LE PRESIDENT WADE AYANT QUALIFIE L’OPPOSITION BOYCOTTEUSE DE NON REPRESENTATIVE - Ibrahima Sène s’interroge sur les facultés mentales du Président Wade

A la sortie de son audience avec le président français Nicolas Sarkozy, hier à Paris, le président de la République, Me Abdoulaye Wade, s’en est pris vertement à l’opposition boycotteuse des élections législatives qu’il a qualifiée d’insignifiante. Ce qui n’a pas manqué de susciter la réaction de leaders du « Front Siggil Sénégal ». A l’image du chargé des Affaires économiques du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) Ibrahima Sène qui s’interroge sur les facultés mentales du Président Wade.

PAR NETTALI

Au moment où l’opinion s’attendait à une relance du dialogue politique, après la faible participation de l’électorat aux dernières législatives du 03 juin, le président Wade, à sa sortie d’audience, hier à l’Elysée, avec le président Nicolas Sarkozy, n’a pas semblé disposé à renouer les fils de la concertation avec cette frange de l’opposition qui avait décidé de boycotter ces élections. S’adressant à la presse sur le perron de l’Elysée, Me Wade s’en est vertement pris à Dansokho et compagnie. « Je vous renvoie aux chiffres que ces partis ont obtenu aux présidentielles : 1,1, 1,2 etc. Cette opposition-là n’est pas significative. C’est facile de clamer à la face du monde qu’on est l’opposition significative, mais il faut le prouver par des actes. Sachant parfaitement qu’elle avait perdu d’avance les législatives, elle a crié à travers le monde qu’elle ne participait pas aux élections. C’est un forfait en matière sportive. Ceux qui refusent d’aller au combat, ça s’appelle une forfaiture, voilà. Je vais gouverner avec l’opposition qui est représentée à l’Assemblée nationale, 12 partis, et aussi avec les autres partis de l’opposition qui ne sont pas représentés », a dit le président Wade. Les réactions ne se sont pas fait attendre, du côté du « Front Siggil Sénégal ».

Ibrahima Sène du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) ne cache pas sa surprise. Pour lui, les déclarations du Président "devraient être destinées à son opposition qui siège à l’Assemblée nationale". Et il aurait alors raison, selon le chargé des Affaires économiques du Pit de caractériser cette opposition-là de "non-significative". Car une telle opposition ne peut se prévaloir d’aucune légitimité, poursuit-il. Tout le contraire du Front Siggil Sénégal, selon lui. "Les partis qui le composent ont été crédités d’un élerctorat de 40% que nous récusons parce que nous aurions eu beaucoup plus si l’élection présidentielle s’était passée dans des conditions de transparence. Dénonçant une confusion de genre, Ibrahima Sène estime que les déclarations du Président Wade sont inquiétantes. "Je me demande si le Président Wade possède encore toutes ses facultés parce que quand même, l’élection présidentielle s’est déroulée il n y a même pas quatre mois. Qu’il en arrive à oublier que les partis du Front Siggil Sénégal représentent selon ses propres chiffres tronqués 40% est grave à ce niveau de responsabilité. Qu’il le dise avec le ton sérieux, le regard serein sur le perron de l’Elysée est très grave". Il s’ ajoute que "le Président Wade confond forfait et forfaiture". Selon Ibrahima Sène, "c’est la crédibilité de l’institution qui est en jeu. C’est une donne nouvelle à laquelle nous allons devoir sérieusement réfléchir sur ces déclarations parce que si nos soupçons se confirment, c’est que nous avons là un gros problème qui engagent le devenir du pays".

Le professeur Madior Diouf aussi d’interroge. Il estime que le taux de participation aux législatives du 03 juin dernier est révélateur. Aussi s’interroge-t-il sur la représentativité de l’opposition qui va siéger à l’hémicycle. « M. Wade est en train de poursuivre sa fuite en avant devant les problèmes politiques de ce pays. Si l’opposition qui a choisi le boycott n’est pas représentative de ce pays, les moins de 30% qui ont participé au vote ne sont pas plus représentatifs qu’aucun secteur de la vie politique de ce pays. Lorsqu’on a essuyé comme lui Wade un tel camouflet de la part de l’ensemble de nos concitoyens, de l’immense majorité de nos concitoyens, le bons sens exigerait que l’on s’interroge soi-même, plutôt que de choisir la fuite en avant, les affirmations gratuites et la volonté de nier la réalité. La tentative qui est la sienne de réduire à néant plus de la moitié du corps électoral de notre pays est loin de relever de la sagesse politique, loin de relever de la sagesse tout court. Wade n’a pas de solution pour le problème, il choisit la fuite en avant. Et les problèmes majeurs de développement du Sénégal ne connaîtront pas un début de solution avec le pouvoir de Wade. Il n’a rien apporté à la démocratie, au contraire, il a fait reculer la démocratie dans notre pays, les conquêtes démocratiques dans notre pays, qui avaient abouti en 2000 à son élection, grâce à la sagesse qui avait réuni la coalition qui lui a permis d’accéder au pouvoir. Mais depuis lors, une fois en haut de l’échelle, il a enlevé l’échelle, il a fait en sorte que, d’après son souhait et ses perspectives, personne ne puisse accéder à là où il est parvenu au sommet de l’Etat. Mais ça, ce sont ses vœux personnels qui n’ont rien à voir avec ce qui sera par la volonté du peuple, inch Allah », a martelé le leader du Rassemblement national démocratique (Rnd), membre du « Front Siggil Sénégal » qui regroupe les partis de l’opposition significative ayant boycotté les dernières législatives.