Samedi 27 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

LANDING SAVANÉ SUR LA MARCHE DE BENNOO : « J'ai attiré l'attention du marabout sur le fait que cette interdiction n'était pas de nature à faciliter son travail»

Single Post
LANDING SAVANÉ SUR LA MARCHE DE BENNOO : « J'ai attiré l'attention du marabout sur le fait que cette interdiction n'était pas de nature à faciliter son travail»

Dans la baisse de la tension qui a abouti à l'autorisation de la marche de  l'opposition de samedi dernier, Landing Savané a joué un rôle déterminant aux côtés de Abdoul Aziz Sy Junior. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le Secrétaire général du Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads) revient sur les tractations qu'il a eu à mener pour «faciliter le travail» au porte-parole du Khalife général des Tidianes. M. Savané se prononce également, entre autres questions, sur la vie interne de Bennoo et sur le blocage de la sortie de son livre.   
 

Il paraît qu'en dehors de Abdoul Aziz Sy Junior, vous avez joué un rôle déterminant dans la baisse de la tension entre le pouvoir et l'opposition, à la veille de la marche de Bennoo. Qu'en est-il exactement ? 

Vendredi dernier, j'avais une réunion à Mbacké avec la Fédération locale de mon parti. J'en ai profité pour aller ensuite à Touba. J'ai prié là-bas. Je suis rentré nuitamment. C'est, une fois à Dakar que j'ai eu la confirmation de l'interdiction de la manifestation de Bennoo Siggil Senegaal. J'ai appelé dans la nuit le marabout (ndlr : Abdoul Aziz Sy Junior) pour attirer son attention sur le fait que cette interdiction n'était pas de nature à faciliter son travail et que je pensais sincèrement qu'il serait bien qu'il travaille à lever cette interdiction. D'autant plus que l'opposition ne voulait qu'exercer ses droits constitutionnels et n'avait aucune volonté de nuire. Et il m'a dit qu'il était d'ailleurs engagé dans ce sens-là. Mais, qu'il pensait que les leaders de l'opposition n'étaient pas dans de bonnes dispositions pour reconsidérer peut-être leur position sur cette affaire. Et qu'il souhaitait surtout avoir un apaisement pour éviter les affrontements. Je lui ai dit que les gens ne cherchaient pas l'affrontement. C'est dans ce cadre-là que je lui ai dit que j'étais prêt à lui faciliter le travail en essayant de parler à certains leaders de Bennoo.  

Qu'avez-vous fait concrètement ?

En compagnie de certains responsables de mon parti, Bassirou Sarr, Administrateur général, Cheikh Mbacké Lô et Moustapha Diémé, j'ai rendu visite à Moustapha Niasse, Macky Sall, Amath Dansokho, Ousmane Tanor Dieng. Ils ont tous dit qu'au fond, l'opposition ne cherchait pas l'affrontement. Et que si le pouvoir acceptait cette réalité, il n'y avait pas de problème. Ensuite, j'ai fait le point avec le marabout à qui j'ai rendu compte. J'ai insisté pour qu'il fasse ce qu'il pouvait faire. Abdoul Aziz Sy Junior a raison de dire que jusqu'à 4 heures du matin, il communiquait pour faire le point. Finalement, le président a levé l'interdiction. Tout le monde s'en félicite. Je remercie le marabout pour ce qu'il a fait. Parce que c'est important.  

La stratégie actuelle de l'opposition vous agrée-t-elle ?

C'est un gros problème. Il n'y a pas encore de stratégie réelle. L'opposition cherche sa voie. On ne peut pas lui reprocher ça, parce que ce sont des partis qui viennent d'horizons divers, qui ont des expériences différentes. Il y en a qui ont été dans le gouvernement pendant très longtemps. Il y a ceux qui ont toujours été dans l'opposition, mais également des partis qui ont une expérience dans la clandestinité et ceux qui viennent de naître et qui ne savent même pas ce qu'est une opposition. Donc, on ne peut reprocher à cette opposition de ne pas trouver tout de suite sa voie. Ce qui me paraît important, c'est que les uns et les autres manifestent une très grande volonté. Très franchement, contrairement à d'autres, je ne suis pas pessimiste. Je dis qu'il y a des difficultés, mais ils sont inhérentes au fonctionnement de toute coalition. L'essentiel, c'est d'avoir un peu de patience. On ne peut pas régler les problèmes en même temps. Aujourd'hui, nous sommes dans une dynamique avec une médiation de Serigne Abdoul Aziz Sy Junior qui a été accueillie favorablement par l'opposition. Et c'est juste. Parce que, quand même, ce pays, nous l'avons trouvé comme il est. Et vous savez, notre parti, depuis 2005, préconise le dialogue de toutes les forces vives. Donc, si quelqu'un vient parler de dialogue, c'est paradoxal de vouloir lui créer des difficultés. Il faut l'accueillir correctement et parler avec lui, mais un langage de vérité. Nous espérons que cette médiation va produire des résultats, parce que nous cherchons une solution pacifique à la crise de démocratie que traverse le Sénégal. 

Le président Wade qui évoquait récemment ses relations avec ses anciens alliés a expliqué sa séparation avec ces derniers par le fait qu'ils voulaient gouverner à sa place...

C'est faux. Ce qui s'est passé, c'est qu'il n'aurait pas été président sans nous. Voilà la vérité. Et pour dire toute la vérité, moi, Landing Savané, en 1998, au moment où les résultats des élections législatives sont sortis, je me suis  réuni avec le staff de mon parti. Nous avons analysé les résultats, et je leur ait dit : «En 2000, si l'opposition soutient Abdoulaye Wade, inch Allah, il va gagner». Et c'est de là que les choses sont parties. Vous savez, entre 1993 et 1998, il n?y avait que Aj à ses côtés. Et en 1995, il est parti au gouvernement. On lui a dit : «Nous, on reste dehors». Lorsqu'il est revenu, il nous a trouvés dehors et l?on a formé un groupe parlementaire avec lui, après les élections de 1998. Et on lui a dit qu'il pouvait avoir le poste de deuxième questeur à l'Assemblée nationale. Et il a eu ça. Nous lui avons dit aussi qu'il pouvait gagner les élections. Nous lui avons dit : «Pour une fois, nous allons te soutenir, parce s'il n'y a pas alternance en 2000, il peut y avoir une catastrophe dans ce pays». Nous l'avons soutenu sans réelle condition. Ensuite, on a mis en place un programme. Nous avons été voir la Ld qui venait de sortir du gouvernement, le Pit qui était là, pour nous entendre tous et former le pôle de gauche. Après ça, la Ca 2000 s'est formée et le Fal. Voilà ce qui s'est passé. Donc, si quelqu'un doit quelque chose à quelqu'un, c'est Wade qui doit quelque chose à Landing Savané. Encore une fois, n'oublions pas qu'en 1994, j'étais en prison avec lui, et je n'avais rien fait. Mon seul délit était de le soutenir et il le sait. D'ailleurs, il m'a remercié publiquement à l'époque. Aujourd'hui encore, je ne regrette pas ce que nous avons fait. Nous devions le faire par amour pour notre pays.  

Que s'est-il passé quand il a pris le pouvoir ?

Quand il s'est installé, on lui a dit qu'il doit consulter ses alliés, parce que ce ne sont pas les seuls votes en faveur de Wade qui l'ont fait élire. Il a donné son accord. Mais, une fois qu'il a été élu, il n'a rien fait au plan de la gouvernance. On ne lui disait pas : «Tu feras ce que nous déciderons». Mais, on lui disait de nous écouter, c'était la moindre des choses. Il n'a pas voulu le faire. Il a préféré diviser ses alliés, les écarter les uns après les autres. Nous avions tenu bon. Pourquoi ? Parce que, avant l'Alternance, nous avions dit aux Sénégalais : «Si le président Wade gagne les élections, nous allons gouverner avec lui, quelles que soient les difficultés, jusqu'à la fin de son mandat». Nous avons voulu tenir parole. Des gens nous ont reproché ça, mais beaucoup de Sénégalais ont compris notre politique. 

Est-ce à dire que Me Wade n'a pas été reconnaissant à votre endroit ?

Je ne ferai pas de jugement. Chacun n'a qu'à juger. J'expose les faits, chacun n'a qu'à dire son opinion. Mais, ce qui est constant, c'est qu'il a tourné le dos à ses alliés, et n'a pas voulu travailler avec eux. Et les alliés aussi sont partis. Maintenant, il nous faut tirer les leçons pour la prochaine alternance.  

Vous venez d'effectuer un voyage aux Etats-Unis.  Quel était l'objet de votre déplacement ?

J'étais en voyage de travail aux Etats-Unis, et j'avais plusieurs objectifs. Vous savez, j'ai décidé de me mettre à l'écriture. J'ai publié un livre de 400 pages qui a du mal à sortir. Je travaille à ce qu'il sorte. C'est la Présidence qui bloque la circulation de ce livre sur le grand tournant du XXe siècle. C'est une analyse globale de niveau mondial, et je donne mes conceptions et ma vision prospective sur l'avenir de l'humanité et de l'Afrique. Mais, je pense que c'est la qualité du livre qui fait qu'on ne veut pas qu'il sorte. Je suis en train de me battre pour la publication de ce livre, et je vais continuer la bataille. J'ai attaqué l'éditeur au tribunal nantais. Me Doudou Ndoye est mon avocat. L'ouvrage est sorti depuis novembre 2008, mais il n'est pas édité. Ce sont les éditions Michel Lacombe et Maguilène qui publient ce livre. Tant que ce livre ne sortira pas en français et en anglais, je n'aurais pas la paix. Je prépare d'ailleurs d'autres livres déjà. Puisqu'on veut m'empêcher d'écrire, je vais écrire. 



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email