Il a du sang dans les poumons : Talla Sylla est-il condamné ?

L'on ne peut s'empêcher de se poser cette intrigante question à l'annonce de la retraite politique anticipée du président du Jëf Jël pour cause de maladie : Talla Sylla est-il condamné ? Il souffre depuis son agression au marteau d'une infection pulmonaire qui lui a valu, récemment, une évacuation d'urgence en France.

Ils l'ont eu... !, Ce bout de phrase lâché par Benoît Sambou, au téléphone, un trémolo dans la voix, est intriguant et pousse à se poser cette question effrayante : Talla Sylla est-il condamné ? En effet, la santé du leader du Jëf jël qui a décidé de quitter, prématurément, la scène politique, laisse craindre le pire. ‘Talla est très, très malade. Durant la campagne, j'avais même peur pour lui’, avoue Benoît Sambou, mélancolique.

Le président du Jëf jël avait été évacué en catastrophe en France en pleine campagne électorale pour les élections législatives, pour y subir un ‘drainage’ parce qu'il avait du sang dans les poumons. Cette infection pulmonaire l'avait déjà obligé, auparavant, à quitter momentanément la scène politique pour aller se faire soigner au pays de Mariane.

Mais qui se cache derrière ce ‘ils’ dont parle Benoît Sambou ? Le porte-parole du Jëf jël refuse d'avancer des noms. Mais il est aisé de savoir qu'il fait allusion aux agresseurs de Talla Sylla. En effet, cette maladie qui a plombé la vie... politique de Talla Sylla est consécutive à la violente agression dont il avait fait l'objet. Le leader du Jëf jël avait été sauvagement molesté par des quidam qui courent toujours. Des coups de marteau, c'est ce que la victime avait déclaré avoir reçus à la figure après son agression. Il sera évacué en France pour y subir des soins, mais depuis, il en a gardé des séquelles dont la balafre qu'il porte au visage n'est que le côté visible de l'iceberg de maux qu'il traîne.

Les agresseurs de Talla Sylla et leurs commanditaires n'ont jusqu'ici pas été inquiétés. Une enquête de la gendarmerie avait privilégié la piste du palais de la République, sans suite. Sauf que l'un des présumés agresseurs, Ismaïla Mbaye, membre de la garde rapprochée du président Abdoulaye Wade, trouvera, brutalement, la mort dans un accident (selon la version officielle) quelque temps après. Mais, l'un des frères du défunt avait, par la suite, fait une sortie médiatique pour émettre de sérieux doutes sur la thèse de la mort accidentelle. Cette déclaration, relayée par la presse, avait fait sortir de ses gonds le chef de cabinet du président de la République, Pape Samba Mboup, qui, bien qu'alité à l'hôpital Principal, avait tenu à démentir les propos du frangin d'Ismaïla Mbaye. Ironie du sort : Le même jour où il avait convoqué la presse à son chevet, les journalistes qui avaient répondu à l'appel, avaient aperçu la tronche de Clédor Sène au volant d'une rutilante Mercedes en compagnie de sa femme et de son enfant qu'il portait dans ses bras. Clédor est l'un des assassins de Me Babacar Sèye, jugé et condamné, puis amnistié par la fameuse loi Ezzan. Etait-il venu rendre visite à Pape Samba Mboup ? Certains témoins qui avaient réussi à s'introduire à l'intérieur de la clinique Brévié de l'hôpital Principal avait répondu par l'affirmative. Toujours est-il que la coïncidence était troublante.

Après son agression, le président du Jëf jël avait repris ses activités politiques. Amaigri, visiblement affaibli, il ne laissera du souvenir de l'homme qu'il était que son ton caustique. Aujourd'hui, Talla Sylla n'est plus que l'ombre de lui-même.