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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Jean Paul DIAS, Secrétaire général du Bcg : ‘Idrissa Seck et moi avons une mission : chasser Wade du pouvoir’

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Jean Paul DIAS, Secrétaire général du Bcg : ‘Idrissa Seck et moi avons une mission : chasser Wade du pouvoir’

Si en le mettant en liberté provisoire, on pensait pouvoir le museler, c’est peine perdue. Jean-Paul Dias, premier secrétaire du Bloc des centristes gaïndé, ne mâche pas ses mots. Il dit avoir rencontré Idrissa Seck et compte le faire encore dès son retour de Londres. Et la mission qu'il s'est donnée avec Idrissa Seck, c’est celle de ‘chasser’ Me Wade du pouvoir. Et ils travaillent dans ce sens. L’ancien prisonnier de Rebeuss est revenu sur la question de l’immigration clandestine massive qui affecte les jeunes sénégalais, l’affaire des chantiers de l’Anoci, l’affaire également de Fatick opposant Mamoune Niasse et le Premier ministre Macky Sall.

Wal Fadjri : Vous êtes à Paris depuis quelques jours. Etes-vous venu pour rencontrer Idrissa Seck ?

Jean-Paul Dias : (Rires...) En réalité, ma présence à Paris s’explique par le fait qu’à la suite des manœuvres dictatoriales d’Abdoulaye Wade qui a instrumentalisé le ministère de l’Intérieur, notamment la Dic, la justice, particulièrement le parquet, je me suis retrouvé en détention. Pendant celle-ci, beaucoup de gens ont réagi au Sénégal. Je leur réitère mes remerciements. Mais il y a eu aussi des réactions très significatives ici en France et ailleurs en Europe et aux Etats-Unis. Des réactions qui ont porté leurs fruits. Il était donc tout à fait normal que je vienne remercier les uns et les autres. J’en ai rencontré plusieurs. Il y en a d’autres que je n’ai pas pu rencontrer parce qu’ils sont en voyage. Mais à mon retour de Londres, j’espère pouvoir les rencontrer. Ma présence à Paris, c’est donc pour remercier ceux qui sont intervenus dans la presse et dans d’autres canaux pour obtenir ma libération. Quant au Premier ministre Idrissa Seck, il est tout à fait normal que nous nous voyons. Je ne pense pas que cela puisse être un secret.

Wal Fadjri : Vous êtes-vous déjà vus depuis votre arrivée à Paris ?

Jean-Paul Dias : Nous nous sommes déjà vus et nous nous reverrons.

Wal Fadjri : Qu’avez-vous discuté avec lui ?

Jean-Paul Dias : Nous avons discuté des choses qui nous concernent. Nous sommes des alliés en politique. Il est tout à fait normal que nous coordonnions, que nous échangions. Mais nous avons un but, c’est de chasser Wade du pouvoir, d’arriver au pouvoir pour le bien du Sénégal.

Wal Fadjri : Vous confirmez donc votre soutien pour l'élection présidentielle ?

Jean-Paul Dias : Cela est déjà quelque chose de très clair. Le Bcg, en tant que parti politique, s’est déjà prononcé là-dessus. Sauf situation extraordinaire, c’est notre position et nous ne varions pas et n’avons pas l’intention de varier.

Wal Fadjri : Votre coalition se forme autour de Idrissa Seck. Avez-vous mis en place les structures nécessaires pour aller aux élections ?

Jean-Paul Dias : L’expérience montre qu’il n’est pas besoin de se précipiter lorsqu’on est à six mois des élections. Ce qui est important dans la phase où nous sommes, c’est peut-être le travail de sensibilisation qui est important ; c’est peut-être tout ce qui peut être fait en guise de pré-campagne. Mais pour les structures, cela peut être réglé à tout moment. Nous n’avons aucune préoccupation par rapport à cela. Le plus important, c’est de continuer à sensibiliser le pays, les électeurs, l’opinion nationale et internationale sur le fait que nous risquons de ne pas avoir des élections ou d’aller à des élections troubles. Cela risque d’amener le chaos et donc l’arrivée des militaires au pouvoir. Si nous y arrivons, nous aurions échoué sur toute la ligne. Mais ce sera Wade qui aura été le responsable.

Wal Fadjri : N’avez-vous pas peur que votre candidat soit empêché de se présenter à l'élection présidentielle à cause de son affaire judiciaire ?

Jean-Paul Dias : Il n’y a pas d’affaire judiciaire. C’est du chantage. Aujourd’hui, Idrissa Seck est un homme libre. On a inventé une affaire de la même nature que la mienne, de complot contre la sûreté de l’Etat qui était tout à fait fausse. On a parlé de chantiers de Thiès alors qu’il n’y avait absolument rien là-dedans. Il n’était ni ordonnateur ni payeur ni rien du tout. Et on veut maintenir une épée de Damoclès sur sa tête, cela n’est pas sérieux. C’est de la dictature. Il est jeune. Nous pensons qu’il peut être un bon candidat à la fonction suprême. Je dois dire qu’il a appelé tout le monde, à commencer par le Pds. Jusqu’à l’heure où je vous parle, nous n’avons pas entendu le Pds se rebiffer sauf une ou deux fédérations qui ont été manipulées. De toutes les façons, l’essentiel du Pds est avec lui. Il polarise au minimum 60 % de ce parti. D’autres partis dont le Bcg pensent pourvoir faire affaire avec lui et sont disposés à le faire. Maintenant il faut qu’il aille jusqu’au bout. Quelles que soit les voies utilisées, l’essentiel c’est d’arriver à un changement à la tête de l’Etat et que nous fassions de manière que notre pays ne soit pas mis à l'index comme un pays qui envoie sa jeunesse au milieu de la mer.

Wal Fadjri : Vous préparez-vous au cas où il sera empêché ?

Jean-Paul Dias : C’est une hypothèse que je ne veux même pas imaginer. Ce qui peut se passer, c’est peut-être que ceux qui sont au pouvoir, attentent à sa sécurité. Pour le reste, ils ne peuvent absolument rien faire. Sauf à manipuler, à instrumentaliser encore la justice.

Wal Fadjri : Est-ce que votre pôle et celui de la Cpa peuvent se retrouver dans ces élections ?

Jean-Paul Dias : Tout est possible. Je voudrais simplement signaler qu’en l’an 2000, Wade n’était pas le candidat unique de l’opposition. Il y avait d’autres candidats. La plupart d’entre eux sont venus le rejoindre. Que nous nous retrouvions avec la Cpa, ce serait tout à fait naturel. En ce qui concerne le Bcg, nous avons les meilleures relations avec la Cpa et nous sommes dans la dynamique à développer ces relations-là. Pour la présidentielle, je doute que la Cpa n’ait qu’un seul candidat. Mais en cas de deuxième, nous pourrons discuter et voir ce que l’on pourra faire ensemble.

Wal Fadjri : Dans ce cadre-là, le Pds est-il exclu ?

Jean-Paul Dias : L’essentiel du Pds est avec. Donc il n’est pas forcément exclu. Il a intérêt à être avec nous parce que si on laisse Wade continuer dans l’échec, demain des libéraux du Pds, comme des libéraux centristes comme nous, plus personne ne pourra dire qu’il est libéral au Sénégal tellement les gens auront honte. Je pense qu’il faut dépasser Wade puisqu’on ne peut plus faire de pari sur lui. Car le pari sur l’avenir peut se faire sur d’autres hommes et non pas sur lui. Je suis désolé, après Robert Mugabé, il est le plus vieux chef d’Etat du monde. Je ne vois pas quelle fierté nous aurons, dans un an, à élire un Chef d’Etat qui est l’un des plus vieux du monde. Il est plus vieux que le Pape ; il est plus vieux que Fidel Castro ; il est plus vieux que Hosni Moubarack. Il faut qu’on soit sérieux. Il faut dégager Wade du pouvoir et lui souhaiter longue vie pour qu’il puisse voir que, justement, d’autres libéraux ont été capables de développer le Sénégal. C’est pourquoi je pense que le grand service qu’il rendrait au pays, c’est de ne pas être candidat. Ce n’est pas tard. Il a attendu d’être en France pour déclarer sa candidature. Donc à l’heure où nous parlons, c’est lui qui est candidat contre Idrissa Seck qui est candidat depuis le 4 avril. Et pas le contraire. Pour éviter cela, je crois qu’il n’est pas tard que Wade retire sa candidature.

Wal Fadjri : Vous venez du Sénégal et vous parlez d’élections. Le processus électoral vous satisfait-il ?

Jean-Paul Dias : Ces inscriptions posent beaucoup de problèmes, provoquent dans notre esprit beaucoup d’inquiétudes. Tout le monde sait que les inscriptions dans le monde rural sont chaotiques. Et pourtant le ministre de l’intérieur s’est permis de dire qu’il a inscrit plus de trois millions de personnes. Comme l’informaticien de la Cena nous a révélé que quelqu’un s’est inscrit plus de dix fois par exemple, je vois plutôt qu’il a inscrit cinq mille personnes qu’il a répétées six à sept fois. C’est cela la vérité, mais il perd son temps parce que nous ne laisserons pas la faute passée. Pour ce qui concerne l’inscription des Sénégalais de l’extérieur, l’on m’a signalé certains dysfonctionnements à Paris. A mon retour de Londres, je vais aller me rendre compte de ce qui se passe. Je pense que cette affaire risque de ne pas nous permettre de faire des élections.

Wal Fadjri : Doutez-vous de la date fixée par le président de la République ?

Jean-Paul Dias : Ce nouveau fichier tel qu’il est planifié, m’amène à douter que nous puissions faire des élections correctement. C’est pourquoi, depuis longtemps, nous appelons à revenir à l’ancien fichier. La loi le permet. A sept ou huit mois des élections, il n’est pas possible de dire que nous allons organiser correctement les élections. Des gens se sont inscrits. Mais où sont les cartes ? Même les cartes d’identité n’ont pu être retirées. Alors, je me demande quel est le jeu de Wade. Dans cette affaire, je le soupçonne de ne pas vouloir organiser les élections. Pire de les organiser d’une façon si catastrophique qu’il finira par remettre le pouvoir aux militaires. Déjà - c’est un soupçon – sur la base d’une anomalie qui a été révélée par la Ld/Mpt, les militaires avaient été inscrits, le président de la République fait voter une loi qui autorise les militaires à voter. Alors que cela est une question très sensible. D’ailleurs, les militaires ne sont pas d’accord. Je vous renvoie à la récente déclaration d’un ancien chef d’Etat major, le général Seck, qui n’est pas tout de même n’importe qui. Nous savons que les militaires ne sont pas d’accord. Ce qu’ils demandent, c’est peut-être une situation meilleure. Ce qui est légitime. Surtout quand on voit des gens s’amuser avec l’argent du pays. Les militaires demandent des équipements, de l’armement moderne et efficace. Mais ils ne demandent pas à voter. Pour le moment, ce n’est pas un besoin exprimé par l’armée. C’est pourquoi, je le soupçonne de mettre le pays dans une situation si compliquée que le pouvoir finira entre les mains de l’armée. Il se dit qu’il n’a aucun contentieux avec les militaires. Par contre, si certains d’entre nous arrivent au pouvoir, il a des craintes pour la suite. Alors qu’il ne devrait pas, mais c’est son esprit certainement. C’est pourquoi ceux qui observent le Sénégal de l’extérieur doivent faire pression sur le Sénégal. J’en appelle notamment la France et les Etats-Unis pour faire pression sur lui pour qu’on revienne sur l’ancien fichier. Ce sera un premier pas vers des élections apaisées et sereines. Mais si nous continuons à persister, à vouloir monter un nouveau fichier, on n’y arrivera pas ou on fera des élections catastrophiques. C’est d’ailleurs le calcul de Wade pour qu’il y ait après des prolongations comme il l’a fait pour le mandat des députés. C’est une situation très sérieuse, qui entraîne des inquiétudes, des préoccupations. C’est de sa responsabilité en tant que président de la République de respecter la loi et de revenir sur l’ancien fichier. S’il ne le fait pas, tout ce qui se produira demain, il en sera le responsable.

Wal Fadjri : Pensez-vous qu’en revenant sur l’ancien fichier, ces problèmes seront résolus à huit mois des élections ?

Jean-Paul Dias : Au moins l’ancien fichier a le mérite d’exister. Sauf si des entraînements d’incendies organisés au ministère de l'Intérieur finissent un jour par créer un véritable incendie et le détruire. Cela aussi fait partie des soupçons que nous sommes fondés à avoir. Il suffit de ressortir ce fichier, de compléter avec des nouvelles inscriptions. Mais vouloir coûte que coûte monter un nouveau fichier alors que les gens inscrits n’ont reçu aucune carte - je suis inscrit depuis longtemps, mais je n’ai reçu aucune carte - c’est se diriger vers une voie qui risque d’être sans issue. C’est pourquoi, encore, il faut revenir sur l’ancien fichier qui sera complété avec les nouvelles inscriptions pour aller aux élections normalement. Et au passage bloquer la loi sur le vote des militaires.

Wal Fadjri : Faire voter les militaires n’est-il pas une avancée démocratique ?

Jean-Paul Dias : Je vous signale qu’il y avait une commission, regroupant tous les partis politiques, qui avait été mise en place au niveau du ministère de l’Intérieur. Cette commission s’est réunie plusieurs fois et a produit un rapport final. Dans ce rapport, il a été dit que tous les partis politiques étaient contre le vote des militaires. Ce n’est pas une attitude dans l’absolu. Mais si nous voulons faire voter les militaires, il faut que la classe politique en discute sereinement. Mais telle que cela a été fait, c’est de la précipitation. Cela a été fait pour rattraper une bêtise, celle de l’inscriptions des militaires, qui avaient besoin de la carte d’identité, sur le fichier électoral. Si on intéresse les militaires à la chose politique, nous serons obligés d’être autorisés à entrer dans les camps militaires et à y faire la pré-campagne et la campagne. Ce sera de la pagaille. Pour le moment, ce n’est pas ce que demandent les militaires. Les jeunes militaires demandent à ce que leurs perdiem soient payés, à ce que les mêmes ne fassent pas des séjours interminables en Casamance, à être mieux entretenus dans les casernes. Les sous-officiers, les officiers et autres demandes de stages en Europe, aux Etats-Unis, des équipements modernes.

Wal Fadjri : Est-ce que le président Wade ne concrétise pas ainsi une vieille promesse qu’il a faite au moment même où vous le souteniez ?

Jean-Paul Dias : Personnellement, je ne m’en souviens pas. Mais du point de vue du fond, c’est discutable. Je ne pense pas qu’il y ait un parti politique qui, du point de vue du fond, est viscéralement contre. Mais ce n’est pas le moment. C’est inopportun.

Wal Fadjri : Certains proches du président de la République prennent l’exemple de la France qui fait voter ses militaires. Qu’en pensez-vous ?

Jean-Paul Dias : Ce n’est pas la question ! Ce que peuvent penser les godiveaux du président ne m’intéresse pas. Ils attendent que le chef de l’Etat ait une idée pour commencer à chercher des arguments. Une fois de plus, ce n’est pas opportun, ce n’est pas le moment et ce n’est pas une demande. En plus c’est dangereux. Le militaire fonctionne aux ordres. Il ne fonctionne ni aux instructions ni à la conviction. Je pense que le Général Seck a donné des exemples. Imaginer qu’un groupe militaire décide d’aller dans un sens et que le caporal et les officiers décident d’aller dans un autre. Je pense que, pour le moment, le Sénégal a d’autres types de préoccupations que de faire voter des militaires. (A suivre)

 



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