IDRISSA SECK, REÇU PAR WADE, REVIENT AU PDS!! : Déception et indignation dans les rangs des militants

C’est avec surprise que, de retour hier soir à 22 heures d’un voyage avec le Premier ministre en Italie et en France, nous avons appris l’audience que le Président de la République a accordée à l’ancien Premier ministre et maire de Thiès, Idrissa Seck. Notre surprise a été d’autant plus grande à notre descente d’avion, que nous apprenions par la même occasion que Idrissa Seck est prêt à revenir dans la « maison familiale ». Sans préjuger des motivations politiques qui auront pu guider le Président Wade dans sa décision de faire revenir Idrissa Seck dans le parti, qu’il nous soit permis quand même d’exprimer notre surprise et notre désaccord de principe. Mais il est vrai que le Président n’a demandé l’avis de personne avant de recevoir Idrissa Seck et d’accepter son retour dans le parti… Aussi nos permettrons-nous, avant d’écouter les péroraisons du même Idrissa Seck cet après-midi à 18 heures sur cette fameuse audience, de dire que nous n’avons aucune confiance dans les propos d’un homme qui a eu le toupet de traiter son « père » de tous les noms d’oiseau et qui n’a pas hésité, concernant la nature humaine de ce dernier, de parler « d’ancien spermatozoïde et de futur cadavre ». Nous n’avons pas confiance à un homme qui, pour justifier l’origine de sa fortune a osé avouer, sans sourciller, qu’il s’est servi grassement de fonds politiques qui lui ont été confiés par le Président de la République pour renflouer ses comptes. Nous n’avons pas confiance à un homme qui, pour assouvir ses ambitions présidentielles, persifle sur l’âge et la santé de son bienfaiteur, de celui-là même qui, à part Dieu, a fait de lui ce qu’il est devenu. En un mot comme en mille, nous n’avons pas confiance à un homme qui enregistre toutes les conversations qu’il a avec ses semblables dans le seul but de pouvoir utiliser ces propos contre eux dans le futur.

En tout état de cause, nous croyons ne pas être les seuls dans notre position, car la surprise, l’indignation et la déception ont été le lot commun de tous les responsables avec lesquels nous avons pu nous entretenir dans la nuit d’hier dès notre arrivée à Dakar. Certains ont même mis déjà leur démission sur la table. Une déception bien compréhensible eu égard à des événements encore récents et aux graves accusations qui pèsent sur les épaules de l’ancien Premier ministre.

Il a été dit, suite à des rapports - que nous supposons bien documentés - de l’Inspection générale d’Etat, que l’ancien Premier ministre est soupçonné de pratiques de concussion, de corruption et de détournement de deniers publics. Alors même que l’instruction n’a pas encore fini de démêler l’écheveau des chantiers de Thiès, et que la découverte de vingt-trois comptes bancaires à travers les cinq continents au nom du maire de Thiès n’a pas encore fait l’objet d’un examen par la Haute Cour de Justice, il nous paraît inconvenant de faire revenir dans le parti l’homme qui se trouve derrière toute cette affaire et qui avait été « sanctionné » (c’est le mot du Président Wade) pour cela. Il est incompréhensible que, d’un coup de baguette magique, soient effacés tous les défis lancés contre le Président lui-même et tous ses collaborateurs, toutes les insultes proférées contre lui et sa famille, toutes les perfidies initiées contre le Secrétaire général national du Pds (enregistrements de CD avec de fausses révélations, visites de dénigrement dans les pays de la Cedeao et prises de positions contre les positions officielles exprimées par Wade, etc.) sans compter l’OPA hostile lancée contre le Pds par cet homme qui se considérait, jusqu’à récemment, comme l’actionnaire majoritaire du parti.

Pour notre part, nous n’oublions pas que Idrissa Seck a parlé de Wade en des termes très peu courtois, insolents même, et qu’il a initié des actions de nature à le déstabiliser durablement, sans compter l’envie qui le tenaille d’envoyer son bienfaiteur et père à l’hospice pour cause de sénilité…

Le retour de Idrissa Seck dans le Pds nous paraît inopportun dans la mesure où celui que le Président Wade considérait encore il n’y a guère comme un serpent n’a pas encore perdu de son venin. Si le Président, en faisant revenir Idrissa Seck règle un problème ponctuel, celui de sa réélection en divisant le camp de l’opposition, il n’en reste pas moins que cette initiative consiste quelque part à introduire le loup dans la bergerie avec toutes les conséquences négatives que cela peut entraîner dans le parti. Car un ancien numéro deux qui revient dans les bonnes grâces du numéro un se battra forcément, et sans aucune garantie de loyauté, contre tous ceux qu’il considère comme des usurpateurs parce qu’ils auront hérité des places vacantes après son départ et celui consécutif de ses partisans. C’est sa place de « deuxième numéro un » qui l’intéresse et non pas le statut de simple militant affecté à l’animation du parti. Le retour de Idrissa Seck pose donc plus de problèmes qu’il n’en résout car l’homme tentera de s’imposer auprès de militants qui n’ont que des ressentiments à son égard et, en conséquence, il fera face à une résistance bien plus opiniâtre qu’il ne croit. L’un dans l’autre, c’est l’avenir du Pds en tant que formation politique créée par Abdoulaye Wade et portée à bout de bras par des centaines de milliers de Sénégalais qui est en jeu, nonobstant les exigences de victoire qu’appellent les prochaines élections, présidentielle et législatives.