30 juillet 2008. L’Assemblée nationale dominée par la majorité quasi monocolore bleue du Parti démocratique sénégalais (Pds) adoptait la loi constitutionnelle portant modification de l’article 27, consacrant désormais le passage du mandat présidentiel de cinq à sept ans. Au même moment, côté parvis de la cathédrale de Dakar, Amath Dansokho, leader du Parti de l’Indépendance et du Travail (Pit) se dressait en sentinelle de la charte fondamentale aux côtés d’un certain Ousmane Tanor Dieng. Erreur de casting du « Front Siggil Sénégaal » ? Sans doute. L’ex-Premier secrétaire du Parti socialiste, alors tout puissant ministre d’Etat, ministre des services et affaires présidentielles du président Diouf était mal placé pour dénoncer cette énième retouche de la Constitution depuis mars 2000.
C’est éventer un secret de polichinelle que de dire que l’actuel secrétaire général du Pds, que certains qualifiaient à la fin des années quatre-vingt-dix, de « Premier ministre bis », du fait de sa toute puissance dans l’appareil étatique, était au cœur de tous les rafistolages constitutionnels initiés à l’époque par le régime de Abdou Diouf afin d’éviter un second tour de scrutin à l’élection de 2000.
En fin 1998, le Ps avait en effet fait recours à l’Assemblée nationale, pour faire sauter deux importants verrous démocratiques pour, non seulement la candidature de Abdou Diouf à la présidentielle de 2000, mais aussi, lui éviter un second tour du scrutin qui pourrait lui être fatal. Pour atteindre leurs objectifs, les députés lui servent de bras armé.
Ainsi, l’Assemblée nationale adoptera un amendement à la Constitution qui supprime la limitation du nombre des mandats auxquels peut prétendre un président de la République. Et pour faciliter l’élection du candidat-président au premier tour, le texte adopté abroge aussi la disposition qui exigeait qu’un candidat remporte un nombre de suffrages égal au moins à 25 % du nombre des inscrits.
Une affligeante ironie de l’Histoire
Les protestations au niveau national comme international de l’opposition de l’époque, en réunion sacrée autour de M. Abdoulaye Wade, n’y purent rien. Le Ps a utilisé sa majorité mécanique au niveau de l’hémicycle pour faire passer en force les dites lois, laissant de côté le consensus qui prévalait depuis les conclaves de la Commission cellulaire qui avait abouti au Code consensuel de 1992 sous la supervision du président Kéba Mbaye. La suite, on la connaît. Les Sénégalais, armés de leurs cartes d’électeur, ont balayé le 19 mars 2000, le régime socialiste. La leçon est-elle assez comprise par les actuels tenants du pouvoir qui singent, avec moins d’élégance dans les grimaces, les actes suicidaires qui ont droit du Abdou Diouf ? Le peuple des électeurs, souverain, édifiera tout le monde le moment opportun.
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