérisées, mais on voterait avec des cartes d’électeurs normales comme d’habitude. Il est possible, vraiment, après cette option raisonnable et moins coûteuse en termes d’argent et de risques politiques de rassurer les Sénégalais et d’aller vers les élections paisibles. Il y a des éléments qui montrent que même avec les cartes d’électeurs numérisées, on ne peut pas mettre le tampon «A voter». Quand même, on ne va pas poinçonner les cartes au risque de perdre des données. Le Jëf-Jël a interpellé la Cena sur la question. Elle nous a fait comprendre que la question se posait.

A ce niveau justement, vous avez parlé de résistance active et pacifique. Cela signifie que Njacaar ne veut pas créer les conditions pour que Ndiombor crée des conditions de non-élection ?

Nous allons nous organiser pour nous opposer à Ndiombor, en tant que Njacaar pour que les Sénégalais qui savent ce qu’ils veulent puissent exprimer leur volonté de manière active, passive, mais pacifique. Si nous devons aller en prison, nous y irons. Nous n’opposerons aucune résistance en cas d’arrestation. J’ai demandé aux jeunes de s’organiser dans les quartiers, de faire leurs listes, d’identifier les véhicules des députés parce qu’aucun d’eux n’a le droit de conduire ces véhicules et de les encercler avec des cris de «Aux voleurs !», ensuite appeler la police. Une fois sur place, les policiers auront le choix entre arrêter le voleur ou ceux qui crient au voleur. J’ai dit aux jeunes, «si l’option est d’arrêter ceux qui ont pris le voleur, n’opposez aucune résistance, acceptez d’aller en prison». A l’image de la campagne du défi qu’on a connue en Afrique du Sud. Cette campagne de défi sera organisée de manière républicaine et déterminée.

Vous travaillez aussi à votre prochain livre ? Où en êtes-vous ?

Oui ! Et l’on est dans les délais. Nous avons un chronogramme que nous respectons jusqu’ici. On s’est très bien organisé de sorte que si Talla est en prison ou pas, tué ou pas, on fasse ce que l’on doit faire. On le fera.

Parce que vous craignez pour votre vie ? Votre livre contient-il des révélations ?

Non, c’est par rapport à ce que nous allons faire sur le terrain. Le livre va parler de l’histoire du Jëf-Jël, notre communication, notre façon de voir les choses, notre différence avec la classe politique. A la naissance de Jëf-Jël, nous avions dit clairement qu’il fallait un parti de type nouveau. La classe politique classique est usée, dépassée et périmée.

Est-ce que vous ne craignez pas que votre livre connaisse le même sort que celui de Abdoulatif Coulibaly et de Mody Niang ?

On n’acceptera jamais ces comportements antidémocratiques. Cette censure qui ne dit pas son nom est inacceptable. Alors, notre livre sortira et on le distribuera dans le pays. C’est moi qui vous le dit. Rappelez-vous de la cassette, ces gens n’en voulaient pas. Qu’est-ce qu’ils n’ont pas mis comme obstacles devant nous ?

Vous ne parlez plus de votre agression, vous semblez vous-même classer le dossier. Pourquoi ?

Quand on m’a agressé, le peuple s’était dressé, de multiples façons. Aujourd’hui, que le peuple est agressé, je me dresse. Je n’ai jamais voulu donner l’impression que je me dresse parce que c’est une affaire me concernant personnellement. Quand on est engagé dans la vie politique, on est obligé d’avoir une autre démarche, de penser en grand, d’envisager les choses en fonction de l’avenir, surtout de ne pas se laisser emprisonner dans un certain nombrilisme. C’est dans ce sens que j’ai décidé de ne plus parler de cette affaire. De toutes les façons, elle appartient au peuple sénégalais. C’est eux qui avaient dit, par des manifestations, par des contributions, des prières, etc. que c’était inacceptable. C’est à eux de donner une suite à cette affaire, s’ils sont cohérents.

Durant la campagne, on reparlera de cette affaire ?

Durant la campagne ou après la campagne, parce qu’il y aura alternance. Certainement Wade n’ira pas au deuxième tour. C’est peut-être parce qu’il le sait qu’il ne veut pas aller aux élections. Il y aura une nouvelle situation, les Sénégalais pourront prendre des initiatives pour voir comment gérer certains dossiers qu’on a ouverts. Pour ce qui me concerne, j’ai pardonné à tout le monde. Je ne prendrais plus aucune initiative par rapport à cette affaire. Je ne peux pas donner l’impression d’être dans une logique vindicative. J’ai dit tout ce que j’avais à dire sur mon agression, et par rapport à l’avenir. Talla Sylla pardonne ; d’abord à celui qui n’est plus vivant, ensuite aux vivants, y compris les commanditaires. L’autre part du dossier appartient au peuple sénégalais et il saura prendre ses responsabilités.

Après les Chantiers de Thiès, vous avez suivi le feuilleton autour du Chantier de la Corniche. Quelle lecture faites-vous de tout cela ?

Y a quelques jours, j’ai eu à parler des corbeaux, des faucons, des rapaces de même acabit que les chantiers en tout genre attirent. Je n’ai pas voulu me focaliser sur ce qu’on appelle les scandales.

Je veux sortir de la politique de dénonciation des scandales. J’ai achevé ma réflexion sur ce régime. Ces gens n’aiment pas le Sénégal ; ce sont des fossoyeurs de la démocratie et cela me suffit aujourd’hui pour me concentrer sur les voies et moyens de les faire partir de façon démocratique et républicaine. Et ils vont partir, d’une manière ou d’une autre. Je ne peux leur donner des bouées. Parfois, on peut manquer d’informations sur tel ou tel dossier ; et en s’y appuyant, on leur permet de désorienter le débat. Or, aujourd’hui, l’essentiel est que les Sénégalais se sont rendu compte que ceux qu’ils avaient élus en 2000 se sont détournés de leurs préoccupations, se sont, entre temps, enrichis, alors qu’eux se sont, par contre, appauvris. Ils se sont rendu compte que leurs enfants sont désespérés. Alors, dans ces conditions, le plus important est de restaurer l’espoir au niveau de cette jeunesse sénégalaise pour qu’on se rassemble, s’unisse et s’organise pour aller à l’assaut de ceux qui ont créé cette situation invivable dans le pays.

Que pensez-vous, en tant qu’homme politique, de la situation économique actuelle ?

Avec le temps, les choses finissent toujours par s’éclaircir. Au début de l’alternance, ces gens avaient bénéficié de certaines conditions quand même favorables. Ils y ont surfé, ont bluffé les Sénégalais, mais aujourd’hui, aucun travail sérieux, de fond, n’a été fait pour pérenniser les acquis qu’on a déjà eus vers la fin de l’ancien régime. Aujourd’hui, l’économie s’effondre, pan par pan. Les secteurs qui faisaient référence, la renommée du Sénégal, notre fierté se sont effondrés. A cause de qui ? Il y a peut-être certains qui l’ont fait sciemment pour en récolter les fruits. Ils sont justement à l’origine de la misère du peuple. Dans certains secteurs, cela a été fait délibérément, et l’on aura l’occasion de les découvrir. On en aura des chantiers, mais plus tard. Il faut être à la tête de l’Etat, pour avoir les informations essentielles. Et demain, il y aura d’autres audits, la période du «Gokkhi». Pour dire que tous ceux qui ont ingurgité l’argent du pays vont dégurgiter. C’est immanquable.

La presse a remarqué le changement de look au niveau du Jëf-Jël, en particulier au niveau de votre garde rapprochée qui est composée de femme. Certains sont même allés jusqu’à les comparer à la garde rapprochée de Khadafi.

Nous devons être à l’écoute de nos concitoyens, de nos compatriotes. Il y a des propositions qu’on nous soumet et justement ce changement en fait partie. A partir d’un certain moment, des militantes du Jëf-Jël, qui s’adonnent exactement aux mêmes activités que ceux qui sont dans sa sécurité, se sont dit : «Mais, pourquoi pas nous ? Ces hommes n’ont pas plus de compétence que nous en matière de sécurité.» Et depuis qu’on a commencé à les intégrer, nous n’avons pas encore eu à le regretter.

Est-ce qu’on peut dire à partir de votre rentrée politique que c’est désormais parti pour Talla Sylla ?

C’est clair et jusqu’au départ de Wade !

 


A lire aussi:  La première partie de l'interview



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
    --
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