La leçon asiatique est illustrée par la réussite chinoise. Partis de rien, ces pays ont réussi de grandes réalisations dans le domaine du développement. En fin de compte, des États comme la République populaire de Chine ont réussi une croissance à deux chiffres et une entrée fracassante dans le cercle des pays qui comptent dans le domaine économique. Une Afrique qui se bat au nom du même principe du développement est un partenariat crédible, a estimé le chef de l’État.
BEIJING : Au pays du grand timonier Mao Tsé-Toung, cet autre timonier venu du Sénégal jouit d’une estime sans conteste. Le pont entre le défunt dirigeant de la République populaire de Chine et l’actuel chef de l’État sénégalais est leur attachement à la réalisation de grandes œuvres. La Chine, peuple de bâtisseurs, est voisine du Sénégal, pays engagé dans la voie des grands travaux sous l’inspiration de Me Wade. Cette popularité dans l’Empire du milieu, le président de la République a pu s’en rendre compte hier, à l’Université de la Diplomatie de Beijing. Invité pour y prononcer un discours, il a séduit l’assistance. Il était très à l’aise. À preuve, il a amorcé son propos sous l’angle de la provocation : « C’est quoi la diplomatie ? » Le président de la République était attendu dans un formalisme. Il a développé un thème en faisant preuve de spontanéité. Sa réponse à la question-provocation atteste de la pertinence des axes d’une réflexion qui va au-delà des canaux enfermés dans les définitions. Me Wade considère que la diplomatie a d’abord existé dans la pratique avant d’être théorisée. Certains, a-t-il affirmé, considèrent la diplomatie comme un art. Puis, le concept a évolué parce que la diplomatie, du point de vue de son contenu, était considérée comme une activité noble. Une grande dimension était accordée au paraître. Le président de la République a appelé cette séquence celle de la diplomatie du baise-main ou de la manière. Le monde moderne, de l’avis de Me Wade, a bousculé cette conception de la diplomatie. Si elle n’est pas érigée au rang de science, il y a tout de même des règles en la matière. Ce n’est pas pour rien, a-t-il dit, que l’on apprend les techniques de la négociation et du management. C’est l’aspect pratique de la diplomatie.
Les relations entre la République populaire de Chine et l’Afrique ont attiré l’attention du chef de l’État dans un cadre plus global de partenariat avec l’Asie. « L’Asie offre de nouvelles perspectives à l’Afrique », a estimé le président Wade. Il explique cet optimisme par la capacité de ces pays à surmonter beaucoup de handicaps pour aboutir à un taux de croissance à deux chiffres actuellement. La gestion des économies de ces pays et les progrès réalisés justifie l’attente d’un apport qualitatif. « La Chine a un élément qui nous fait défaut : les intrants comme l’électricité, alors que nous dépendons toujours du pétrole », a souligné Me Wade. À titre illustratif, la décision de la Chine de réaliser une usine thermique de charbon, très prochainement au Sénégal, va permettre à l’économie sénégalaise de partir sur de nouvelles bases avec une meilleure prise en charge des problèmes d’énergie. Les produits sénégalais auront le bénéfice d’une meilleure compétitivité. Cela tombe bien, étant donné que notre pays veut gagner la bataille des exportations. Au-delà du Sénégal, dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), l’apport de la Chine sera extrêmement important. À l’instar de la Ticad pour les Japonais et du sommet France-Afrique, un cadre formel peut impulser cette coopération. Le chef de l’État a rendu hommage au style de coopération chinoise qui intègre une forte dimension humaine, au-delà de l’argent. Le président de la République, coordonnateur du volet infrastructures, énergie et environnement et technologies de l’information et de la communication, a fait part de sa conception de l’aide. Il préfère une co-gestion aux dons.
L’Afrique mérite une telle attention de la part des autres nations. Me Abdoulaye Wade a rappelé que l’histoire de ce continent était prise en charge par ceux qu’on appelait les Africanistes. Aujourd’hui, l’Afrique se bat elle-même pour le respect des droits de l’homme. Il y a des échecs, mais on ne peut occulter les succès, a reconnu le président Wade. Le Sénégal est sans ressources, a-t-il cité en exemple. Cela n’a pas empêché ce pays d’atteindre un taux de croissance de 6,3%, grâce à une politique volontariste engagée par le gouvernement. C’est dans le cadre de cette recherche de performances que le président est revenu sur l’objectif du million de tonnes de maïs qu’il avait lui-même fixé au ministre de l’Agriculture. Il a atteint les 500.000 tonnes.
L’élite oui, la formation de masse aussi
La formation de masse est un autre aspect développé devant les étudiants de l’Université de la Diplomatie. Selon le président de la République, l’élite est une bonne chose, mais cette formation de masse ne devra pas être négligée. Me Abdoulaye Wade insiste : elle passera nécessairement par l’utilisation de l’ordinateur. Son ambition est une vulgarisation de cet outil partout au Sénégal. La pratique de la télémédecine entre dans cette perspective d’exploration de toutes les possibilités offertes par les technologies de l’information et de la communication. La volonté existe, a-t-il insisté.
Conseil de Sécurité : au nom de l’Afrique
Le président de la République a dénoncé, devant les étudiants, l’absence de l’Afrique du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies. Les questions africaines, qui constituent une part très importante de l’ordre du jour de ces réunions, sont examinées en l’absence des représentants de ce continent. En conséquence, les principaux concernés sont exclus des centres de décisions où l’on statue sur leur sort. Une injustice à réparer. Le président Wade a affirmé qu’il existe une meilleure compréhension du rôle des futurs représentants du continent. Au départ, a dit le chef de l’État, d’aucuns pensaient que les pays désignés parleraient en leur nom propre. En vérité, ils représentent l’Afrique tout entière.
Hommage à un homme de dimension exceptionnelle
Le directeur de l’Université de la Diplomatie a salué la parfaite identité de vues entre le Sénégal et la Chine sur beaucoup d’axes. Les personnes présentes se rendaient compte, selon lui, que Me Wade est un homme de dimension exceptionnelle. Ce n’est pas pour rien, a-t-il dit, que sa visite a mobilisé toutes les chaînes de télévision. Elles ont diffusé les images, surtout celles de sa rencontre avec le président chinois. Il a aussi salué l’action du chef de l’État sénégalais qui a permis la reprise des relations diplomatiques. Ce qui a fait honneur au peuple chinois.
Recueillement au mausolée de Mao Tsé Toung, audiences et programme
Mercredi, à Beijing, le chef de l’État s’est recueilli au mausolée de Mao Tsé Toung. Un moment de recueillement très intense, à la mémoire d’un grand dirigeant. Hier, après le discours et les échanges avec les étudiants de l’Université de la Diplomatie, le président de la République a rencontré M. Jia Qinglin, président du Comité national de la conférence consultative politique du peuple chinois (Ccppc) au Grand palais du peuple. Une deuxième rencontre a eu lieu avec M. Wu Bangguo, président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (Apn). Ce dernier a magnifié la coopération sino-sénégalaise et préconisé un renforcement des institutions des deux pays. Au cours de cette rencontre, le président de la République lui a dit : « Lorsque le Premier ministre (Macky Sall) est venu en Chine, vous avez bien voulu le recevoir et je vous en remercie.
Le président Wade a quitté Beijing pour Shenzen, une ville de pêcheurs où il est arrivé à 21 heures locales (13 heures à Dakar). Ce samedi, il visite le groupe Huaweï. Ensuite, il y aura une rencontre suivie d’un déjeuner avec un responsable du gouvernement populaire de Shenzen. Dans l’après-midi, il visitera la Parc d’Attraction Chine Splendide. Le départ pour Shangaï est prévu dans la soirée.
0 Commentaires
Participer à la Discussion