LA RUSE WADIENNE

Dans le Prince, Machiavel a fini de convaincre les plus sceptiques qu'un pouvoir s'exerce par la ruse et la force. En effet, le prince ou le chef cherche à neutraliser ses adversaires ou ses pourfendeurs par le canal des appareils répressifs d'Etat ( la gendarmerie, la police etc ) ou les appareils idéologiques d'Etat ( les médias etc ). Ainsi, à défaut d'user ou d' abuser de la force du lion, Wade cède à la ruse du renard. Ainsi, ses sorties médiatiques consistent à noyer des sujets qui risquent de saper son régime. Wade fait appel, dans cette perspective, à des moyens bien réfléchis tendant à détourner l'attention des populations sur des questions brulantes et encombrantes telles que les inondations, les coupures intempestives du courant et l'idée d'une dévolution monarchique. Par la magie de sa ruse politique, ces problèmes sont relégués au second plan par sa candidature aux prochaines présidentielles, son appel au dialogue àl'opposition et la nomination de maitre Ousmane Ngom au poste de ministre de l'intérieur. La ruse wadienne se confirme davantage, donnant les gages de sa volonté d'occulter tous les problèmes pouvant servir de thèmes de campagne électorale à l'opposition. La meilleure manière de se défendre étant d'attaquer, Wade ne cesse de prendre des initiatives, de lancer des balles de sonde en vue de vautrer ses adversaires dans l'anonymat absolu. Longtemps taxée de molle, l'opposition veut désormais faire face au président Wade et son régime à travers des marches et attaques tous azimuts. Abdoulaye Wilane dira ainsi que le deader du Pds est rusé et imprévisible, qu'il ne croit pas au dialogue. Ses amis de l'oppostion pensent aussi dur comme fer que la nomination d'Ousmane Ngom à l'intérieur participe de la volonté de Wade d'opérer un simulacre d'élections. L'arrivée de Cheikh Tidiane Sy au département de la justice est-elle aussi uneruse tendant à imposer la loi de l'omerta au journaliste d'investigateur Abdoulatif Coulibaly devenu génant pour le régime libéral à cause de ses brulots au ton dénonciateur? la meche devra etre , en tout cas, dite demain dans l'affaire qui oppose le directeur de la Gazette au fils du ministre de la justice, de surcroit, conseiller de Wade. Déja, le spectre de l'emprisonnement de Latif plane dans l'esprit de plusieurs organisations de la société civile, des populations de Sokone, le lieu d'origine du journaliste, qui se sont organisées pour soutenir leur fils. Meme s'il est déplorable de voir un jury populaire donner un verdict en faveur du directeur de la Gazette à la place des magistrats, il est toutefois attendu de ces derniers qu'ils disent la vérité, rien que la vérité. Il y va, ainsi, de l'intéret de notre démocatrie.