En tête du sondage du cabinet Emergence Consulting Group dirigé par l'économiste Moubarack Lô, Macky Sall a décidé de signer la pétition de Bara Tall sur les 20 milliards de FCfa de commission de Sudatel. Hier, lors d’une rencontre avec Bara Tall, le président de l’Apr a qualifié le remaniement d’«un saucissonnage». Pour lui, Wade veut juste faire plaisir à tout le monde.
«Il s’agit d’un saucissonnage de certains portefeuilles pour faire plaisir à tout le monde. On a essayé d’amener aux gens qui ont manifesté récemment et en même temps donner la place aux femmes. Le seul sentiment que je voudrais dire, c’est que le Sénégal n’est pas encore sorti de l’auberge. Franchement, la politique politicienne a encore de beaux jours devant nous avec ce régime. Je pensais qu’avec la gravité de la situation, le président de la République allait prendre des mesures d’austérité. Tout le monde connaît la conséquence de la crise mondiale ainsi que la crise qui secoue le Sénégal. La crise de trésorerie, les dettes impayées. L’Etat sénégalais vit au-dessus de ses moyens. Je pense que le moment est venu de faire un gouvernement plus rationalisé, plus normé. Même s’il s’agit d’ajouter un certain nombre de femmes, il fallait faire sortir des gens, car un gouvernement, c’est des départs et des entrées. Mais faire sortir un membre et faire rentrer dix, ça donne ce qu’on voit maintenant. Ça crée une disharmonie grave dans le fonctionnement. Beaucoup de gens vont se bousculer. Il y aura certainement des interférences. Et puis, il n’y aura aucune efficacité. Les femmes devraient assurer leur promotion dans ce pays. La promotion de la femme sénégalaise ne se résume pas au nombre des ministres dans un gouvernement. Je suis désolé, ce n’est pas ma vision. Même le gouvernement, l’Assemblée, le Sénat, le Conseil économique et social, si on appliquait la parité, ça ne concernerait pas plus de 400 femmes. Et ce, devant plusieurs millions de femmes sénégalaises. Il y a un certain gros ministère qui regroupe peut-être six compétences : la Coopération internationale, l’Aménagement du territoire, des Transports aériens (…) le ciel et la terre. Tout ça en un seul ministère. Non, il y a un problème. Il faut plus de conscience pour régler les problèmes des Sénégalais.»
«Un élève est appelé à surclasser son maître !»
«Ce n’est pas surprenant que la Cap21 conteste quelque chose qui n’est pas favorable à son leader. Je n’aimerais pas faire un commentaire sur ce sondage. En tout cas, je vais acheter le sondage. C’est pour l’étudier et voir les données qu’il révèle. Nous avons besoin d’aller au-delà des critiques. Et de voir si les conditions scientifiques du sondage sont irréprochables. Si ce sont des conditions irréprochables, à ce moment-là, on va en tenir compte. Nous voyons déjà, dans ce qui est publié, des zones où nous devons travailler plus que dans d’autres. Il faut souligner qu’à Dakar, nous n’avons pas encore déployé notre stratégie. Je considère ce sondage comme un élément d’information qui me permet de réajuster notre stratégie et d’avancer. Surclasser mon ex-patron (Me Wade), ça devrait lui faire mal. Parce qu’un maître est appelé à être dépassé par son élève. Ainsi va la vie. Nous travaillerons sereinement en toute modestie, parce qu’il ne s’agit pas de faire de la fanfaronnade, mais de voir les problèmes réels de nos compatriotes et de proposer des solutions. S’il y a un Sénégalais qui peut me reprocher quoi que ce soit, il n’a qu’à le faire. Je ne refuse pas de répondre. Si on m’appelle pour répondre de mes actes en tant que Directeur général de «Petersen», ministre, Premier ministre ou président de l’Assemblée, je vais répondre parce que je suis un citoyen. Il ne s’agit pas de dire que je suis blanc comme neige. En tout cas, je n’ai rien à me reprocher. Toutefois, il faut qu’on sache que dans la gestion d’un Etat, il y a des normes. Il ne s’agit pas de mettre tout ce que l’Etat a fait à la place publique.»
«Je signe cette pétition et je la ferais signer à mes militants»
«Si la demande d’audition de l’Anoci a été acceptée, l’affaire Sudatel n’allait pas exister. Il faut que les hommes publics qui sont détenteurs d’une charge publique puissent rendre comptent de leurs actes. Peut-être qu’on allait épargner le Sénégal de beaucoup de scandales. Ou de cette affaire qui doit être tiré au clair. Je salue le courage des initiateurs de la pétition. Je connais très bien Bara Tall et il peut le témoigner. Jamais, il n’a existé entre nous de problèmes de commission. Je le dis avec tous les entrepreneurs du Sénégal. Je crois à la vertu. Je pense que les charges publiques, c’est avant tout un sacerdoce. Nous devons, dans ce pays, exiger tous ceux qui prétendent à la charge publique d’accepter de rendre compte des deniers de l’Etat. C’est la moindre des choses. On ne peut pas gérer un bien collectif et refuser de donner des explications. C’est inacceptable dans une démocratie. Nous œuvrons pour le développement du Sénégal. C’est la raison pour laquelle, je signe cette pétition et je la ferai signer à ceux qui accepteront de répondre à mon appel. Si ce sont des commissions, il faut que la lumière soit faite. Tout le monde doit comprendre que, dans ce Sénégal de 2010, rien ne sera plus comme avant. Il faut que les gens se désillusionnent aussi bien pour ceux qui dirigent le pays que pour ceux qui prétendent aux fonctions futures. D’ailleurs, les premiers nommés vont partir bientôt. Je salue la prolifération des mouvements citoyens. Si c’est pour apporter une conscience citoyenne nouvelle. C’est un complément nécessaire aux politiques. Il y a combien de jets privés loués à longueur d’année ? Et personne n’en parle. Et d’où vient cet argent ? C’est sûr que c’est l’argent du contribuable. C’est le budget de l’Etat.»
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