‘’ L’Etat fédéral africain se fera, s’il le faut contre les centres de décisions politiques ’’, selon un archéologue sénégalais

Dakar, 3 jan (APS) - L’archéologue sénégalais Massamba Lam a dit samedi à Dakar sa foi en l’avenir du panafricanisme, assurant que l’Etat fédéral africain se fera si nécessaire contre ‘’les centres de décisions politiques’’ et l’establishment qui ne travaille pas toujours à son avènement, du fait des intérêts divergents qui le parcourent.

Les animateurs des ‘’centres de décisions politiques’’ ne se posent pas quelquefois comme les soutiens les plus affirmés de l’idée d’un Etat fédéral, a-t-il dit à l’ouverture de la deuxième édition des Assises panafricaines populaires.

Mais en dépit de ce constat, l’Etat fédéral africain se fera et dans ce cas à partir de la périphérie des systèmes politiques du continent, selon l’enseignant chercheur qui exposait sur la pensée du professeur Cheikh Anta Diop.

Avec Aimé Césaire et Kwame Nkrumah, le défunt historien sénégalais sont les figures historiques choisies pour parrainer l’édition 2009 des Assises panafricaines populaires, qui se tiennent à Dakar sur le thème : ‘’la Renaissance du peuple noir’’.

Selon Massamba Lam, il est à parier qu’une ‘’force inattendue’’ vienne créer un mouvement de nature à enclencher une adhésion ‘’massive et totale’’ des populations africaines à l’idée d’un Etat fédéral. Sur ce point, ‘’l’utopie ne blessera pas plus que le réalisme politique’’ qui a conduit l’Afrique dans sa situation actuelle qui fait du continent un espace économique et politique dominé, divisé et morcelé, a-t-il fait valoir.

‘’Nous pouvons penser qu’il existe un processus par lequel l’humanité était passé pour inventer les moyens qui étaient nécessaires à sa survie. Et que le besoin vital de survie, le besoin vital d’exister crée par un processus d’équilibre ponctué des situations irréversibles qui conduisent au progrès de l’histoire’’, a soutenu l’archéologue.

Contre les apparences, il a dit que Cheikh Anta Diop ne s’est pas seulement ‘’focalisé’’ sur le travail scientifique qui permit de faire avancer les idées panafricanistes. Le savant sénégalais est notamment connu pour son ouvrage portant sur ‘’Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire’’.

Cheikh Anta Diop ‘’s’est aussi focalisé sur une action politique’’ consistant dans la définition des objectifs politiques du panafricanisme, en contribuant à cerner en particulier ‘’les bases d’un Etat fédéral africain’’ (cadre juridique, base constitutionnelle, cadre politique, économique, culturel et social).

Le travail de Diop a aussi permis de faire ‘’un constat rigoureux de l’état des lieux du continent’’, handicapé par son émiettement et les conséquences du système néocolonial, a poursuivi Massamba Lam, ancien conservateur du musée de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN). Et c’est sur cette base que Cheikh Anta Diop en est arrivé à la conclusion selon laquelle ‘’rien n’est possible en Afrique en dehors d’un système fédéral continental’’.

‘’A l’origine, le panafricanisme est le produit d’une solidarité’’ entre les intellectuels du continent noir et ceux de la diaspora africaine, et se présente comme le fruit d’une ‘’réflexion collective’’ formulée en réaction contre la division et le morcellement du continent qui s’en trouve dominé et exploité, a-t-il estimé.

Pour lui, il s’agit aussi pour le continent de se rendre compte que ‘’quelque part’’ dans le monde, la diaspora africaine demeure ‘’une force qui est nécessaire à l’Afrique’’. ‘’Il faut absolument que la diaspora se souvienne de son origine’’ et que ‘’les origines se souviennent’’ de ce qui les lie au continent, a-t-il soutenu.