Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, au pouvoir depuis 2000 après une alternance démocratique qualifiée d’exemplaire en Afrique, accumule les contentieux avec son opposition.
Ces contentieux portent en particulier sur le respect des libertés et l’organisation des élections législatives et présidentielles que le président sénégalais a décidé de "coupler" en 2007.
Des responsables de l’opposition ont estimé que les libertés démocratiques étaient menacées au Sénégal par le régime du président Wade.
"Le pouvoir veut faire peur aux hommes politiques et aux journalistes pour qu’ils ne s’expriment plus", a déclaré Moustapha Niasse, secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (AFP), faisant référence à des convocations récentes d’opposants par la police.
Amath Dansokho, secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), attendu lundi à Dakar de retour d’un voyage à Paris, est convoqué à la Division des investigations criminelles (Dic, police judiciaire) après Ibrahima Sène, un autre responsable du PIT, jugé et relaxé mardi dernier au bénéfice du doute, après six jours d’emprisonnement.
M. Sène avait été inculpé le 22 mars après avoir évoqué en public la sortie du Sénégal de plus de 400 milliards de francs CFA (environ 600 millions d’euros) via la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO).
Avant MM. Dansokho et Sène, Abdourahim Agne, leader du Parti de la réforme, une petite formation de l’opposition, avait été inculpé d’"attentat à la sécurité publique", incarcéré pendant 15 jours en juin 2005 avant d’être remis en liberté provisoire.
Par ailleurs, les relations entre le pouvoir et l’opposition restent assombries par l’adoption mi-décembre 2005 par l’Assemblée nationale, contrôlée par la majorité présidentielle, d’un projet de loi sur la prorogation, de huit mois à partir de juin prochain, du mandat des députés.
La prorogation, décriée par l’opposition, doit permettre de coupler les législatives, initialement prévues en 2006, avec la présidentielle programmée pour 2007.
Des responsables de l’opposition, dont Moustapha Niasse et Amath Dansokho, ont annoncé à la presse qu’ils ne siégeraient plus à l’Assemblée nationale à partir du 30 juin, date initiale du terme du mandat des députés.
"Nous réaffirmons notre opposition formelle au couplage des élections et à la prorogation du mandat des députés", a dit M. Niasse, selon lequel "l’opposition va vers une unité organique pour une liste commune aux législatives".
En outre, l’opposition dénonce "l’absence de moyens de la Commission électorale nationale autonome (CENA) qui, selon elle, ne dispose pas de véhicules pour fonctionner" avec comme conséquences des lenteurs dans les inscriptions sur les listes électorales dans l’intérieur du pays.
Sur fond de ces contentieux, des informations sur une suppression du second tour de la la présidentielle en 2007, annoncée la semaine passée par un député du parti présidentiel, sont suivies avec attention par l’opposition, selon Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire du Parti socialiste (ex-pouvoir).
"Nous ne voulons pas être surpris. Nous prenons ces informations très au sérieux", a-t-il déclaré.
Dans un communiqué la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), une organisation panafricaine des Droits de l’Homme basée à Dakar, estime que "la situation du pays et le malaise persistant ont atteint un seuil critique et les acteurs politiques, à commencer par le Président de la République lui-même, doivent absolument (...) engager le dialogue politique national".
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