EXPIRATION DU MANDAT DES DEPUTES AUJOURD’HUI :Pourquoi le Jëf Jël part

Comme annoncé, le député de l’Alliance Jëf Jël quitte l’Assemblée nationale ce vendredi 30 juin, date qui coïncide avec la fin du mandat des députés. Dans une déclaration datée d’hier, jeudi 29 juin, le parti de Talla Sylla, par le canal de son seul représentant à l’hémicycle, explique les raisons qui ont poussé sa formation à partir.

Aujourd’hui, vendredi 30 juin, l’Alliance Jëf-Jël quitte l’Assemblée nationale. Dans une déclaration parvenue hier, jeudi 29 juin, à notre rédaction, aux environs de 22 h, Moussa Tine, le député qui représente cette formation à l’Assemblée, est longuement revenu sur les raisons qui ont poussé le Jëf Jël à quitter l’Hémicycle. « En choisissant de partir, nous croyons avoir d’abord et de manière, somme toute simple, tiré les conséquences des dispositions régissant notre statut de député. Elu pour cinq ans, il est normal, le terme échu, que nous nous en allions. Lorsque le peuple a porté ses suffrages sur nous, il avait à l’esprit que nous siègerions pour cinq années, pas pour six ou cinq et demi. Quitter l’Assemblée nationale, c’est donc à la fois rester fidèle au droit et honorer l’engagement implicitement souscrit devant les électeurs qui nous ont fait confiance », explique-t-il. Le Jëf Jël rejette les arguments de ceux qui s’abritent derrière l’arrêt du Conseil constitutionnel pour prétendre que la prorogation du mandat n’a jamais été déclarée non conforme à la Charte fondamentale du pays. Il met dans le même panier ceux (les arguments) des tenants du pouvoir qui évoquent des précédents dans notre pays ou ailleurs. « Mais on conviendra que le bouleversement du calendrier électoral, dans une démocratie, est toujours un phénomène anormal, au sens propre du terme et qu’il est donc souhaitable de ne jamais avoir à y sacrifier », souligne le désormais ex député du Jëf Jël. Il est convaincu que notre « Parlement souffre aujourd’hui plus qu’hier, de son image de «Chambre d’enregistrement», d’institution «budgétivore» et à la limite inutile ». Et le « pouvoir, depuis 2000, n’a rien fait pour redorer son blason ».

Le Pds n’est pas prêt de « lâcher » le pouvoir

En effet, pour le parti de Talla Sylla, le « report des élections n’est donc qu’un subterfuge de plus. Mais il constitue aussi un précédent dangereux pour notre vie démocratique. N’importe quel prétexte pourra, demain, servir à perpétrer des crimes contre la démocratie sénégalaise. Nous disions, dans une récente émission, qu’un Chef d’Etat pourrait à la limite tirer argument des difficultés de la circulation à Dakar et de la nécessité d’y remédier, pour prolonger son mandat. L’hypothèse n’a rien d’extravagant, dans le contexte actuel ».
Le Jëf Jël est convaincu que le Pds n’est pas prêt de «lâcher» le pouvoir et qu’une véritable stratégie de confiscation est aujourd’hui en marche. « Depuis quelques jours, on évoque la possibilité que le Président de la République lui-même demande, à son tour, une prorogation de son mandat. Si l’information se confirmait, elle suffirait à nous donner raison, et à disqualifier bien entendu tous ceux qui ont présenté le report des élections comme une simple parenthèse, un accident dans notre expérience démocratique. Nos gouvernants, à l’évidence, succombent aux vertiges des coups-bas et des coups fourrés. Ils ont goûté au pouvoir et tiennent, par n’importe quel moyen semble-t-il, à y rester », dit-il.

Le peuple doit prendre ses responsabilités

Maintenant le temps est venu pour que le peuple prenne ses responsabilités en « refusant une telle dérive, de faire la preuve que derrière cette apathie, cette amnésie sur lesquelles le pouvoir table, il garde encore des ressources démocratiques et une capacité de sursaut qui ne peuvent se traduire que par un désaveu massif de ceux qui le gouvernent aujourd’hui », déclare le député du Jëf Jël qui ajoute que le fait de « refuser de se prêter à un simulacre de vie démocratique est déjà une manière d’être fidèle à ce peuple ainsi qu’au mandat qu’il nous fait l’honneur de nous confier ».