Après six années de compagnonnage avec le président de la République, And Jëf trace enfin sa voie en perspective des échéances électorales. Son Conseil national qui se réunit demain devrait investir son secrétaire général Landing Savané comme candidat à l’élection présidentielle de février 2007. Ce sera la seule nouveauté du week-end.
Acteur incontesté de l’alternance de mars 2000, le parti de Landing Savané, ministre d’Etat auprès du président de la République, s’est habitué à l’exercice des responsabilités grâce à une mini galaxie opérationnelle. Avec trois ministères (Industrie et artisanat, Commerce, Relations avec les institutions), des postes de direction générale (Institut sénégalais de recherche agricole, Agence de promotion de l’artisanat), une commission parlementaire (Affaires étrangères), And Jëf est bien installé dans le pouvoir. Alliés du Parti démocratique sénégalais depuis six ans, les « follistes » vont devoir faire le choix de l’émancipation sans pour autant rompre avec la pratique du pouvoir. Car aujourd’hui, l’idée la mieux partagée à l’intérieur du parti est que Aj est et doit rester dans la mouvance présidentielle, même s’il semble acquis que son secrétaire général affrontera les urnes dans moins de quatre mois. Pour une question d’identité et de prestige. Selon ce cadre très proche de la direction du parti, «le compagnonnage avec le Président Wade ne date pas de l’an 2000. Nous l’avons soutenu bien avant l’alternance, nous avons gagné ensemble et nous avons une expérience de gouvernement depuis six ans. Notre souhait est que cette coopération se poursuive».
Les supputations sur une rupture avec le président de la République qui serait consécutive à une annonce officielle de la candidature de Landing Savané ne semblent pas émouvoir les «follistes» car, en fin de compte, «And Jëf a sa vision, son programme de gouvernement, le Pds également. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est renforcer nos relations dans l’intérêt supérieur du Sénégal». En ces temps de grandes manœuvres politiques, avec la réception de plusieurs leaders de partis politiques au Palais de la République, And Jëf peut se sentir «en avance» face aux velléités de constitution d’un «improbable» gouvernement d’union nationale. «La candidature éventuelle de Landing Savané ne doit pas gêner car, qu’il se présente ou pas, notre ancrage dans la majorité présidentielle est réelle. C’est que, à nos yeux, les élections sont juste une parenthèse où chacun décline ses ambitions. Après, il faudra reprendre le travail ensemble.» Un gage de fidélité dont la conséquence est pratique. «Ce qui est clair, c’est que s’il y a un deuxième tour à la présidentielle, nous soutiendrons Abdoulaye Wade. Nous sommes dans le pouvoir et non dans l’opposition.»
Le clash tant attendu ne semble donc pas programmé pour ce week-end, pour une raison simple : «Le Conseil national n’a pas vocation à dire si notre parti doit quitter ou rester dans le gouvernement.» Toutefois, prévient notre interlocuteur, la «donne politique» peut bien changer d’un jour à l’autre. «A ce moment-là, nous apprécierons concrètement la situation et nous prendrons nos responsabilités.»
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