L'Ucs dresse le profil du bon candidat en 2007 : Y aura-t-il un candidat remplissant les critères du clergé ?

Dans la galaxie des candidats en course pour le fauteuil présidentiel, peu répondent au profil du candidat idéal dressé par les pasteurs de l'Eglise catholique du Sénégal. Si Jacques Habib Sy est d'avis qu'il faut le chercher dans la nouvelle pousse, Alioune Tine estime qu'il faut surtout réformer les institutions pour éviter d'être toujours déçus par les hommes qu'on porte au pouvoir.

Le clergé sénégalais, en conclave à Kolda, a esquissé les grands critères que devrait remplir tout candidat à la future présidentielle pour mériter le vote des fidèles de l'Eglise. Ces pasteurs qui se donnent pour mission de ‘guider la conduite des chrétiens’ aux prochaines joutes électorales, ont deux critères majeurs : Le bon candidat ‘doit être un serviteur, pas celui qui se préoccupe de se remplir les poches, il doit être un homme de vérité, en s'acquittant une fois élu du programme de société pour lequel il s'était engagé auprès des électeurs’. Un profil qui ne colle ni au candidat sortant, ni aux autres prétendants, de l'avis du secrétaire général de la Raddho.

Alioune Tine qui se dit en phase avec cette position des pasteurs de l'Eglise du Sénégal, estime que ‘quel que soit le candidat qu'on pourra prendre, il lui sera difficile de remplir ces conditions. Car on sait que les promesses électorales sont faites pour ne pas être respectées. Et cela ne se passe pas seulement au Sénégal, mais aussi en Afrique et dans le monde entier’. L'autre critère qui est d'être un serviteur, de l'avis d'Alioune Tine, est difficile à remplir, car ‘les intérêts et la politiques sont extrêment liés. Ça existe des dirigeants comme ça et je peux même citer De Gaulle. Mais ils sont devenus une espèce rare’.

Pour le président exécutif de l'Ong Aid Transparency, Jacques Habib Sy, ‘le clergé est parti du principe universel de générosité et de don de soi’, rejoignant ainsi, selon son analyse, cette fameuse phrase de John F. Kennedy : ‘Il faudrait que ceux qui nous gouvernent, servent d'abord l'Etat plutôt que de penser à se servir’. Et pour choisir le futur président du Sénégal à partir de cette recommandation des pasteurs, Jacques Habib Sy croit qu'il faut nécessairement que ‘les électeurs regardent le passé du candidat, pour voir s'il a les mains propres, c'est-à-dire s'il n'a jamais tué ou fait tuer, quel a toujours été son comportement, respecte-t-il son prochain, respecte-t-il le peuple dont il est issu, est-il généreux dans la gestion de son propre patrimoine ?’ Un profil dont certains candidats à la future présidentielle ne peuvent se prévaloir aux yeux de Jacques Habib Sy : ‘Je crois qu'il faudrait surtout éviter de choisir un candidat affaibli par le poids de l'âge, le poids des mauvaises habitudes de travail. Et pour ce faire, il faut nécessairement se tourner vers les jeunes pousses comme cela est maintenant passé de mode un peu partout dans le monde où on voit des chefs d'Etat âgés d'une quarantaine ou cinquantaine d'années. C'est une tendance universelle’.

Le patron d'Aid Transparency estime, en outre, que l'Eglise du Sénégal qui ‘a toujours été une église de proximité ne peut pas ignorer les problèmes de ses fidèles. Et c'est pourquoi, dans cette recomandation, elle semble insister sur la générosité, invitant ainsi le futur dirigeant à tendre vers une politique beaucoup plus miséricordieuse’. Jacques Habib Sy recoupe également les pasteurs de l'Eglise dans son analyse sur l'importance du respect des promesses électorales. ‘Dans notre culture, le respect de la parole donnée est primordiale, car immanente à la culture africaine. Un président ou un individu qui ne fait pas ce qu'il dit, ne saurait être considéré par les Sénégalais comme un bon président’, indique le président d'Aid Transparency.

Mais au-delà de cette recommandation de l'Union du clergé du Sénégal (Ucs), Alioune Tine estime que le problème de fond avec le choix des dirigeants au Sénégal et en Afrique, se trouve ailleurs. ‘Rappelons-nous qu'avant l'alternance, le monstre c'était Diouf. Aujourd'hui, on dit que le monstre, c'est Wade. Alors est-ce que le monstre, ce n'est pas le système en définitive’, s'interroge le patron de la Raddho. Alioune Tine répond à sa question par l'affirmative. ‘La solution à ce problème de dirigeants qui ne respectent pas ce qu'ils disent, se trouve dans la réforme des institutions. L'élection présidentielle est un débat qui doit porter sur les institutions. Aujourd'hui, le constat est que plusieurs de nos institutions sont moribondes et il urge de jeter un coup d'œil sur elles car il y a une interaction entre le système et les hommes. Et tant qu'il n'y aura pas de réflexion profonde sur ce système, ce sera toujours la même chose quel que soit le candidat élu’, fait remarquer Alioune Tine.

L'Union du clergé du Sénégal qui tient sa 30e assemblée générale depuis mardi dernier, a clairement rappelé que ‘l'Eglise au Sénégal ne soutient aucun candidat’. Son objectif, précise l'abbé Emile Ndione président de l'Ucs, est de ‘ préparer les prêtres à la bonne parole à délivrer aux fidèles pour guider leur conduite aux élections présidentielle et législatives’.