Lamine Bâ sur le poste de n°2 du Pds : Les transhumants sont des parasites

Je suis en Allemagne pour des raisons politiques. En effet, je suis venu à une réunion préparatoire du 60ème anniversaire de l'Internationale libérale, fondée en 1947 à Oxford. Cet anniversaire est prévu cette année à Hambourg, les 16 et 17 novembre prochains. Puisque le Pds y joue un rôle important, par le fait qu'il représente toute l'Afrique. En effet, je suis le seul Africain membre du bureau, et Wade en est le vice-président. Le Pds ne pouvait ne pas être présent à ce grand rendez-vous. En plus, il y aura, parallèlement à cette rencontre, le sommet des penseurs libéraux pour redéfinir les contours du libéralisme au 21ème siècle, et les défis auxquels cette doctrine fait face, dans ce domaine, et où la vision du président Wade a été déclinée en 2003 lors du 50è congrès; et en avril dernier lors du sommet des libéraux.

Le deuxième aspect est qu'il y a une réunion d'experts libéraux pour échanger sur les perspectives de la rencontre Euro Afrique, prévue en décembre au Portugal. Nous avons également abordé le problème Robert Mugabe, qui doit venir à la rencontre, alors qu'il y a une partie de l'Union européenne qui ne veut pas le voir. Mais nous, libéraux, avons estimé qu'il ne fallait pas l'empêcher de venir. Parce que le sommet est une tribune pour l'interpeller, l'écouter, et le ramener à la raison. Soit, je ne suis pas la voie la plus indiquée pour en parler, mais c'est la décision qui est sortie de la rencontre des experts. La percée de la Chine en Afrique a été également au menu. Donc, nous avons estimé que l'Europe doit se ressaisir, d'autant plus que tous les accords signés avec le continent africain sont devenus obsolètes. L'Asie, avec une bonne stratégie, est en train de gagner du terrain. Je crois que le sommet Afrique Europe doit en parler.

Crise sociale et difficultés économiques

Je crois qu'elle mérite une plus grande attention, et des analyses plus approfondies de la part des médias, des partis politiques et de la société civile pour armer d'avantage notre population. Il est vrai que nous n'avons pas encore atteint un certain niveau de crise. Dans le cas d'espèce, on parle d'abord de situation économique difficile, ensuite de marasme, enfin de crise économique pour aboutir à la banqueroute. Pour le moment, nous sommes dans une situation sociale difficile. Sans  vouloir se dérober ou défendre l'indéfendable, nous devons à la vérité de dire que cette difficulté que traverse notre pays, s'est répandue à l'échelle planétaire. En France, les agriculteurs et les pêcheurs sont dans la rue depuis une semaine pour protester contre la cherté du carburant. Au point que le prédisent Sarkozy a interrompu un voyage à l'étranger pour aller les rencontrer. La vérité est que nous vivons une crise pétrolière pire que le choc pétrolier de 73. Actuellement, nous vivons une catastrophe pétrolière. Parce qu'aujourd'hui, le baril est à 97 dollars, et les analystes prévoient qu'il dépassera les 100 dollars pour tendre vers les 150 courant 2008. Ce que fait que la situation de tous les pays non producteurs, qu'ils soient industrialisés ou en voie de développement, ira de mal en pis, si les gouvernements ne prennent pas rapidement des mesures énergiques concertés et globaux, dans la cadre des instances multilatérales. Ce sera une catastrophe sociale mondiale, avec ses corollaires : famine, maladie, soulèvement des populations etc. Le président Wade a déjà pris quelques mesures salutaires, et c'est le lieu de l'en féliciter. Mais il faut surtout continuer, en s'attaquant à la cherté du logement, du transport, à l'insalubrité, et la pollution, qui sont à l'origine des maladies bactériennes et cardiovasculaires. Le président doit prendre l'initiative, en relançant la machine de l'alternance, qu'il faut impérativement déparasiter.

Qui sont les parasites ? 

Les parasites, pour moi, sont certains transhumants, et tous ceux-là qui ne voulaient pas de l'alternance, et qui sont aujourd'hui aux premières loges, tout sourire. Et cela, certains Sénégalais ne nous le pardonnent pas. C'est une injustice vis-à-vis du peuple, qui a chassé des gens, et que nous avons fait revenir. C'est l'un des contentieux des plus lourds qu'il faut vider.  

Débat sur la suppression du poste de numéro 2

J'ai été le premier à demander la suppression du poste de numéro 2, en 2001. Cela, je l'avais fait avec des amis qu'on appelait les frondeurs. Car, nous avions vu les dérives qui risquaient de menacer la stabilité et la cohésion de notre parti. Pendant tout le temps où j'ai eu le privilège d'être le conseiller du président de la république et secrétaire général national du Pds, je n'ai cessé de lui rappeler qu'il fallait reprendre son parti intégralement, en supprimant le poste de numéro 2, en nommant cinq adjoints à dignité et en rang égaux, comme le font tous les grands partis. Cela m'a valu ma défénestration. Récemment, en 2005, quand des maladresses ont été constatées lors des tentatives de restructuration, en essayant de ressusciter des cadavres politiques du 19 mars 2000 ; là également, j'ai fait partie de ceux qui ont attiré l'attention du président de la république. J'ai également réitéré  la suppression du poste de numéro 2. Donc, le débat n'est pas nouveau. Il est quand même heureux de constater que tous les responsables libéraux en parlent maintenant.

Votre appréciation sur la dualité Macky Sall/Karim Wade 

Etant donné que je ne suis ni militant de Karim Wade, encore moins de Macky Sall, ce débat ne m'intéresse franchement pas. Je suis un militant du Pds et de Abdoulaye Wade, et je m'en tiens à ça. En plus, pourquoi réduire les sérieux problèmes de notre pays aux passes d'armes ente ces deux personnes. Nous sommes quand même 11 millions de citoyens, et je crois que c'est manquer de respect à ce peuple sénégalais que d'utiliser toutes les journées, toutes les semaines, des mois durant, à ne leur parler que des passe d'armes, des querelles et guéguerres ridicules  des politiciens. Je suis affecté, parce que ni le président Wade, ne l'alternance, ni le Sénégal ne méritent cela. De grâce, il faut arrêter ce débat. Parce que je suis convaincu que les Sénégalais en ont marre.